Coût du travail : ce que prépare l’Elysée


Dans les « 60 engagements pour la France » du candidat François Hollande, le mot de compétitivité n’apparaît qu’une fois. Le coût du travail n’est même pas évoqué. Et pourtant, sur ces deux sujets majeurs pour l’industrie et pour le redressement économique du pays, le chef de l’Etat a décidé d’avancer vite.
Ses hypothèses de travail se précisent. Selon nos informations, les entreprises bénéficieraient d’un allégement du coût du travail d’une quarantaine de milliards d’euros, avec le basculement de cotisations employeurs sur un impôt large, la piste la plus sérieuse étant celle de la contribution sociale généralisée (CSG).

Pour ne pas trop entamer le pouvoir d’achat des ménages, l’Elysée souhaite étaler ce transfert de charges sur la durée du quinquennat, à raison de 8 à 10 milliards d’euros par an. « Nous en avons parlé avec les industriels de l’automobile : ils ne demandent pas un choc de compétitivité ; ils veulent de la visibilité dans le temps », explique l’Elysée.

CALENDRIER SERRÉ

Contrairement aux allégements Fillon, ciblés sur les bas salaires et bénéficiant essentiellement à la grande distribution et au secteur des services, les nouveaux allégements – il pourrait s’agir des 5,4 points de cotisations familiales (patronales) – seront ciblés sur les salaires moyens, probablement entre 1,6 et 2,2 smic, de façon à ce que les entreprises exposées à la concurrence en bénéficient.

Tout n’est pas encore arrêté, mais le calendrier retenu est serré : remise du rapport Gallois sur la compétitivité mi-octobre, état des lieux du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale dans la foulée, puis saisine de ce Haut Conseil par le gouvernement de plusieurs scénarios de réformes.

Le gouvernement renonce à une promesse de campagne qui aurait pu pénaliser l’emploi : la fin des allégements de charges Fillon, entre 1,5 et 1,6 smic. Surtout, la mission confiée à Louis Gallois, grand industriel et fin connaisseur de l’appareil d’Etat, a un objectif politique clair : faire de ce sujet monopolisé par l’UMP une thématique de gauche.

« Sarkozy n’a pas fait que des conneries. Il s’est trompé en voulant faire les choses de manière précipitée et en choisissant la TVA, mais réduire les cotisations famille n’est pas idiot », reconnaît un conseiller qui travaille sur le sujet.

LES ARBITRAGES PEUVENT ENCORE ÉVOLUER

Le ciblage envisagé des nouveaux allégements, visant les salaires autour de 2 smic pour toucher les techniciens de l’industrie, est d’ailleurs calqué sur le même modèle que la TVA sociale proposée par Nicolas Sarkozy.

Reste que dans cette affaire, les ministères n’ont pas forcément le même avis, et peuvent encore faire évoluer les arbitrages. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, pense surtout au rétablissement des marges des entreprises industrielles et à leur capacité à investir, et n’est pas sur la même ligne que Louis Gallois avec son transfert d’ampleur de cotisations.

source: Le Monde

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