Soja : Le point sur la polémique

Troubles hormonaux, anti-nutriments, mauvais pour la planète… le soja est depuis une décennie dans le viseur de la communauté scientifique. On fait le point sur la polémique.

Par Ophélie Ostermann

Faut-il se méfier du soja ? Après un succès fulgurant porté par les végétariens puis par la « vague du bio », la plante inspire méfiance depuis une dizaine d’années. Malgré sa richesse nutritionnelle, son rôle préventif dans les cancers hormono-dépendants et son rôle d’allié dans le soulagement des troubles liés à la ménopause, des études conseillent d’en limiter la consommation. Mais que lui reproche-t-on au juste ?

Les phyto-œstrogènes

Le fond du problème repose essentiellement sur les isoflavones du soja et de ses dérivés. Les « soja-septiques » pointent du doigt ces phyto-œstrogènes qui, dans l’organisme, peuvent mimer l’effet des œstrogènes, hormones surtout produites par les ovaires et dans une moindre quantité par les testicules et les glandes surrénales.

Alors que ces hormones sont classées dans la catégorie des perturbateurs endocriniens par l’Afssa (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation), certains mettent en garde contre d’éventuels troubles hormonaux chez les femmes comme chez les hommes (une mauvaise qualité du sperme), favorisant le cancer du sein ou des problèmes de thyroïde. Les enfants de moins de 3 ans ainsi que les femmes enceintes et allaitantes ne peuvent en consommer. Du côté des défenseurs du soja, on argue notamment que l’action hormonale est 1000 à 10.000 fois inférieure à celle des œstrogènes endogènes (produits naturellement par le corps). On rappelle également que les Asiatiques consomment la plante depuis des millénaires sans le moindre problème et que des études épidémiologiques ont prouvé l’effet préventif du soja sur les cancers hormono-dépendants.

Mauvaise absorption des nutriments

L’autre point d’accroche dénoncé par certains professionnels de santé concerne l’acide phytique, contenu dans le soja mais aussi dans bon nombre de céréales, légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots rouges etc.), ou encore graines oléagineuses (graines de tournesol ou de sésame). « Consommé en grande quantité, cet acide phytique bloque l’absorption des nutriments (comme le magnésium, le zinc ou encore le calcium), explique la bionutritionniste Marion Kaplan (1). Pour éviter cette toxicité, il vaut mieux consommer le soja sous la forme fermentée, en privilégiant la sauce tamari ou le miso par exemple et limiter le lait de soja ou le tofu. » Pour d’autres, les phytates ont plus d’avantages que d’inconvénients. Selon eux, la richesse en minéraux des aliments riches en acide phytique compenserait la perte d’assimilation.

L’impact de la culture sur la planète

Certains n’encouragent pas à la consommation de soja tout simplement parce que la plante demande une monoculture, qui épuise les sols et ne respecte pas la biodiversité. De plus, le soja fait partie des quatre cultures OGM commercialisées dans le monde, avec le maïs, le coton et le colza. Il est ainsi préférable de soigner le soja que l’on achète en privilégiant le bio. Seulement, bio ou non, un produit est défini comme « sans OGM » s’il contient moins de 0,9 % d’ingrédients OGM. Pour Marion Kaplan, aucun soja ne peut donc se prévaloir sans OGM. « Nous n’avons pas assez de recul, donc mieux vaut appliquer le principe de précaution et limiter la consommation », conseille-t-elle.

(1) Auteure notamment de La Nutrition consciente (Éd. Grancher) et Alimentation sans gluten ni laitages. Sauvez votre santé ! (Éd. Jouvence).

http://madame.lefigaro.fr/bien-etre/soja-ce-quon-lui-reproche-240816-115959

Merci à  a.soleil qui nous a signalé cet article

 

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