Mort du président de TOTAL en Russie : Un procès qui pourrait s’avérer très instructif

Vous vous souvenez peut-être que Christophe de Margerie fut tué lorsque son Falcon 50 s’est écrasé le tarmac d’un aéroport russe en 2014 en pleine affaire Mistral.

N’oublions pas comme nous le rappelle un lecteur, les autres victimes de ce qui semble bien être un assassinat politique : les jeunes membres innocents de l’équipage

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L’affaire avait fait grand bruit à l’époque et la Russie fut pointée du doigt dans nos médias sans qu’aucun élément sérieux et crédible ne puisse être avancé.  D’autant moins crédible que de C.de Margerie était un fervent supporter de l’amitié franco-russe et que la Russie n’avait aucun intérêt à cet assassinat.

Un procès s’est ouvert à Moscou, ignoré des MMS totalement mobilisés par l’attentat du 14 juillet. Cependant, pour les raisons que vous allez lire, ce procès annoncé par Moscou qui tient manifestement en faire la publicité  risque de révéler des choses très très intéressantes que certains n’ont sûrement pas envie de voir apparaître au grand jour…

Rebondissement dans l’affaire de Margerie
L’ouverture d’un procès pour meurtre à Moscou confirme la thèse d’un attentat contre l’ancien président de TOTAL – par Richard LE HIR

La chaîne des complicités risque d’être très intéressante

Rebondissement dans l’affaire de Margerie

L’ouverture d’un procès pour meurtre à Moscou confirme
la thèse d’un attentat contre l’ancien président de TOTAL

La chaîne des complicités risque d’être très intéressante

La nouvelle de l’ouverture d’un procès pour meurtre jeudi dernier à Moscou dans l’affaire de l’écrasement en octobre 2014 du Falcon 50 nolisé par l’ancien PDG de la pétrolière TOTAL, Christophe de Margerie, a été totalement escamotée par l’attentat de Nice, survenu quelques heures plus tard.

Les lecteurs de Vigile se souviendront de la série d’articles que j’avais consacrés à cette affaire, Un accident bizarre qui en rappelle un autre, Un embarras TOTAL, Un message des États-Unis à la France, à la manière du Parrain, qui illustrait de façon spectaculaire l’ascension de l’Empire Desmarais et de ses associés belges du groupe Albert Frère aux niveaux les plus élevés où leurs intérêts croisaient désormais ceux des grandes puissances mondiales dans leurs affrontements, avec tous les risques financiers et politiques que cela comporte.

Deux ans plus tard, la justice russe est prête à porter des accusations. Mais il faut bien comprendre que le procès qui s’ouvre maintenant déborde très largement du cadre de la justice pénale pour tomber dans celui des intérêts stratégiques de la Russie.

En reprenant l’avion pour Paris, Christophe de Margerie quittait tout juste Vladimir Poutine avec qui il venait d’avoir un entretien. Les deux hommes se connaissaient, et de Margerie, au cours de l’année précédente, avait à plusieurs reprises exprimé publiquement ses réserves par rapport aux positions des États-Unis sur des enjeux stratégiques pour l’industrie pétrolière, notamment le monopole du dollar dans les transactions.

De Margerie, tant en sa qualité de PDG d’une des plus grandes entreprises de France qui compte l’État français parmi ses actionnaires, que par ses liens familiaux avec Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, avait également un accès direct à François Hollande. Était-il porteur d’un message de Poutine destiné à ce dernier ?

On se souviendra que ces faits sont survenus au moment où éclatait l’affaire des Mistral, les fameux porte-hélicoptères dont la Russie avait passé commande aux chantiers navals de Saint-Nazaire, et où les États-Unis faisaient pression sur l’Europe pour qu’elle condamne et sanctionne la réunification de la Crimée à la Russie.

On se souviendra également que quelques semaines plus tard, le 6 décembre 2014, en plein refroidissement des relations des pays de l’alliance avec avec la Russie, François Hollande, revenant du Kazakhstan où la France, Total et GDF/Suez (aujourd’hui ENGIE) possèdent d’importants intérêts pétroliers, avait fait escale à Moscou, au même aéroport, pour y rencontrer Vladimir Poutine, à la surprise générale,

Quand on connaît la valeur et l’utilisation des symboles en diplomatie, on comprend que la décision de tenir la rencontre à cet endroit n’était pas une simple coïncidence. Il ne peut faire aucun doute qu’il y ait été question de Christophe de Margerie et que Poutine ait répété à Hollande lui-même les propos qu’il avait échangés avec de Margerie.

Depuis ces événements, les Russes ont poursuivi leur enquête sur l’écrasement fatal de l’avion qui devait ramener de Margerie à Paris. S’ils n’avaient rien de particulier à révéler sur cette affaire, ils n’auraient jamais pris la peine de communiquer l’information sur l’ouverture du procès. Ils ne le font certainement pas non plus pour se retrouver dans l’embarras, ce qui serait le cas s’il fallait que le procès n’établisse rien d’autre que les maladresses ou l’irresponsabilité de subalternes qui aurait une incidence négative sur la perception de la sécurité du transport aérien en Russie. C’est bien connu, le linge sale se lave en famille.

Non, si les Russes ont choisi de publiciser la tenue de ce procès sur la scène internationale, c’est qu’ils ont découvert des éléments de preuve qui leur permettent de dégager entièrement toute responsabilité dans cette affaire pour plutôt accabler leurs adversaires politiques et en particulier les intérêts pétroliers américains ou les États-Unis eux-mêmes par l’entremise de l’une ou l’autre de ses nombreuses agences de renseignement, la CIA n’étant que la plus connue.

Le choix du moment pour le faire n’est pas non plus innocent. Ce procès s’ouvre dans le contexte d’une augmentation marquée des tensions internationales entre les pays du bloc atlantiste et la Russie et à la veille des élections américaines, tensions délibérément orchestrées par les États-Unis qui redoutent une montée en puissance politique et économique de la Russie et une perte correspondante d’influence pour eux en Europe et dans le monde.

Pour sa part, la Russie cherche par tous les moyens à éviter de se retrouver coupée de l’Europe et placée dans une position défensive dont la seule issue possible serait la guerre soit par ce qu’elle serait attaquée, soit parce que l’imminence d’une attaque lui dicterait de prendre les devants pour se donner un avantage stratégique.

On voit donc aisément comment, bien employé, le procès pour meurtre dans l’affaire de Margerie pourrait permettre à la Russie de gagner du temps et, qui sait, réduire l’influence politique des États-Unis en Europe et la détermination des dirigeants européens à suivre les États-Unis sur la voie d’un affrontement avec la Russie. Pour le moment l’annonce de la tenue du procès a valeur de signification aux États-Unis et à la France que des révélations s’en viennent, et il est difficile de dire à ce stade-ci lesquel de ces deux pays et de leur classe dirigeante risque de se retrouver le plus dans l’embarras.

Il faut donc s’attendre à des révélations spectaculaires sur les instigateurs et les commanditaires de l’attentat dans le cadre du procès pour le meurtre de Christophe de Margerie et des membres de l’équipage de l’appareil qui devait le ramener à Paris après sa rencontre avec Vladimir Poutine le 20 octobre 2014.

Une journaliste française, Muriel Boselli, a récemment publié un ouvrage consacré à cette affaire, « L’Énigme Margerie », chez Robert Laffont dans lequel elle révèle toutes les incongruités et les incohérences dans les événements et les compte-rendu de cette nuit tragique. Elle les résume dans un article paru dans L’OBS Le Plus (Le Nouvel Observateur) en avril dernier.

Une comparaison des informations qu’il contient avec celles de mes trois articles parus en 2014 et cités plus haut vous permettra de découvrir des ressemblances qui ne doivent rien au hasard dans la mesure où je suis en contact depuis les tout premiers jours suivants l’événement avec M. Patrick Vervelle, l’époux de l’hôtesse de l’air affectée au service de l’appareil nolisé par Christophe de Margerie, également décédée lors de l’écrasement en compagnie du pilote et du co-pilote.

Mais nos analyses divergent dans la conclusion. Là où elle ne voit qu’une série de maladresses du petit personnel de l’aéroport, j’ai pour ma part conclu à un attentat dès le 29 novembre 2014 dans Un message des États-Unis à la France, à la manière du Parrain.

Sa conclusion est d’autant plus incompréhensible qu’elle prend la peine de rappeler comme je l’ai fait moi-même dans Un accident bizarre qui en rappelle un autre, l’attentat aérien perpétré à l’instigation des Américains contre Enrico Mattei, le patron de l’ENI, la pétrolière italienne nationalisée, en 1962. Faut-il y voir une influence ou une censure de la direction de L’OBS qui appartient au groupe de presse mainstream américain Condé Nast Publications ?

Richard LE HIR
jeudi 21 juillet 2016

Texte reçu de l’auteur.

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