Autour de la mare (2) : Le forçage génétique, que pour les moustiques, vraiment !

La folie de la science… Un film d’horreur…

Si vous faites un petit tour sur ce thème dans votre moteur de recherche, vous verrez apparaître une flopée d’articles MMS tous louangeux sur les merveilles de cette avancée technologique : pensez donc !  Grâce à ça, plus de malaria, de paludisme, de SIDA et d’autres encore ! Mais il y a un os et un gros !

Galadriel

Explications du Canard :

CE FORÇAGE EST SANS PITIÉ

Voilà une nouveauté foudroyante. Son nom est des plus virils : le « forçage génétique » (gene drive en anglais).

Pas étonnant qu’il séduise les militaires : La moitiés des monceaux de dollars qui sont investies dans le monde le sont par la DARPA, le fameux service de recherche de l’armée américaine. Le milliardaire Bill Gates, qui veut faire le bien de l’humanité, mais à sa façon high-tech et bondieusarde, s’y intéresse aussi de très près.
Deux raisons de s’alarmer.

C’est justement ce que viennent de faire deux chercheurs français. Le philosophe du vivant Baptiste Morizont et la généticienne de l’évolution Virginie Orgogozo réclament de toute urgence un grand débat sur le forçage génétique, lequel est selon eux :

 » probablement l’invention biologique la plus prodigieuse et terrifiante qu’on est jamais possédée quant à la gestion du vivant« 

Ce forçage tout droit issu d’une récente trouvaille en microbiologie, Crispr-Cas9 (on abrège en disant « crispeur »). Ces ciseaux moléculaires permettent à l’homme d’intervenir au fin fond du vivant avec une incroyable facilité, en coupant l’ADN exactement là ou il le désire, ciblant ainsi un gène pour le modifier, le réparer et même le remplacer par un autre(2)

Une fois effectuée, cette substitution très facile et peu coûteuse – il suffit de « quelques mois et environ 1000 euros de produits de base » – on obtient un mutant qu’il suffit de lâcher dans la nature pour déclencher le fameux forçage : la mutation va en effet se répandre comme une traînée de poudre.

Alors que dans la reproduction sexuée un parent ne transmet que la moitié de ses gènes à ses enfants, ici la transmission se fait à tous les coups : 100% des descendants d’un moustique dans lequel on aura introduit un gène de résistance à la malaria seront résistants à leur tour et transmettront cette résistance à tous leurs descendants.

En théorie si l’on introduit 10 individus ainsi mutés dans une population naturelle de 100 000 individus, il suffirait d’une quinzaine de générations pour que 99% des individus aient muté à leur tour (pas sûr que la nature respecte à l’unité près la théorie !)

Levures, moustiques, mouches, cellules humaines etc, le forçage marche sur toutes les espèces.

Il offre à l’homme un pouvoir de domestication de la totalité du vivant, excepté les bactéries. Entre autres celui de rayer de la carte une espèce entière (en refilant le gène de la stérilité à quelques individus…)

On imagine les utilisations guerrières qui pourraient en être faites.

Mais il y a un autre risque : Si les biologistes maîtrisent bien l’échelle moléculaire, « ils sont beaucoup plus ignorants à l’échelle macroscopique des effets écologiques »

Éradiquer le paludisme, rendre l’humanité résistante au Sida ? On commence à applaudir, bien sûr. Mais si ces mutations – et toutes les autres à venir – se répandaient dans d’autres populations que celles qui étaient ciblées ?  Si se mettaient à gambader sur cette Terre transformée en laboratoire à ciel ouvert des tas de mutants inattendus ?

Certes, ça pourrait être distrayant….

Jean-Luc Porquet pour le Canard Enchaîné du 22/6/16

(1) http://tinyurl.com/gwuu73d.

Lire aussi : Stop the gene Bomb ! sur etcgroup.org

(2) « Plouf  » du 9/9/15

Article exclusif  lesbrindherbes. Si vous souhaitez le reproduire, merci d’en mentionner la source.

 

 

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