Vaccins : Le prof. Joyeux accusé par ses pairs..

Accusé de désinformation sur les vaccins, le professeur Joyeux jugé par ses pairs

Le professeur montpelliérain, cancérologue de 70 ans, est arrivé décontracté, sans avocat et sans discours écrit, prêt à répondre aux questions de ses pairs, avec des arguments qu’il connaît par cœur pour les avoir déployés dans de très nombreux débats, face au grand public comme devant des professionnels.
Il comparaissait, vendredi 27 mai, devant la chambre disciplinaire, composée d’un magistrat professionnel et de médecins des départements du Languedoc-Roussillon. Cette chambre peut décider de différentes mesures, allant de la relaxe (cas le plus fréquent) à la radiation définitive, en passant par le blâme ou des interdictions partielles d’exercer la médecine.

Le dialogue s’est instauré entre les médecins du conseil et le professeur. Henri Joyeux a mis tout de suite les choses au point concernant la vaccination : « Je ne suis pas contre les vaccins, je suis contre l’abus des vaccins par les laboratoires », affirme celui qui a recueilli plus d’un million de signatures de soutien pour un texte diffusé sur Internet dénonçant les substances dangereuses contenues dans certains vaccins.

Il défend la vaccination des enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (le DTP, les trois seuls vaccins obligatoires), mais est scandalisé par le fait que ce vaccin ne soit plus disponible, obligeant du coup les familles à avoir recours à un vaccin hexavalent (qui protège contre six maladies). Une différence financière d’une part (le deuxième étant à 49 €, soit sept fois plus cher que le DTP classique), et de nature médicale d’autre part, le deuxième contenant de l’aluminium : « Je ne remets pas en cause la loi, je demande un moratoire tant que le vaccin DTP simple ne sera pas disponible. »

« Ce qui reste dans le cerveau, c’est la peur »

En face de lui, des médecins qui posent finalement plus de questions sur la portée du discours que sur le fond de l’argumentation elle-même : « Ici, vous vous adressez à des médecins, a ainsi commenté le docteur Jean-Paul Chaze (Gard). Mais ce qui me heurte, c’est que vous teniez ce discours au grand public. Ce qui reste dans le cerveau, c’est la peur. A force de lancer de belles idées, il ne reste que la peur. Et c’est cela qui a gêné le Conseil de l’ordre national. Je crains que, tout en comprenant vos interrogations sur la composition des vaccins, vous vous serviez du levier du grand public pour faire bouger nos dirigeants. »

Réponse immédiate du cancérologue : « Le grand public est mieux informé aujourd’hui qu’il y a dix ans. Et puis la peur, c’est aussi celle engendrée par les laboratoires pharmaceutiques qui médicalisent les émotions. Le grand public a une compétence scientifique qui nous rattrape. »

A une deuxième question sur le site qui héberge ses lettres, Santé Nature Innovation, jugé peu sérieux par la plupart des médecins, Henri Joyeux a répondu qu’il prenait ses distances et mettait en place de nouveaux canaux de diffusion.

Invité à conclure après les questions, Henri Joyeux a appelé la ministre à faire « le grand débat annoncé sur le vaccin, et il faut que le Conseil national de l’ordre fasse son boulot lui aussi, plutôt que de s’en prendre à un médecin à Montpellier qu’on essaie de faire passer pour un gourou ». Le dernier mot de ce médecin médiatique à ses confrères, qui sait très bien que sa notoriété dépasse largement le cadre de la préfecture héraultaise, a été : « Je vous fais confiance. »

Détendu, le professeur l’était toujours à la sortie de l’audience, regrettant presque qu’il n’y ait pas plus de monde à assister à ces débats qui, de fait, sont restés confidentiels. Et quand les journalistes évoquent avec lui la décision possible de la chambre, il répond : « Un blâme ? S’ils le font, cela me fera rigoler. Ils vont se ridiculiser. » Réponse dans quatre à cinq semaines, mais le Conseil national de l’ordre est prêt à faire appel si la sanction lui semble insuffisante.

Anne Devailly (Montpellier, correspondante)
Journaliste au Monde
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Ibid – Eric Piermont/AFP

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Merci à Jean-Michel

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