Depuis une cinquantaine d’années, dans le tâtonnement expérimental d’un praticien et dans d’innombrables échanges, j’ai développé puis théorisé ce que j’ai appelé « une école du 3ème type ». Des collègues poursuivent ce tâtonnement sur le terrain et dans leurs contextes respectifs. J’ai utilisé cette expression et y ai fait référence dans tous mes écrits. Ce n’est pas une autre pédagogie, c’est une autre conception de l’école et de ses fondements.

Nous sommes quelques-uns à considérer que l’école du 3ème type est maintenant une alternative proposable tout en sachant qu’elle remet en cause les représentations de l’acte éducatif et le système éducatif lui-même. Je reprendrai quelques points, déjà abordés dans mes ouvrages, dans d’autres billets.

 

Concrètement, elle pourrait se décrire ainsi : Une école sans horaires, sans leçons, sans cahiers, sans programme, sans évaluation, ouverte en permanence aux parents, à d’autres adultes pendant et hors du temps scolaire, y compris pendant les vacances.

L’école du 3ème type est une conception globale de l’école dans une unique finalité : contribuer à la construction de l’enfant en adulte autonome, disposant des outils de l’autonomie pour être et agir dans une société où il ne sera pas passif.

Si elle découle des pédagogies actives et Freinet dont elle prolonge les logiques, elle s’appuie sur une notion différente des langages et de leur construction (langages oraux, écrits, mathématiques, scientifiques, manuels, corporels, artistiques…). Ce sont des outils neurocognitifs qui doivent se construire ou se développer, interprétant et produisant des informations et des représentations ainsi que leurs expressions. Ils permettent l’appropriation des connaissances et leurs mises en action dans des savoir-faire et des savoir-être. L’essentiel est donc dans les conditions qui favorisent leur auto-construction par les enfants et leur évolution.

Elle s’appuie aussi sur les avancées des sciences biologiques, neurobiologiques et d’une façon générale celles qui se situent dans une approche systémique. Les caractéristiques, les principes et les lois des systèmes vivantset mis à jour ces dernières décennies sont ce sur quoi s’appuient ceux qui ont à la piloter.

L’école du 3ème type est donc un système vivant (une entité dans un espace de vie) répondant aux lois de tous les systèmes vivants . Elle s’inclut dans l’environnement et l’écosystème social de sa proximité avec lesquels elle est en interaction et dont elle est un des espaces.  Les parents, le village ou le quartier, sont partie prenante de l’élaboration de ses stratégies et de son activité.

De par sa structure dissipative et l’auto-organisation qu’elle permet,  les apprentissages informels se substituent aux apprentissages formels. Les constructions des langages se réalisent à partir des projets individuels ou collectifs des enfants, quels que soient ces projets. L’enfant, en interaction avec son environnement, en interrelation avec les autres enfants et adultes, est la source de ses apprentissages. Il n’y a pas de programmes, pas d’évaluations autres que celles naturelles qui s’opèrent dans le concret du déroulement de toute activité pour la réaliser et avancer, pas d’échéances : la pratique a démontré leur inutilité quand ce n’est pas leur nocivité.

Curiosité, libre initiative, affectif, créativité, confiance en soi et aux autres, absence de pression, état sécure, épanouissement… en sont les clefs.

Le multi-âge, la communication, l’aménagement et l’enrichissement de l’environnement interne de l’école et son ouverture à l’environnement externe, favorisent la construction, l’utilisation et l’évolution des principaux langages souvent plus facilement réalisés ou poursuivis dans la dynamique d’une entité vivante, que l’on peut appeler école… faute d’un autre nom courant.

C’est dans la nécessaire auto-organisation de leur activité par les enfants et les adolescents, dans la régulation des interdépendances dans un groupe, que se construit aussi une vraie socialisation.

L’école du 3ème type n’est qu’un espace particulier de vie à disposition des enfants.

Apprendre est une capacité naturelle dont tout être humain est doué, en même temps qu’une liberté et un pouvoir,… à condition qu’on ne l’empêche pas.

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Billets complémentaires :

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L’école du 3ème type, l’ingénierie de la libération