Vous aimez votre lopin de terre ? Lisez absolument ce qui suit :

Vous connaissez tous Lydia et Claude Bourguignon défenseurs d’une terre saine et du vivant en général  Cet interview dans sa totalité est assez long et technique et il intéressera tout ceux qui cultivent, bêchent, jardinent. Mais pas seulement.

Je vous livre ici la partie qui nous concerne tous et c’est absolument dramatique ! L’analyse de ces lanceurs d’alerte, issus de l’INRA est sans appel. Sur ce plan là aussi, si on ne trouve pas la pédale de frein, nous allons dans le mur. Nous continuerons avec des fermes usines hydroponiques posées sur des terres complètement épuisées, ravagées, mortes.

EXTRAIT :

Si on laisse faire, quelle est la perspective ?

-  CB  : Nul besoin d’être prophète. Tout ce que les écologistes sérieux ont avancé depuis trente ans se vérifie aujourd’hui. Nous jouons à l’heure actuelle l’avenir de notre civilisation. Nous sommes en train de vivre l’Austerlitz de l’Occident. Que va-t-il se passer si on laisse faire ? L’Occident va s’écrouler parce qu’il n’y a plus de critiques, plus de remises en cause. Et nous allons mourir comme toutes les civilisations par destruction des sols. Comme l’empire romain, les mayas…

L’humus c’est le mot humanité. Nous avons surtout notre malheur en nous-mêmes. C’est notre civilisation qui est dangereuse car elle porte sa mort en elle. Elle est en train de s’auto-détruire en criant un grand cocorico de victoire. La science peut nous tuer car la morale ne suit pas. Nous avons une morale biblique et une technologie du XXIe siècle. Les scientifiques sont devenus les nouveaux prêtres., au XIIe siècle ils étaient moines !! Le commun des mortels est coupé de la culture scientifique, technique et industrielle que manipulent les spécialistes distanciés. Et cela fait très peur. Regardez le pilote d’avion qui dirige sa bombe avec un laser sur des objectifs ! Il fait une guerre propre. La preuve ? Il ne voit pas le résultat de son geste sur son écran T.V. !!! La science occidentale moderne distancie essentiellement les choses. Elle le fait de tout.

Et au niveau alimentaire de l’Occident ?

-  CB  : La distanciation au niveau alimentaire est claire. Les gens ne veulent plus savoir qu’ils mangent la mort d’un animal. En conséquence, on leur propose une espèce de viande carnée, congelée, mise en sachet dans un bac. Les poissons ? Ils sont déjà panés. Les abattoirs sont présentés comme très hygiéniques. Les bêtes n’y souffrent plus… Il n’y a plus la moindre trace de meurtre. La personne peut donc manger la viande comme si c’était de la purée. Elle n’a pas l’impression de participer à un crime. Le steak haché type hamburger il faut beaucoup d’imagination pour rapprocher cela de la viande.

Donc l’homme se sent complètement déculpabilisé et à ce moment il peut accepter que les bêtes soient élevées comme elles le sont : dans des camps de concentration absolument monstrueux. J’estime que tous les lycéens de France devraient aller voir au moins une fois comment on traite les cochons, les poulets, les veaux, etc. dans l’industrie intensive. Et ils devraient aller ensuite visiter un abattoir. C’est très impressionnant de voir des bêtes qui arrivent vivantes et qui, en moins de 15 mètres, sont déjà complètement saignées. La vitesse de transformation de la bête vivante.

C’est extraordinairement choquant !

Sans faire du passé un âge d’or, la notion de fête est perdue. Autrefois, la mort d’un animal était rare et festive. L’animal était un compagnon et sa mort était vécue, acceptée, transcendée, transformée par un acte touchant la vie et la mort. La source du sacré. L’animal était complice de la vie de l’homme, lorsque ceux-ci entretenaient un rapport d’amour respectueux de la nature.

Maintenant la viande est devenue un produit totalement banal et pour pouvoir donner de la viande de façon banale à tout le monde, tous les jours de la semaine, on fait des camps d’élevage atroces. Les bêtes sont piquées tous les jours. Si on ne pique pas les cochons industriels aux tranquillisants ils meurent de crise cardiaque, etc.

Ce qu’on arrive à faire dans les élevages industriels, c’est à vomir. A vomir. Et c’est accepté en toute impunité de la science, de l’hygiène, de la technologie. Vous savez je pense qu’une société qui traite la vie comme cela ne peut pas se traiter elle-même correctement.

La société fait des guerres propres. C’est comme l’agriculteur qui passe dans son champ avec ses produits de mort à 400 grammes l’hectare. Après il a un champ nickel-chrome. Il n’y a plus un seul coquelicot pour le blé. Plus une mauvaise herbe. Propre. Rationnel. Enfin quelque chose de propre ! La mort est d’une grande beauté…

Quelles solutions alors ?

-  CB  : Comme le disait très bien Kant, une chose est morale quand elle est généralisable à l’ensemble de l’humanité.

Notre agriculture industrielle n’est pas généralisable. S’il fallait simplement pour l’azote industriel apporter à l’ensemble des terres cultivées la quantité d’azote que mange la France, la totalité de la flotte mondiale ne suffirait pas transporter l’azote en question. C’est impossible. Ce n’est pas généralisable.

Donc il faut changer d’agriculture. Car on se garde bien de dire aux Français qu’avec notre système alimentaire il faut un hectare de terre cultivée pour manger dans les pays riches. Tandis qu’il ne reste que 2600 m2 de terres cultivées par habitant.

Alors ? Si nous consommons un hectare, c’est qu’il y a des êtres humains qui ne mangent pas. C’est une simple mathématique, mais elle est vraie. Et il faut continuer. Il reste 3 hectares par habitant à l’heure actuelle sur la planète Terre, toutes terres confondues, Sahara, Pôles. Tout.

Sur ces trois hectares on prélève de quoi s’habiller, faire notre maison, notre voiture, etc. Et sur ces terres il reste 2600m2 cultivés, pour manger. Et il en disparaît à l’heure actuelle l’équivalent de la surface de la France tous les ans par érosion. Les rendements sont en train de stagner en Europe. On parle de fatigue des sols.

Avant c’était tranquille, les engrais solubles étaient déversés et on augmentait de 3 quintaux/hectare/an. Tout le monde criait victoire. L’INRA annonçait déjà 150quintaux à l’hectare dans le début des années 80. Aujourd’hui, on remet sérieusement en doute cela. On voit des agriculteurs habitués à leurs 100 quintaux qui tombent à 40 quintaux. Par fatigue des sols… Or si vous comparez la teneur en éléments des sols telle qu’elle se pratique dans les méthodes d’analyse conventionnelle, les sols d’agriculture biologique ont souvent moins d’éléments solides que les sols en conventionnel ; donc selon les critères retenus par l’agriculture conventionnelle, ils sont moins fertiles.

Par contre en tant que milieu « sol », les sols en agriculture conventionnelle sont déséquilibrés. Cela dit, il y a des gens en « Bio » qui travaillent très mal. Certains ont simplement remplacé les engrais chimiques par des engrais organiques. Ce n’est pas cela l’agriculture.

L’agriculture vivante est celle qui amende ses sols. Amender ? Restituer. C’est l’équivalent pour l’agriculteur de l’entretien du matériel productif par l’industriel ; le sol est ce qui produit, donc il faut l’entretenir. La fertilisation (ou l’amendement donc) possède trois volets.

Traditionnellement, on fabriquait de l’humus en compostant. Pour les argiles, on marnait : on apportait des argiles calcaires et on les mélangeait à un liant, la plupart du temps le calcium. Le tout était mélangé au compost et on épandait sur le sol. On entretenait ainsi tous les ans son matériel de production. Et on l’améliorait.

Second volet de l’amendement : la fertilisation des microbes. Les microbes vont nourrir les plantes, donc il faut les fertiliser. On fertilise les deux grands groupes : le groupe de la matière organique et celui de la chimie lithotrophe. Le groupe de la matière organique se divise en trois.
- a) le groupe de l’humification que l’on fertilise par le compost.
- b) le groupe de la minéralisation qui est fertilisé par les engrais verts.
- c) le groupe de la rhizosphère (les microbes qui vivent contre les racines des plantes et qui les nourrissent), est entretenu par la rotation des cultures. En effet, chaque espèce de plantes stimule une certaine microflore.

Et enfin il y a le groupe des chimiolithotrophes, c’est-à dire celui des roches mères. On les nourrit par des roches broyées. Si on est en terrain calcaire, on broie du granit et on équilibre ce que la géologie a mal distribué. Et puis enfin le dernier volet : la fertilisation des plantes. Elle consiste à apporter ce que l’on a exporté pour ne pas appauvrir son sol en éléments nutritifs. Vous prélevez 50 kg d’azote ? Vous restituez 50 kg d’azote.

Maintenant avec l’agriculture industrielle, les deux premiers volets n’existent plus. On fait de la monoculture. On ne fait plus que la fertilisation des plantes. Et dès qu’on a un système non généralisable qui se généralise c’est la mort garantie à très brève échéance, dans n’importe quel groupe humain. On ne donne pas trente ans à cette civilisation en analysant les sols.

POUR L’INTERVIEW INTÉGRAL :

http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=113

 

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