Bonne Nouvelle ! Nouvelle Rubrique !

Bonne Nouvelle ! Nouvelle Rubrique !

Rien que pour les soutenir, l’achat de leurs bouteilles est justifié, comme ce fut le cas pour le thé 1336 qui là également, mérite son succès. Il est dur de se lancer dans une grande aventure, ils l’ont fait avec brio, produisant un vain bio, sans pesticides, sans produits chimiques, et avec un petit plus non-négligeable, l’autonomie! Car si la plupart des vignobles utilisent des moyens modernes pour produire le vin, eux ont opté pour des méthodes simples et écologique, pour exemple le pressoir qui fonctionne grâce à un vélo..

vendange vélo

Sous le soleil du Sud de la France, près de la frontière espagnole, une dégustation de vin au goût libertaire se déroule sur les hauteurs de Banyuls-sur-Mer.

« La qualité des raisins est exceptionnelle cette année », lance un homme.

« Celui-là a vraiment un bon goût sucré. Les grappes sont laissées plus longtemps sur pied pour que le jus de raisin soit plus concentré », explique un autre.

Parmi les types qui sont en train de goûter le vin, aucun ne ressemble à cette image stéréotypée du vigneron entrepreneur avec de bonnes joues rosées, bien habillé, et qui se gargarise la bouche de vin avant de le recracher bruyamment en l’honneur des coutumes françaises. Aujourd’hui, le groupe en question compte environ sept passionnés de pinard et tous sont membres du « Collectif Anonyme », un « groupuscule techno punks ». Installés devant les caravanes qui leur servent d’habitations à même le vignoble,

ils sont en train de prendre un malin plaisir à déguster quelques bouteilles choisies parmi les meilleures cuvées de leur cru.

Ce groupe de potes – qui tiennent tous à rester anonymes – produit du vin naturel français depuis 2013. À l’image des premiers groupuscules punks des années soixante-dix, leur but est d’instiller un état d’anarchie, à la différence que cette fois-ci la cible n’est pas le système étatique dans son ensemble, mais l’industrie française du vin, qu’ils jugent trop élitiste.

« On voulait produire du vin tous ensemble. C’est la vraie revendication Collectif Anonyme : je ne considère que c’est mon vin ou celui de quelqu’un autre – je considère que c’est notre vin » balance Kris, l’Australien de naissance à la tête du Collectif, qu’il a fondé avec Julia, une Allemande. Il poursuit : « Il y a toujours un aspect social avec le vin et des gens qui viennent vous voir en disant « voici mon vin » racontent des bobards – c’est un raccourci complètement trompeur. En créant le Collectif, on voulait aussi donner une dimension politique à notre démarche. Le fait que j’ai toujours plus ou moins gravité autour du mouvement punk y est sûrement pour quelque chose. »

Au milieu des années 2000, Kris et Julia fréquentaient les milieux d’extrême gauche à Berlin, c’est là-bas qu’ils se sont rencontrés. Ils ont ensuite décidé de partir bosser ensemble dans le Languedoc-Roussillon, une région bien connue pour son pinard et ses vignes ensoleillées.

Mais en travaillant dans les différentes exploitations agricoles du coin, le couple s’est senti à nouveau prisonnier d’un système duquel il avait voulu s’émanciper en quittant l’Allemagne. Leur constat était qu’ils finissaient toujours par bosser pour l’un de ces mêmes « types » – ces fameux patrons aux bonnes joues rouges qui se gargarisent de vin et s’en foutent plein les poches.

« Quatre ou cinq ans en arrière, en faisant les vendanges, on s’est rendu compte que l’on se tapait tout le sale boulot et qu’il y avait toujours un mec en costume qui débarquait à la fin et qui disait : « Ça, c’est mon vin », se souvient Kris, écœuré. La vérité, c’est que c’était nous – les petites mains – qui le faisions, ce vin. Lui, c’était juste la figure capitaliste qui mettait son nom sur la bouteille en bout de chaîne. Ce qui fait vendre le vin ici, c’est le nom sur l’étiquette : ‘Domaine de bla-bla’, ce genre de trucs. »

La réponse du Collectif ? Faire un gros doigt d’honneur au système en place en produisant un vin aussi bon, mais en totale autonomie.

La solution la plus simple pour mener à bien cette entreprise aurait peut-être été de s’inspirer du mode de production des producteurs de vin pour lesquels ils ont bossé et qu’ils maîtrisent bien. Mais Kris et Julia ont préféré tout reprendre à zéro et mettre en pratique les méthodes traditionnelles du siècle dernier : tout le vin produit par le Collectif est issu de raisins biologiques et contient très peu de sulfites, il est donc considéré comme un vin naturel.

« C’est du jus de raisins fermenté, rien de plus », précise Kris.

Ça paraît con, mais quand on sait ce qui baigne dans certains vins produits à grande échelle, il semble important à Kris de le rappeler.

« Pas de glycérine, pas de composants chimiques de synthèse, aucun additif… », insiste-t-il ironiquement, en listant quelques ingrédients présents dans les vins que l’on trouve dans la grande distribution.

Le vin du Collectif est entièrement fait à la main. Les membres du groupe cultivent la vigne sans utiliser de produit chimique de synthèse ni aucun pesticide. Ils récoltent ensuite les fruits à la main et les écrasent dans un pressoir alimenté à l’énergie d’une bicyclette, avant de laisser fermenter le jus dans des tonneaux en bois.

Selon les saisons et la période de l’année, l’équipe varie entre trois et une vingtaine de personnes. Il y a par exemple Haida, une amie du couple, artiste bricoleuse qui a dessiné plusieurs de leurs logos de bouteilles. Il y a aussi Boris, organisateur de soirées et accessoirement champion en titre de Air Guitare en Autriche. Ensemble, le Collectif a produit une cuvée de 13 vins et espère sortir au total environ 14 000 bouteilles cette année.

14 000 bouteilles de vin faites à la main – tu parles d’une équipe de choc.

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