Mafia d’État : La Grande Bretagne exemple typique mais pas isolé..

Voilà une toute autre chanson que celle que nous chantent les merdias sur Cameron et sa soit-disant gestion !

Quelle est la frontière entre les affaires légales et le crime organisé ?

Être raisonnable en réponse au déraisonnable : c’est ce que l’on dit aux électeurs dans le scrutin au parti Travailliste. Adaptez-vous, calmez-vous, calculez bien, parce que sinon vous n’avez plus rien d’autre à faire que de vous isoler de la réalité. Vous pouvez être tentés d’accepter. Si c’est le cas, veuillez jeter un œil sur la réalité à laquelle vous devez vous soumettre.

D’une manière inconnue depuis la Première Guerre mondiale, les relations économiques dans ce pays sont de plus en plus gravées dans le marbre. Ce n’est pas seulement que les très riches ne tombent plus jamais ou que les très pauvres ne s’élèvent plus jamais. C’est que le système lui-même est protégé contre le risque. À travers sauvetage des banques, assouplissements quantitatifs et réticence à augmenter les taux d’intérêt, l’investissement spéculatif a été si bien protégé que, comme le dit Larry Elliot, les marchés financiers sont “l’un des derniers bastions du socialisme existant sur terre”.

Services publics, infrastructures, le tissu économique même de la nation : tout est converti en investissements sans risque. L’épuration sociale est en train de transformer le centre de Londres en une zone économique vouée à la spéculation immobilière. Par dix voies différentes, la politique du gouvernement converge vers cet objectif.

La limitation des aides sociales et la taxe sur les logements sous-occupés chassent les pauvres de leurs maisons. La vente forcée d’habitations à loyer modéré de haute valeur crée un nouveau fonds de biens immobiliers. Un marché locatif privé non plafonné et à peine régulé transforme ces investissements en or. Le gel des méthodes de calcul des impôts locaux depuis 1991, l’augmentation des seuils de l’impôt sur les successions et 14 milliards de livres par an d’exemption pour les propriétaires ont contribué à garantir une rentabilité prodigieuse.

Et pour ceux qui souhaitent simplement ne pas valoriser leurs investissements, le gouvernement peut les aider aussi dans ce cas, en assurant qu’il n’y a pas de pénalité à laisser les immeubles vides. Le résultat est qu’une grande quantité de logements n’est plus disponible sur le marché. La terre agricole est devenue un placement encore meilleur pour l’argent de la City : avec les gains produits par le capital, l’héritage et les exemptions d’impôt, ainsi que les subventions agricoles, son prix a quadruplé en 12 ans.

La propriété au sein de ce pays est un refuge pour les revenus du crime international. Le chef de l’Agence Nationale Criminelle, Donald Toon, note que le marché immobilier de Londres a été faussé par l’argent blanchi. Les prix ont été artificiellement gonflés par les criminels étrangers  qui viennent mettre en garde leurs avoirs ici en Grande-Bretagne.

C’est à peine surprenant, étant donné le peu de surveillance. Private Eye a fait une carte des terres britanniques appartenant à des sociétés basées dans des paradis fiscaux. La surface avoisine les 1,2 million d’acres [environ 600 000 ha, NdT], dont beaucoup de biens immobiliers de première catégorie. Parmi les bénéficiaires on trouve des oligarques russes, des cheiks et leurs pétrodollars, des aristocrates britanniques et des propriétaires de journaux. C’est pour ces gens qu’est faite la politique du gouvernement, et plus faible est la réglementation du système qui les enrichit, plus ils sont contents.

Le marché immobilier spéculatif n’est que l’un des courants de l’énorme flux de capitaux qui déferle en Grande-Bretagne, ceux qui ne sont pas au milieu du fleuve en voyant à peine la couleur. Le secteur financier exploite à son profit un étonnant privilège politique : la City de Londres est la seule juridiction du Royaume-Uni non totalement soumise à l’autorité du Parlement. En fait, la relation avec le Parlement semble fonctionner à l’envers. Derrière la tribune de la Chambre des Communes est assis le Remembrancer, dont le travail est de s’assurer que les intérêts de la City soient préservés par les élus. (Une campagne pour annuler ce privilège – Don’t Forget the Remembrancer – sera lancée bientôt.) La City a un pied dans l’eau : c’est un état semi-offshore, un peu comme les dépendances de la Couronne britannique et les territoires d’outre-mer, paradis fiscaux légitimés par le Conseil Privée. Le secret financier appliqué en Grande-Bretagne sape les bases imposables tout en fournissant aux gangsters, kleptocrates et barons de la drogue un moyen de s’introduire dans l’économie légale.

Même les institutions financières les plus orthodoxes ont une longue histoire de pratiques financières scandaleuses : scandale des plans de retraites individuels, fraude aux hypothèques liées à des assurances-vie, escroqueries à l’assurance, manipulations du Libor. Un ancien ministre du dernier gouvernement, Lord Green, dirigeait HSBC pendant qu’elle était occupée à blanchir l’argent de la drogue, pratiquait l’évasion fiscale systématique et fournissait des services aux banques de l’Arabie saoudite et du Bangladesh liées au financement du terrorisme. Parfois le Royaume-Uni me semble être devenu vraiment un État mafieux.

Au congrès du parti Conservateur du mois prochain, les chefs d’entreprise paieront 2500 livres pour rencontrer un ministre. Sans aucun doute, parce qu’on nous assure qu’il n’y a pas de lien entre un financement et une politique, ils vont passer la journée à discuter du temps qu’il fait et des derniers films qu’ils ont vu. Si l’on avait remarqué de tels arrangements dans un pays étranger, on aurait pu être porté à y voir de la corruption. Mais cela ne peut pas être le cas ici, parce que l’invitation précise que “les charges correspondant à un dîner et une journée d’affaires sont considérées comme des transactions commerciales et donc ne constituent pas un financement politique.”

Le gouvernement insiste également pour dire qu’il n’existe aucun lien entre les dons politiques et les sièges à la Chambre des Lords. Mais une étude de chercheurs de l’université d’Oxford a conclu que la probabilité de voir tant de gros donateurs arriver là par hasard est de 1,36 fois dix puissance moins 38 : “en gros l’équivalent de gagner le gros lot 5 fois de suite à la loterie nationale.” Pourquoi le système des Lords n’a-t-il jamais été réformé ? Parce qu’il permet au pouvoir ploutocratique de supplanter la démocratie. Les riches et les pauvres sont maintenus à leur place.

Etant gouverné soit directement par les gens qui nous volent, soit par des gens qui travaillent pour le compte de ceux-ci, nous ne pouvons être surpris de découvrir que tous les services publics ont été réorganisés au profit du capital privé. Ni de découvrir que les gouvernements favorisent, sans l’accord du public, la négociation de traités tels que le TTIP et le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), lesquels sapent la souveraineté à la fois du Parlement et des lois. La remarque d’Esope selon laquelle “Nous pendons les voleurs de poules et nommons les grands escrocs aux fonctions publiques” est toujours vraie, sauf que la pendaison a été remplacée par le châtiment de la communauté.

Où que vous mettiez le nez dans la vie publique britannique, il y a quelque chose qui pue : je pourrais remplir d’exemples cet article . Mais alors que chaque pore transpire la corruption, notre rôle, nous dit-on, se limite à cirer les chaussures du corps politique.

Ne pas combattre ce système c’est y collaborer. Qui à gauche voudrait rester sur la touche tant que cette mise en pièces continue ? Qui voudrait voter pour autre chose qu’un grand coup de balai ?

Source : Monbiot, le 08/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Je vous transmets le commentaire de Mascarel dont je ne retirerais pas un mot :

Dans le cadre du néolibéralisme financier, les Etats sont au service des intérêts privés, et plus, mis en coupe réglée par ces intérêts.
Les électeurs votent, mais les lobbies payent. Ce sont les seconds qui ont le dernier mot.
C’est le pouvoir de l’argent roi, et non le pouvoir du peuple. Exit la démocratie, l’affaire grecque en a été la démonstration flagrante.
Nous sommes revenus à un système monarchique de droit divin, à part que le monarque est l’Argent.
Effectivement, toute la sphère financière est socialisée, protégée des coups durs, alors que le commun des mortels est soumis à la concurrence la plus sauvage, à l’insécurité, et à la précarité de ses conditions de vie.
Le néolibéralisme et la mondialisation, sont donc les deux mamelles du rétablissement par les castes nationales dominantes et cosmopolisées, d’un système féodal, avec des ordres bien séparés :
– La nouvelle noblesse de l’argent, ou oligarchie, ses serviteurs politiciens et son bras armé le complexe militaro-industriel.
– Le nouveau clergé : journalistes et économistes gardiens du dogme.
– Le reste le “Tiers-état”, tous les autres que l’on renvoi à la conditions de serfs taillables et corvéables à merci.
Non, ce n’est pas un mauvais rêve, c’est ce qu’est devenu le monde en ce début de XXIième siècle. Et tout cela s’est fait au nom d’une idéologie de “progrès” et “de la défense des droits de l’homme”. Il y a loin entre la réalité, et les belles proclamations lyriques faites pour endormir les populations. Cette réalité, qui est toujours mise en avant par ceux d’en haut, pour faire admettre à ceux d’en bas leur condition. Mais qu’est que cette réalité ? Sinon un rapport de force entre classes (ce gros mot qu’il ne faut plus employer, dans un monde “pacifié” par le doux commerce).

A propos de monde “pacifié” par le doux commerce :

L’Otan lance ses plus importants exercices européens en dix ans

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Revenons aux fondamentaux, dans la réalité la canonnière a toujours été plus efficace pour s’ouvrir de nouveaux marchés, que la concurrence loyale (faut d’ailleurs être naïf pour croire à la concurrence loyale, et même à celle dite “libre et non faussée”)

https://www.les-crises.fr/mafia-detat-en-grande-bretagne-par-george-monbiot/

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