Attention ! Pub

N’importe qui d’attentif, aura mesuré depuis longtemps à quel point les publicités qui nous sont servies de force, où que l’on se rende, méprisent l’intelligence de ceux auxquels elles s’adressent. La provocation est une de ses ficelles : l’on se souvient très bien de ce à quoi l’on s’oppose. Rejet ou désir, le résultat basé sur l’émotion manipulée, y compris le rire, est finalement le même. Les résistants zappent, évitent de leur mieux ces incitations à la consommation permanente qui nous poursuivent jusqu’en zones non urbanisées sur de grands panneaux posés comme des verrues indécentes le long de nos trajets quotidiens de fourmis industrieuses.

Partout, la pub est partout à tel point qu’insidieusement elle s’est installée dans les moindres espaces de nos vies. Nous luttons, nous la refusons, nous l’évitons mais cette attitude de fuite n’est pas suffisante.  Ses messages répétés à l’infini, passent les barrières du conscient pour délivrer tout de même ses messages sub-liminaux. Car une publicité, ce n’est pas qu’une incitation à l’achat d’un produit X ou Y.

La publicité nous impose un modèle de société : une société vue par les marchands, une société qui ne cherche qu’à satisfaire ses désirs immédiats, une société parfaite selon les critères des multinationales, une société artificielle, déshumanisée mais hyper-sexualisée, où l’amour lorsqu’il est évoqué ne saurait être gratuit,  une société dans laquelle l’attention des parents à leurs enfants se mesure à la facilité qu’ils ont à mettre la main au porte-feuille, une société dont la perfection ne saurait être vue que sous l’angle du merchandising, (ou de buts plus sournois) une société amorale, cynique, violente, égoïste, envieuse, clinquante, vulgaire, une société enfin du « moi je » où la seule réussite possible se mesure aux chromes de votre gros 4×4, à votre soumission aux critères physiques à la mode et au nombre de gadgets  inutiles et coûteux que vous aurez acquis plus vite que votre voisin qui, dans ce sens, devient le concurrent, l’ennemi.  La publicité vous frustre et vous méprise pour faire naître en vous les désirs d’une perfection qu’elle a défini. Oui ! La publicité est beaucoup plus qu’une réclame pour une marque, elle est une action politique agressive, une modélisation de la société.

Rien n’échappe à ce monstre qui présente objets et événements pour nous les  imposer selon sa lecture et dont la tactique est la guerre d’usure, la banalisation par la répétition, la création d’une tolérance par habitus qui gomme petit à petit rejet et analyse critique. Là aussi, incapables d’éviter cette véritable peste dans notre environnement, vous et moi fermons nos esprits et tendons le dos en nous disant que « c’est comme ça, on y peut rien ».

C’est sur ce point que je voudrais insister : S’ il ne s’agissait que d’orienter nos achats, ce serait pénible mais finalement, nous aurions au moins la liberté de dire « non », et l’affaire serait close. Le grave problème est que : chaque image, chaque son, chaque symbole est enregistré, malgré nous, dans notre inconscient et que cette publicité omniprésente atteint un degré de manipulation contre lequel il me semble important que nous soyons alertés. 

Nous nous étonnons que l’ensemble de la population nous semble anormalement apathique : elle est hypnotisée, bombardée en permanence par des messages qui la transforment sournoisement et qui s’ajoutent aux mensonges de la propagande politico-sociale des médias. Les moyens mis en œuvre sont gigantesques.

Pour nous protéger et préserver notre lucidité nous devons savoir ce qui nous est fait . Soyons attentifs. Nous n’avons pas forcément la possibilité de nous isoler et la prise de conscience est la seule défense qui nous reste pour résister.

Galadriel

Voici l’analyse de ce processus décortiqué dans une brève vidéo de Frédéric Lordon sur la base d’exemples. Impressionnant.

 

Vidéo trouvée sur :

http://www.les-crises.fr/les-zeles-du-desir/

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