Dossier Charlie (suite) et valeurs républicaines : Ce qui attend vos enfants à l’école

On va les dresser ces sales moutards. On va leur inculquer de gré ou de force les valeurs républicaines, leur apprendre une « juste » critique des médias, en un mot les formater, les uniformiser, leur imposer la bien-pensance ! Ce n’est pas dit comme ça, mais lorsque l’on lit les mesures qui se mettront en place à la rentrée pour transformer nos chères têtes blondes ou brunes en parfaits futurs citoyens ça y ressemble…  Maîtres comme élèves plus une seule tête ne doit dépasser.  Ainsi le tour de vis autoritaire du gouvernement se prépare tant pour les adultes que pour les enfants. Le pétainisme n’est pas  mort. Et le pire est que si l’on regarde les votes d’hier, tout ça va passer comme une lettre à la poste !

Et si on apprenait d’abord aux enfants à se cultiver, à aimer lire et à compter* ? Mais la culture c’est dangereux pour un pouvoir : ça élargit l’esprit.

(*La France figurait en 25e position en maths dans le classement Pisa 2012 de l’OCDE et près de deux collégiens sur trois n’ont pas obtenu la moyenne à l’épreuve écrite de mathématiques du brevet en 2014, selon une note du ministère de l’éducation nationale.(Source : Le Monde)

 

education.gouv :

Extrait :

Renforcer la transmission des valeurs de la République

  • Un plan exceptionnel de formation continue des enseignants et des personnels d’éducation sera déployé pour les aider à aborder avec les élèves les questions relatives à la citoyenneté (française et européenne), à la laïcité, à la lutte contre les préjugés.
    Avant la fin de l’année scolaire, 1 000 premiers formateurs pour le premier et le second degré (inspecteurs, professeurs, professeurs documentalistes, directeurs d’école, chefs d’établissement, conseillers principaux d’éducation, personnels d’orientation, personnels de santé et sociaux, etc.), seront formés pendant deux jours sur la laïcité et l’enseignement moral et civique, afin qu’ils puissent répondre, dans chaque académie et chaque département, aux besoins de formation et d’accompagnement de leurs pairs.

    Des formations sur site à l’enseignement laïque du fait religieux ainsi qu’aux usages des technologies numériques et des réseaux sociaux seront proposées, à l’initiative des référents « laïcité » et « mémoire et citoyenneté » et des « référents éducation aux médias », nouvellement créés, de chaque académie, aux personnels de direction, aux corps d’inspection et aux enseignants.

    Dans l’enseignement agricole, ces thématiques seront prioritaires dans les documents régionaux de formation, et des actions de formation seront mises en oeuvre par l’École nationale de formation agronomique (ENFA), chargée de la formation des enseignants de l’enseignement agricole technique.

    Pour mieux répondre aux besoins de formation des équipes, les correspondants académiques de l’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et de l’inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale, de l’Enseignement et de la Recherche (IGAENR) feront remonter chaque année la typologie des difficultés rencontrées et des besoins exprimés sur le terrain, sur la base desquels l’IGEN et la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) élaboreront les actions de formation et les ressources pédagogiques appropriées.

  • La capacité des candidats « à expliquer et à faire partager les valeurs de la République » sera évaluée systématiquement dans les concours de recrutement.
  • Les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) seront mobilisées pour la formation à la laïcité des futurs enseignants et éducateurs.
    Elles feront une place prioritaire à l’enseignement de la laïcité et à la lutte contre les préjugés au sein du tronc commun de la formation de tous les éducateurs et de tous les professeurs du premier comme du second degré, quelles que soient leurs disciplines d’enseignement.

Un module sur l’enseignement laïque du fait religieux, élaboré notamment avec l’Institut européen en sciences des religions et des ESPE, sera mis à disposition de l’ensemble des ESPE et de l’ENFA. Un séminaire de toutes les ESPE avant l’été permettra de s’assurer de l’homogénéité des formations dispensées.

  • Des ressources pédagogiques nouvelles seront produites et mises à disposition des équipes éducatives et pédagogiques :
    – des ressources sur la pédagogie de la laïcité et pour l’enseignement laïque du fait religieux :
    – des ressources pour les formateurs ;
    – deux nouveaux parcours de formation sur la plateforme M@gistère dédiés respectivement aux professeurs du premier degré et à ceux du second degré sur l’enseignement du fait religieux, s’ajoutant à celui sur la laïcité, déjà disponible ;
    – un livret rassemblant les contenus pédagogiques essentiels (textes, Charte), les liens vers les ressources de formation, des questions/réponses juridiques sur les sujets sensibles relatifs à la laïcité ;
    – de nouveaux contenus pédagogiques vidéos pour la prochaine rentrée produits avec le réseau Canopé : série de films courts présentant les combats historiques pour la laïcité, proposant des incarnations dans des figures du passé et actuelles, etc.

    la mise en ligne d’un portail de ressources pédagogiques dédié à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, en lien avec la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antismétisme (DILCRA),

    la publication d’un livret opérationnel de prévention et de lutte contre les phénomènes de radicalisation, préparé en concertation interministérielle.

  • Il est demandé au Conseil supérieur des programmes de renforcer les contenus de l’enseignement laïque du fait religieux et de l’éducation aux médias et à l’information dans les programmes de l’école élémentaire et du collège.

[Mesure 2]
Rétablir l’autorité des maîtres et les rites républicains

  • Les règles de civilité et de politesse doivent être apprises et respectées à l’École. Lors de l’inscription des élèves et lors de la rentrée, le règlement intérieur, qui précise ces règles de civilité et de politesse, mais aussi la Charte de la laïcité seront présentés et expliqués aux élèves et à leurs parents, qui signeront ces documents pour manifester leur engagement à les respecter.
  • Tout comportement mettant en cause les valeurs de la République ou l’autorité du maître fera l’objet d’un signalement systématique au directeur d’école ou au chef d’établissement, d’un dialogue éducatif associant les parents d’élèves et, le cas échéant, d’une sanction. Aucun incident ne sera laissé sans suite.

  • Pour renforcer l’apprentissage des droits et des devoirs, le recours aux mesures de responsabilisation sera fortement développé. Dans ce cadre, l’élève doit réfléchir à la portée de son acte tant à l’égard de la victime éventuelle que de la communauté éducative. Le chef d’établissement, le responsable légal de l’élève et le responsable de la structure d’accueil, quand elle se déroule en dehors de l’établissement, signent un document définissant les modalités d’exécution de la mesure de responsabilisation. Les partenariats conclus au niveau national avec la Croix Rouge, l’UNICEF, l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV) et l’Institution de formation, d’animation et de conseil (IFAC) offrent un cadre pour la mise en place de mesures de responsabilisation se déroulant à l’extérieur de l’établissement.
  • Ces dispositions seront accompagnées d’une mobilisation dans la durée des cadres de l’Éducation nationale (inspecteurs généraux, recteurs, IA-DASEN, IA-IPR, IEN, chefs d’établissement), et de l’enseignement agricole (directeurs régionaux de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, inspecteurs de l’enseignement agricole, directeurs d’établissement), des référents mémoire et citoyenneté, des référents laïcité, des proviseurs vie scolaire auprès des équipes éducatives. Chaque recteur ou DRAAF élaborera un schéma de mobilisation des IA-IPR établissements et vie scolaire, des proviseurs vie scolaire, des corps d’inspection, des conseillers techniques et des équipes mobiles de sécurité pour apporter un soutien aux équipes pédagogiques et éducatives en difficulté.
  • Le rétablissement de l’autorité des maîtres passe également par la compréhension et la célébration des rites républicains et des symboles de la République (hymne national, drapeau, devise).
  • Une Journée de la laïcité sera célébrée dans toutes les écoles et tous les établissements le 9 décembre.
  • Les projets d’écoles et d’établissements détailleront les modalités de la participation active des élèves aux journées ou semaines spécifiques (semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, semaine de l’engagement), commémorations patriotiques, participation collective à des concours et à des « olympiades ».
  • L’organisation d’un temps annuel de rencontre et d’échange avec l’ensemble de la communauté éducative (cérémonie de remise de diplômes, valorisation des réussites des élèves, spectacle de fin d’année, etc.) doit être systématisée.

[Mesure 3]
Créer un nouveau parcours éducatif de l’école élémentaire à la terminale : le parcours citoyen

Le parcours sera construit autour :

  • Du nouvel enseignement moral et civique, qui entrera en vigueur dès septembre 2015 dans toutes les classes de l’école élémentaire à la classe de terminale, et dans toutes les voies du lycée d’enseignement général et technologique et du lycée professionnel. Il représentera, sur l’ensemble de la scolarité d’un élève, 300 heures dédiées.
  • L’enseignement moral et civique doit permettre aux élèves par une pédagogie active et le recours aux supports audiovisuels, de comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs (principe de discipline), de reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions et des modes de vie (principe de coexistence des libertés), et de construire du lien social et politique (principe de la communauté des citoyens). Il favorise le respect des droits et de la loi, l’égale considération des personnes,  la solidarité, l’entraide, la coopération, le sens de l’intérêt général et de la participation à la vie démocratique. Il intègre de manière transversale les problématiques de lutte contre le racisme, contre l’antisémitisme, contre les préjugés et contre toutes les formes de discrimination, les notions de droits et de devoirs, le principe de laïcité.
  • D’une éducation aux médias et à l’information prenant pleinement en compte les enjeux du numérique et des ses usages. Indissociable de la transmission d’une culture de la presse et de la liberté d’expression, l’éducation aux médias et à l’information est un enseignement intégré de manière transversale dans les différentes disciplines. Il doit apprendre aux élèves à lire et à décrypter l’information et l’image, à aiguiser leur esprit critique et à se forger une opinion, compétences essentielles pour exercer une citoyenneté éclairée et responsable en démocratie.
    Le ministère veillera à ce qu‘un média – radio, journal, blog ou plateforme collaborative en ligne – soit développé dans chaque collège et dans chaque lycée. Les professeurs documentalistes seront tout particulièrement mobilisés à cette fin. C’est en effet en engageant les élèves eux-mêmes dans des activités de production et de diffusion de contenus, notamment à travers les réseaux sociaux et les plateformes collaboratives en ligne, qu’ils prendront le mieux conscience des enjeux attachés à la fiabilité des sources, à l’interprétation des informations et à la représentation de soi en ligne.
    Dans l’enseignement agricole, cette éducation aux médias et à l’information sera renforcée dans le cadre de l’éducation socioculturelle.
    Le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) restera pleinement engagé sur ces enjeux pour le ministère.
  • De l’enseignement aux élèves du jugement, de l’argumentation et du débat dans les classes dès l’école élémentaire. Dans le second degré, toutes les disciplines doivent être mobilisées à cette fin. Les enseignants seront formés et accompagnés.
  • De l’inscription des élèves de l’enseignement professionnel et des apprentis pendant leurs parcours de formation à des ateliers débats et philosophiques dans le cadre de l’enseignement moral et civique ; à des activités sociales et civiques de l’entreprise où se déroulent les périodes de formation en milieu professionnel et les périodes d’alternance ; à l’engagement associatif et l’implication dans les organisations associatives professionnelles.
  • De la préparation en amont de la Journée défense et citoyenneté (JDC) dans les établissements avec les lycéens.
  • La participation et les initiatives des élèves seront développées :
    Développement des « conseils d’enfants » dès l’école primaire, des conseils de la vie collégienne et soutien renforcé aux conseils de la vie lycéenne.
    Encouragement des actions éducatives dans le cadre des projets éducatifs territoriaux (par exemple participation des élèves à des conseils municipaux d’enfants).
    Renforcement des capacités d’initiative des associations lycéennes et mobilisation de moyens nouveaux à destination des journaux lycéens et des activités de création et d’animation médias en favorisant les projets partenariaux avec le monde des médias et le monde économique.
    Relance de la semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, fin mars, pour en faire un temps fort de mobilisation de la communauté éducative et de l’ensemble de la société civile. Renforcement de la semaine de l’engagement en septembre, en lien avec les partenaires associatifs.
    Valorisation de l’engagement associatif des élèves, de l’implication auprès de leurs pairs qui ont besoin de soutiens variés (élèves nouvellement arrivés en France, élèves en difficulté, élèves en situation de handicap), etc. La vice-présidence des associations sportives par les élèves sera systématisée, et les prises de responsabilité au sein des associations sportives valorisées. Les formations de jeunes coachs et de jeunes arbitres seront développées. Les expériences d’engagement vécues par les élèves pendant leurs temps de loisirs et de vacances seront encouragées (cf. plan du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports).
  • Les actions relatives à la formation du futur citoyen et à la promotion des valeurs de la République et de la laïcité seront inscrites systématiquement dans les projets d’école et les projets d’établissement. Ces actions seront particulièrement valorisées et explicitées auprès des parents d’élèves. Toutes les écoles et tous les établissements devront, d’ici la fin de l’année scolaire, réécrire leurs projets d’école et d’établissement pour y intégrer ces éléments. Ces projets détailleront également les modalités du parcours citoyen.

Le parcours citoyen sera évalué à la fin de la scolarité obligatoire selon des modalités qui seront définies au printemps. De manière complémentaire, les jeunes de plus de 16 ans, poursuivront leur parcours citoyen afin de préparer pleinement et de solenniser leur entrée dans la République (cf. plan du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports).

http://www.education.gouv.fr/cid85644/onze-mesures-pour-un-grande-mobilisation-de-l-ecole-pour-les-valeurs-de-la-republique.html

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Ces mesures sont à lier à ceci : (Du coup, on en comprend tout de suite mieux l’esprit…)

Rappel :

Présente vendredi dernier à une table ronde dans un collège de Seine-et-Marne, Najat Vallaud-Belkacem a profité de la présence des médias pour les mettre en garde contre les « théories du complot » qu’ils sont susceptibles de véhiculer.

« Préoccupée » par les rumeurs qui circulent suite aux attaques commis en France il y a un peu plus de deux semaines, la ministre de l’Éducation, emportée dans son élan, a émis l’idée de créer une « chaîne de télévision pour les enfants ». Lorsqu’on veut contrôler les esprits des plus jeunes au point de vouloir gommer leur capacité à différencier les sexes, on va jusqu’au bout.

Lire la suite sur l’OJIM

http://quenelplus.com/revue-de-presse/une-tele-pour-les-enfants-pour-lutter-contre-les-theories-du-complot.html

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CRITIQUE  :

On n’impose pas des valeurs

17/01/2015

Laïcité, valeurs de la République et « l’école, qui est chargée de transmettre ces valeurs » : difficile de ne pas avoir entendu quelques morceaux de bravoure républicaine ces jours-ci. Mais des valeurs, on les partage, on y adhère, on ne les impose pas par un acte d’autorité.

Cela suppose au contraire échanges, confrontations et questions. « J’ai raison parce que je suis l’institution » n’est pas seulement impraticable dans la France du XXIe siècle, c’est une conception dangereuse qui remplace le dialogue, la conviction par l’obéissance et le dressage. Et qui peut prétendre que l’autorité reconnue serait l’autorité civile plutôt que religieuse ou autre ?

Former des citoyens, c’est offrir les éléments de jugement pour un esprit critique qui ne prend pas pour argent comptant tout ce qui se dit ou s’écrit. Combattre les thèses complotistes invraisemblables qui se répandent parfois comme une traînée de poudre suppose des individus attachés à un raisonnement rationnel.

Et puis il ne suffit pas de rappeler la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », d’en appeler au roman national. C’est en réalité presque indécent quand, depuis des années, chacun de ces mots est foulé aux pieds par ceux-là même qui s’en gargarisent aujourd’hui.

Les libertés se restreignent au nom de la sécurité, les inégalités s’envolent et des populations sont stigmatisées pour leur religion ou leur couleur de peau, voilà la réalité. L’incroyable fossé qui existe entre certains discours officiels et la réalité quotidienne des pratiques politiques n’est pas pour rien dans la perte de légitimité de toutes les institutions.

Les phrases de Najat Vallaud-Belkacem ne sont pas un malheureux dérapage dans un contexte difficile, mais le symptôme d’un vide profond des élites politiques.

Elles ont un tel souci de coller à ce qu’elles s’imaginent être l’état de l’opinion qu’elles en viennent à énoncer ce type d’aberrations. Leur discours sur les valeurs est tellement creux, tellement désincarné par rapport à la situation réelle qu’ils construisent tous les jours, qu’ils ne savent plus à quoi se raccrocher – si ce n’est aux figures de l’ordre et de l’autorité.

Cet état d’esprit, s’il devait perdurer, serait le prélude à de nouvelles régressions de tous ordres. Le climat de peur entretenu contre un « ennemi de l’intérieur » ne peut que nourrir ceux qui portent un projet politique raciste.

Article intégral :

http://www.regards.fr/web/article/charlie-hebdo-vallaud-belkacem-ne

Image à la une :

La propagande fasciste adressée aux enfants

http://horslesmurs.ning.com/group/900lesiclebref900ilsecolobreve/forum/topics/la-propagande-fasciste

 

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