Éco.. Écologie ? Mais on s’en fout !

Voici deux articles qui vous prouveront que l’opinion publique, et particulièrement celle des écologistes n’a aucun poids face à l’intense lobbying des monstres de l’agro-industrie. On les chasse par la porte ? Pas de problème. Ils contournent et reviennent par la fenêtre, avec la complicité du pouvoir. Principe de précaution ? Santé publique ? Risques environnementaux ? Souffrance animale ?  (fermes-usines) On s’en fout ! Le fric avant tout ! Un seul but, un seul évangile : « l’optimisation économique ». Moi, j’appelle ça du bio-terrorisme. J’espère qu’un jour tous ces malfaisants seront jugés.

Galadriel

 

François Hollande veut « poursuivre » les efforts de recherche sur les OGM

Le Monde.fr avec AFP

François Hollande qui doit inaugurer samedi matin le 52e salon de l’agriculture à Paris, a répété vendredi 20 février la volonté de la France de « poursuivre » ses efforts de recherche sur les OGM.

Si il admet que « les consommateurs, qu’ils soient français ou européens, sont hostiles aux OGM qui existent aujourd’hui », le président, qui s’est exprimé dans un entretien à l’agence de presse agricole Agra Presse, affirme que « notre pays doit poursuivre son effort de recherche publique sur les biotechnologies ».

Concernant les OGM, les consommateurs « les considèrent, à tort ou à raison, comme n’apportant pas d’avantages réels mais comportant au contraire des risques pour l’environnement », rappelle le président. Un jugement qui rend encore plus important la recherche, selon lui, « de manière à éviter leur mauvais usage, voire dénoncer ceux qui les instrumentalisent ».

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UN LABORATOIRE DE RECHERCHE

« L’objectif est d’intégrer les avancées de la science dans le travail agricole » et « le Haut Conseil des biotechnologies sera un lieu utile pour faire partager ces enjeux à l’ensemble des acteurs », explique-t-il encore.

Face aux attaques systématiques des anti-OGM, il ne reste plus qu’un laboratoire de recherche sur le sujet en France, en Auvergne, piloté par la coopérative agricole Limagrain. En mai dernier, les principaux organismes de recherche publics de France (CNRS, ANR, Inserm, CEA, Ifremer, etc.) avaient exprimé leurs difficultés à travailler sur le sujet, condamnant au passage la relaxe par la Cour d’appel de Colmar de 54 « faucheurs volontaires » qui avaient détruit en 2010 une parcelle de vigne OGM expérimentale.

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Comment les agrocarburants ont conduit aux fermes-usines

 

Si Sofiprotéol a bâti sa fortune sur les agrocarburants, bien aidés par les pouvoirs publics, il assied désormais sa puissance dans le monde agricole par l’élevage. Rebondissant sur la crise du lait, il s’est positionné comme le leader de l’alimentation animale. Et favorise le développement des fermes-usines pour écouler ses stocks. Avec une nouvelle astuce pour faire accepter le tout : la méthanisation, nouvelle énergie propre à la mode.


Sofiprotéol a donc construit son empire sur un agrocarburant, le diester, qu’il a abondamment financé grâce aux fonds publics. Soit. Mais il reste un problème à régler : que faire des déchets issus de sa production ?

Car la trituration, l’étape industrielle qui transforme le grain de colza ou de tournesol en huile végétale, laisse à sa suite un coproduit, qu’on appelle le tourteau. Pour 1 000 kg de ces graines qui donneront le diester, on obtient 560 kg de tourteaux.

Or la production de diester se faisant plus importante avec le boom des années 2000, le volume de tourteaux disponible est devenu chaque année plus conséquent.

Heureusement pour Sofiprotéol, ce tourteau constitue une nourriture très protéinée, parfaite pour remplacer dans l’alimentation animale le soja OGM tant décrié, venu d’Amérique. Cela tombe d’autant mieux que la filière des agrocarburants ne s’avère plus si rentable : “Les tourteaux sont indispensables à l’équilibre économique de la filière huile alimentaire et carburant”, explique Luc Ozanne, à la direction des engagements Sofiprotéol.

Valorisation indispensable en alimentation animale

Compte tenu des volumes à écouler, l’avenir du diester s’avère dépendre de la capacité des animaux à absorber ces tourteaux. C’est pourquoi, en 2007, Sofiprotéol prend le contrôle de Glon-Sanders, alors le n°1 en France de l’alimentation animale. La « pieuvre Sofiprotéol“, comme la qualifie Attac, participe également à l’offre publique d’achat d’Evialis, une autre entreprise spécialisée dans l’alimentation animale.


– Logo de la marque Sanders, appartenant désormais au groupe Avril –

Le colza est mis à la mode dans l’alimentation animale. Les coopératives s’y mettent, à l’image d’InVivo qui “engage des études sur les coproduits (du colza énergétique NDLR) et leur utilisation en alimentation animale”.

Les chambres d’agriculture font de la réclame, comme celle de la Haute-Marne avec cette accroche : “Le tourteau de colza pur, ça marche aussi !!”.

Dans le même temps, afin de rendre le colza digeste pour tous les animaux, l’entreprise met à contribution la recherche, celle de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) notamment. On le teste même pour nourrir le canard.

Le tourteau se vend partout via des alliances, car « Sofiprotéol est associé à la plupart des acteurs économiques de l’agriculture, coopératives et négociants”.

Mais le résultat tarde à venir : en 2009, les incorporations de tourteaux de colza dans l’alimentation animale sont de 31 000 tonnes alors que la production de diester atteint 1,8 million de tonnes. Le compte n’y est pas.

Le défaut de l’herbe : elle pousse toute seule


– Usine Sanders en Bretagne –

Pour Sofiprotéol, il faut donc s’assurer de meilleurs débouchés. Les vaches laitières, très gourmandes en protéines, en représentent un très intéressant : la France, deuxième producteur laitier d’Europe, en compte alors pas loin de 4 millions. Problème, nos bovins consomment encore en majorité “cette herbe suspecte de pousser toute seule”, dixit un ancien dirigeant de la FNSEA.

C’est à ce moment-là qu’intervient la crise du lait, en 2008 et 2009. Elle marque le tournant. La FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), branche laitière de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) prône la contractualisation comme solution à la crise.

De quoi s’agit-il ? En échange de la collecte d’un volume de lait garanti, l’éleveur doit s’engager à acheter à sa coopérative tous les produits qu’elle peut lui vendre. En tête desquels… l’alimentation animale.

- La contractualisation selon le rapport Racine :

PDF - 1.9 Mo

L’effet de levier d’un tel contrat serait une aubaine pour Sofiprotéol. Et qui est alors le vice-président de la FNSEA qui pousse dans le sens de cette contractualisation ? Xavier Beulin, qui dirige en même temps Sofiprotéol…

Mais la majorité des éleveurs refuse cette clause, tout comme de négocier un contrat en direct avec leur laiterie – souvent des géants comme Lactalis ou Sodiaal. Et devant la levée de boucliers provoquée par cette idée, le projet est plus ou moins abandonné.

Un fonds laitier géré par Sofiprotéol

Au même moment (2008), un fonds interprofessionnel laitier se crée, le Fedil, doté de 15 millions d’euros, pour soutenir la filière laitière. Et à qui est confiée la gestion du Fédil ? A Sofiprotéol.

Joli tour de passe-passe : on ouvre la porte du marché laitier à l’activité industrielle de Sofiprotéol, mais on justifie ce choix par son activité financière. Le mélange des genres est total : “Les élevages laitiers constituent le premier débouché des tourteaux de colza. Il était donc naturel que Sofiprotéol mît son savoir-faire d’établissement financier à la disposition du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) pour gérer son Fonds de développement des entreprises de transformation laitière (FeDil)”, déclare Sofiprotéol dans son rapport d’activité 2011.

- L’extrait du rapport d’activité :

PDF - 116.6 ko

Les fermes tombent les unes après les autres. Les éleveurs sont pris en tenaille entre un prix du lait qui baisse et des charges en hausse : le prix de l’alimentation animale s’est envolé avec celui des céréales (en partie à cause des agrocarburants, qui réduisent l’offre), tandis que le prix du pétrole – nécessaire aux tracteurs – flambe. Ils demandent une régulation des volumes de lait et un prix qui tienne compte de ces hausses. Sans être entendus. La contractualisation est finalement rendue obligatoire par la Loi de modernisation agricole en 2010. Elle impose un bras de fer très inégal. L’industrialisation de l’élevage est en route, comme le chantent les éleveurs laitiers :

- Vidéo des laitiers

Le Haut conseil à la coopération agricole (HCCA), alors présidé par… Xavier Beulin, chiffre en 2010 les conséquences dans un rapport au titre explicite : La filière laitière française : la compétitivité aura un prix, des choix inéluctables. Le scenario prévoit la reduction par deux ou par trois du nombre de fermes laitières à l’horizon 2035. Le résultat est connu : il faut compenser par de grandes fermes.

Le colza, la solution à tous vos problèmes…

D’ailleurs, Xavier Beulin ne s’en cache pas : les troupeaux doivent s’agrandir nous dit-il. C’est le seul moyen de s’en sortir :

SUITE DE L’ARTICLE ICI :

http://www.reporterre.net/ENQUETE-4-Comment-les

Source : Barnabé Binctin et Laure Chanon pour Reporterre

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