Business mortel : Quand le profit n’a pas de limites

Ne croyez pas que nous sommes à l’abri. Soyez prudents..

Parce que l’original est  inabordable, ou que c’est interdit, des réseaux parallèles de distribution de copies de tous genre se sont mis en place. Internet  est un grand fournisseur de produits non ou mal contrôlés  la plupart du temps, venant de pays émergents où une législation stricte  n’a pas eu le temps ou la possibilité de se mettre en place. Le procédé se comprend. Qui ne tenterait pas sa chance pour se sortir de la misère ? 

Ce qui n’ est pas  excusable, c’est l’exploitation de cette faille par une mafia internationale organisée qui fait fabriquer ces copies (notamment de médicaments revendus aux pauvres)  à un coût plancher, avec n’importe quoi et se moque bien que les produits vendus soient nocifs, voire mortels pour leurs utilisateurs.  Pour ces organisations, la vie, la mort, la souffrance d’autrui, quelle importance par rapport à un tas d’or ?

 

La misère comme source de profit

La contrefaçon est devenue source d’empoissonnement des populations et véritable cauchemar de santé publique.

Si on ne meurt pas en achetant un faux sac à main Vuitton, on peut mourir avec un médicament ou un aliment contrefait.

Cela arrive tous les jours dans les pays en développement, traitements contrefaits contre le sida, le paludisme ou la tuberculose au mieux placebo sans effet thérapeutique, au pire ingrédient dangereux et nocifs, les deux pouvant provoquer la mort faute de soins adéquates quand cela n’induit pas le risque réel d’engendrer des souches résistantes.
D’après une étude publiée par la revue médicale britannique, The Lancet, sur le million de personnes décédant du paludisme chaque année en Afrique, 200 000 auraient pu être sauvées si des médicaments authentiques étaient distribués.

Ces pays privés de traitements abordables, sont de grands consommateurs de produits contrefaits, la pauvreté poussant les gens à acheter leurs médicaments dans la rue, les gares, les marchés, voire à l’unité et ceux-ci, vendues moins chers, sont en majorité contrefaits.

Conséquence : des centaines de milliers de morts.

Ce bilan macabre regorge d’exemples : plusieurs centaines de morts au Panama dus à l’ingérence en masse par des bébés de sirop contenant de l’antigel,

2500 morts au Niger pour avoir reçu lors d’une épidémie de méningite des faux vaccins inactifs qui ne contenaient que de l’eau,

en Colombie des tablettes de médicaments contre la grippe qui contenaient de la cire et de la peinture chargée en plomb afin d’imiter la couleur des produits originaux ont été distribué par dizaines de milliers.

Et l’Europe n’est pas exempte de ce péril,

grâce à Internet nous voyons fleurir des offres alléchantes pour anti-inflammatoires, antidouleurs ou antiseptiques sans parler des pilules amincissantes, des produits anabolisants ou bien encore du Viagra.

L’OMS évalue la contrefaçon dangereuse de l’ordre de 10% de la consommation totale en Russie, 25% en Inde, 40% au Pérou, 48% au Nigéria et 70% en Angola. Les cas de décès ou d’effets secondaires irréversibles sur les consommateurs les plus démunis se comptent par centaines de milliers.

La contrefaçon alimentaire n’est pas épargnée par cette pandémie :

huile et vinaigre, biscuits et barres chocolatées, épices et condiments, céréales et miel, produits laitiers et boissons ont le triste privilège de figurer au palmarès de la fraude aux faux aliments. D’après une étude Ipsos, la contrefaçon alimentaire représenterait 10 % des produits contrefaits saisis.

Le plus grave c’est que nous avons à faire à des groupes mafieux organisés à l’échelle mondiale. La contrefaçon devient un centre de profit majeur pour le crime organisé.

En Afrique occidentale, plus de la moitié des médicaments et 80% des cigarettes pour la plupart contenant un fort pourcentage d’arsenic et de plomb (voire saupoudrées de cocaïne pour accrocher une clientèle jeune) sont contrefaits, le tout pour un chiffre d’affaire estimé à plus de 1 milliard de dollars par an.

Au niveau mondial, le chiffre d’affaires de la contrefaçon est estimé à 500 milliards d’euros coûtant plus des 200 000 emplois et rapportant 10 à 25 fois plus que le trafic de drogue tout en étant beaucoup plus facile (internet, voie postale, frontières mal contrôlées) et surtout moins risquée du fait des faibles sanctions encourues, la contrefaçon étant considérée comme un délit et non pas pénalisée comme un crime bien que que nous sommes face à un risque d’empoisonnement de la population.

De plus, ce fléau s’étend à de plus en plus d’industries et de secteurs industriels :

jouets, pièces détachées, dvd, produits de luxe, textiles, logiciels informatiques, Microsoft estime perdre 20 milliards de dollars par an dans le monde pour ses propres produits.

Il faut rappeler que les réseaux criminels et mafieux sont « des profiteurs d’opportunités ». Ils ne créent ni n’inventent les produits à contrefaire.

Dans une économie globalisée, ils exploitent les brèches ouvertes et les dommages collatéraux découlant de cette globalisation mal maitrisée et insuffisamment régulée, faisant ainsi leur miel d’un manque d’harmonisation tarifaire et fiscale intra états.

Aucun secteur économique n’est aujourd’hui à l’abri du risque de contrefaçon à partir du moment où l’opportunité, la facilité et le potentiel à obtenir de forts profits financiers à risque réduit existent.

Nous sommes face à un fléau mondial dont l’ampleur et la rapidité de développement nous a devancés, les outils actuels étant insuffisants pour enrayer le phénomène et apporter des solutions fiables et indispensables

Face à cette pieuvre aux multiples tentacules, les Etats ne peuvent plus se contenter de demi-mesures et tous les agents économiques malmenés par ce phénomène – industriels, douanes, polices et autorités de santé – doivent s’unir pour remonter les filières et tous ensemble, au-delà de leurs intérêts personnels, mettre en place les outils technologiques et législatifs à disposition ou à créer pour que les mesures prises soient enfin efficaces et fassent régresser ce business de la mort et cette prise en otage de la misère.

Michel bougydeval

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-misere-comme-source-de-profit-160485

 

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