Météo : Le monstre El Nino s’est dégonflé

(Ou comment les météorologues s’égarent dans le brouillard des données) . Les prévisions erronées d’avril dernier avaient été publiées sur le blog. Rectification.

Vous noterez que les explications sont assez floues. Ce n’est pas El Nino, mais tout de même ça lui ressemble…  Ce n’est donc pas parce que les prévisions ont changé que les événements climatiques qu’il génère ont disparu pour autant. Allez y comprendre quelque chose….

Observez une pomme de pin posée sur votre fenêtre. Si les écailles sont bien fermées, l’air est très chargé en humidité et le temps sera pluvieux ou brouillardeux. Si les écailles s’écartent, c’est en principe signe de temps sec…  Ça, c’est une météo sûre.. 🙂

Pourquoi tout le monde s’est trompé sur le phénomène El Niño

J’ai eu tort. Malgré mes prédictions en avril dernier, je dois déjà admettre qu’il n’y aura pas de super El Niño cet hiver. En fait, selon de nouvelles informations révélées le 4 novembre, les chances qu’il n’y ait même aucun El Niño sont en train d’augmenter.

Etant donnés ces ridicules modèles de prévisions en date d’avril, de nombreux prévisionniste (vous pouvez les compter: ici 1, là 2, 3, 4…) ont mordu à l’hameçon. (Certains, soyons justes, étaient néanmoins plus mesurés.)

Pour commencer, une rapide explication: pour qu’un événement El Niño majeur survienne, l’atmosphère et l’océan doivent unir leurs forces. Les alizées du Pacifique peuvent changer de direction lors d’El Niños importants, injectant de l’eau chaude à la surface, qui renforce le phénomène et qui initie une réaction en chaîne menant à une météo anormale.

Au final, un fort El Niño n’est simplement pas arrivé. Et désormais, il semblerait que même la probabilité d’une version réduite du phénomène soit incertaine. Que se passe-t-il?

Sur le site officiel de la National Oceanic and Atmospheric Administration consacré à El Niño, Emily Becker écrit que des événements moins forts, comme celui qui se forme cette année, sont plus difficiles à prévoir. Même si la prévision climatique saisonnière connaît des résultats plutôt probants depuis des dizaines d’années, la majorité des événements non anticipés se sont produits plus récemment, depuis les années 2000, lorsque des phénomènes plus faibles étaient la règle.

Les prévisions climatiques saisonnières ont tendance à se focaliser sur le signal qui témoigne du réchauffement de l’océan Pacifique central qui définit El Niño. Mais cette année, le Pacifique était chaud à peu près partout, déséquilibrant peut-être ainsi l’association cruciale entre atmosphère et océan pour obtenir un El Niño mature.

Angela Fritz, du Washington Post’s Capital Weather Gang, explique:

«Quand la surface océanique est partout assez chaude, il n’y a pas de fort gradient de température [pas de forte variation, ndlr] à partir duquel la composante atmosphérique peut se former.

 

Plus important encore, pour qu’El Niño se réalise, le gradient de la température de la surface de la mer doit ne pas être élevé à l’équateur, de l’Australie à l’Amérique du Sud. Ce gradient, de tempéré à l’ouest à plus chaud à l’est, pousse les vents le long de l’équateur, ce qui produit en retour un gradient de température plus élevé, et ainsi de suite.»

Par essence, un océan Pacifique qui se réchauffe graduellement réduit notre capacité à prédire le phénomène climatique saisonnier le plus important, tout en l’atténuant.

Pour les météorologues, cela signifie que les prévisions de cette année ont été «assez frustrantes». Ce qui rappelle un autre feu de paille, qui remonte à tout juste deux ans.

Néanmoins, cela ne signifie pas que les changements équivalents à El Niño ne se sont pas produits. Des conditions limites pour être qualifiées d’El Niño (tout dépend de la définition) persistent depuis des mois maintenant. Des effets équivalents à El Niño se sont déjà fait ressentir à travers le monde –comme les méga-sécheresses actuelles du Brésil, une saison de la mousson morose en Inde, les balbutiements d’une saison d’ouragans dans l’Atlantique et le festival de tempêtes tropicales à Hawaii.

Oh, et le monde est aussi en lice pour sa plus chaude année jamais enregistrée, boostée par El Niño.

Mais pour ceux qui observent les performance d’El Niño, ce n’est pas assez. Et surtout, ça ne justifie pas, même de loin, le genre de prédictions que moi et d’autres avons réalisées cette année.

Il y a toujours une chance que le quasi-El Niño de cette année atteigne les critères officiels et se prolonge même jusqu’en 2016. Mais ce ne sera pas le monstre auquel bon nombre d’entre nous pensions.

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