Plus belle la vie : Une histoire d’amour.

Un  peu de lumière dans la grisaille.

Il y a des jours comme ça, où l’on a envie de fermer les yeux, d’oublier cette ambiance plombée, de respirer de l’air pur, de contempler un ciel sans nuages et de se nourrir d’autre chose que de cette inquiétante actualité.. Il y a des jours comme ça où l’on aimerait que la vie soit plus belle et quoi de mieux pour l’embellir qu’une histoire d’amour ?

Bien sûr, nous devons ouvrir nos consciences, connaître pour savoir contre quoi lutter, savoir ce que nous ne voulons pas vivre pour choisir ce que nous voulons être.

Mais pour cela il nous faut de la ressource. Il nous faut entretenir en nous, envers et contre tout, cette vertu cardinale qui s’appelle espérance.

Sans cette foi  en la vie, nous nous  désabusons, nous nous paralysons nous nous détruisons dans un « à quoi bon? »  qui laisse la place au pire..

Dans cette société des images en toc  et des mots chocs ne sont mis en exergue à longueur de médias, (y compris  la plupart des blogs lanceurs d’alerte -parce que c’est leur rôle)  que la violence, la haine, le mensonge, l’orgueil fou, le mépris de la Vie.

L’on finit par oublier que la création est un merveilleux équilibre dans son chaos apparent.

De l’amour, de la compassion, du dévouement et du courage il y en a, au quotidien, partout, dans le monde entier, même sur les champs de bataille, et sans doute même chez le plus haïssable. On peut être un parfait salaud et aimer profondément sa famille, avoir le sens de l’amitié. C’est étrange et incompréhensible… Mais l’homme est ainsi fait. Il a ce pouvoir de choisir à l’infini la tonalité de la note qu’il va jouer dans la symphonie de son existence. Comprenne qui peut.

Mais arrivons à notre propos :

Les animaux aussi, aiment.  Ils arrivent même à aimer  ceux qui les maltraitent. Auraient-ils en eux cet amour universel qui nous semble à nous, les êtres « supérieurs », si difficilement accessible ?

Les faits sont là et témoignent de tous temps : Il nous donnent beaucoup de joie et illuminent  la vie de nombreux d’entre nous.

Ils nous aiment parfois jusqu’au sacrifice, c’est ce que raconte cette émouvante histoire.

Galadriel

UNE CHIENNE DONNE SA VIE POUR DES HUMAINS

 

Dans son livre « Histoires vraies d’animaux exceptionnels », Joëlle Dutillet, journaliste de « 30 Millions d’Amis », raconte l’histoire de Maui, une chienne terre-neuve qui sauvera son maître et 3 autres personnes de la noyade, en y laissant sa propre vie.

– Maui avait deux mois lorsqu’elle m’a été offerte pour mon mariage. Ma femme et moi rêvions d’un terre-neuve. Nous aimions son regard franc et doux et sa morphologie proche d’un gros nounours ! Nous faisions du surf, de la planche à voile ; il nous fallait un chien qui aime l’eau.

Pascal s’inscrit avec Maui au « Club du chien de sauvetage nautique ». Ce club se sert des aptitudes des terre-neuve pour aller chercher un objet dans l’eau. Le maître et le chien suivent la même formation. Le chien apprend à sauver des vies en sortant des gens de l’eau, en les prenant par le poignet. Il peut aussi remorquer la victime si celle-ci s’accroche à sa croupe.

– Maui se donnait à fond dans tout ce qu’elle faisait, aussi bien dans le jeu que dans la relation affective. Elle ne faisait pas les choses à moitié. Elle l’a prouvé par la suite ! Au début, quand elle était toute petite, elle sortait tous les baigneurs de l’eau croyant qu’ils se noyaient ! Bien sûr, en grandissant, elle a appris à ne partir dans l’eau que sur mon ordre.

Durant l’été 1998, Pascal et sa femme, Frédérique, décident de passer leurs vacances en Corse, sans savoir que leur séjour va se transformer en cauchemar.

– Cela s’est passé sur la plage de Portigliolo. Le drapeau rouge était hissé car il y avait du vent et des vagues de plusieurs mètres. J’ai vu mon ami Bruno, qui était dans l’eau, me faire des signes. Il me montrait trois nageurs en difficulté qui n’arrivaient pas à regagner la plage. Des gens avaient appelé les pompiers. Aucun ne s’est mis à l’eau ! Les vagues étaient si violentes qu’ils pensaient récupérer des cadavres ! Je me suis levé, j’ai appelé Maui et j’ai plongé. J’ai nagé vers les trois baigneurs en détresse. C’était difficile, les vagues étaient de plus en plus hautes. Je maintenais la tête de Maui hors de l’eau, car les vagues gigantesques la recouvraient. Parmi ces trois personnes, il y avait deux adultes et un enfant de 10 ans. Lorsque je suis arrivé sur eux, Bruno leur avait donné sa planche de surf pour qu’ils s’y accrochent. J’ai agrippé la croupe de ma chienne d’une main et la planche de l’autre. J’ai donné l’ordre à Maui de tirer à terre, comme pour un exercice de sauvetage.

Courageusement, Maui avance en tractant 5 personnes. Les vagues sont de plus en plus violentes et le groupe progresse très lentement. Pour aider Maui, Pascal demande aux gens de bouger leurs pieds, pour avancer plus vite. Ils ne réagissent pas.

– J’ai réalisé qu’ils étaient trop épuisés pour bouger. Ce n’est pas le poids qui gênait Maui. Un terre-neuve est tellement puissant qu’il peut tracter jusqu’à 8 tonnes ! C’était la violence des vagues qui l’empêchaient d’avancer. A plusieurs reprises, sa tête a plongé sous l’eau. (…)

Courageusement, en dépit du vent et de la violence des vagues, la chienne avance vers la plage avec son chargement. A cet instant, Pascal voit arriver une vague gigantesque. Il rassemble ses dernières forces et envoie surfer la planche et sa grappe humaine sur la vague. La vague énorme s’abat violemment sur la plage avec son chargement. Les deux adultes et l’enfant sont sains et saufs. Durant ce temps, Pascal s’agrippe à sa chienne, mais il n’en peut plus. Les vagues le submergent. Il s’apprête à mourir :

– Je n’arrivais pas à sortir des vagues. J’étais à bout de forces, j’ai cru que c’était fini, que j’allais mourir. J’ai lâché Maui, j’ai crié l’ordre que l’on donne à l’entraînement : « à terre ! » pour qu’elle sauve sa vie et regagne la plage.

Mais Maui n’obéit pas à cet ordre. Elle a été formée pour sortir les gens de l’eau ; pas pour les laisser se noyer. La chienne, qui nageait vers la plage, s’aperçoit que Pascal ne s’accroche plus à son poil. Elle fait demi-tour et revient chercher son maître dans l’enfer des vagues déchaînées.

– Maui s’est mise à tourner sur elle-même. J’ai compris qu’elle me cherchait et qu’elle ne voulait pas revenir sans moi !

Au moment où Pascal croit sombrer, une vague miséricordieuse le soulève et le jette sur la plage. Sous la violence du choc, il se retrouve assis dans le sable, son short en lambeaux. Il s’évanouit. Pendant ce temps, les vagues ont ramené Maui vers le bord. Frédérique, la femme de Pascal, arrive à l’attraper par son collier, mais une vague surgit et lui arrache Maui. Cette dernière vague est fatale à la chienne. Elle ressurgit des flots, les pattes en l’air et Frédérique comprend qu’elle est morte. En vain, avec Bruno, l’ami du couple, ils essaieront de la ranimer. C’est la vision de sa chienne, allongée sur le sable, qu’emportera Pascal, emmené par hélicoptère à l’hôpital. (…)

Maui a été enterrée sur la plage même où s’est passé le drame. Alertés, les médias s’emparent de l’histoire. Le préfet de la Corse du sud propose la médaille du courage à Pascal. Il la refuse et répond : « Donnez-la à ma chienne. J’ai fait un acte de civisme, Maui a fait un acte d’amour ! » Malheureusement, cette médaille n’existe pas pour les animaux… néanmoins, Pascal a reçu plusieurs distinctions qu’il a dédiées à sa chienne (…)

La préfecture de Strasbourg organise, au mois d’août 1998, une cérémonie : la remise d’une petite chienne terre-neuve à Pascal. Liliane Sujansky représentait la Fondation Assistance aux animaux qui avait contribué à l’achat du chiot. Elle évoque cette cérémonie avec beaucoup d’émotion :

– Les gens du club des « Maîtres-Chiens Sauveteurs Aquatiques » étaient venus avec leurs terre-neuve, des chiens splendides. Ils ont rendu un hommage si émouvant à Maui que j’ai pleuré, et beaucoup de gens avec moi ! Ensuite, on a déposé dans les bras de Pascal, Omaha, une petite femelle terre-neuve de deux mois. (…)

Que sont-ils devenus ?

C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai rappelé Pascal. Il s’était écoulé neuf ans depuis notre entrevue et j’avais peur qu’il m’annonce qu’Omaha était morte. Je sais à quel point la mort d’un chien peut raviver la perte d’un autre…

En fait, il m’a donné une bonne nouvelle : Omaha vit toujours. Elle a 12 ans et demi. Elle a été mise à la retraite. Ce qui fait que Pascal ne pratique plus le sauvetage. Il a retrouvé une passion : il est devenu producteur de musique électronique et possède un label : LoveZone Records. Il est toujours enseignant.

Histoires vraies d’animaux exceptionnels, Joëlle Dutillet
Le Courrier du Livre (Août 2013 ; 267 pages)

Source

http://ondevraitenparler.wordpress.com/2014/10/01/une-chienne-donne-sa-vie-pour-des-humains/

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