Branche famille de la Sécu : Osons une alternative

Cette analyse est intéressante et sa proposition alternative aussi. Le seul petit bémol que je mettrai est l’absence de toute notion de responsabilité pour les bénéficiaires. Un système donnant/donnant me paraîtrait plus juste et plus efficace. Mais peut-être est-ce juste un oubli.

Qu’un système solidaire prenne en charge le financement de l’éducation de tous les enfants et leur permette d’aborder le plus harmonieusement possible leur vie d’adulte,  sans distinction de classe, me paraît une proposition généreuse et équitable.

Par contre, et cela n’engage que moi, il  me semblerait nécessaire de responsabiliser les parents. Obligation et preuves de cursus scolaire par exemple.. Dieu sait que je ne suis pas rétrograde, mais il y a  trop de parents débordés et démissionnaires, et ce, toutes origines confondues, – (ne me faites pas dire ce que je ne pense pas) – qui encaissent des aides d’état  en voyant ça comme un dû, sans en comprendre le but.  Ce n’est pas mécaniquement une question de milieu, contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire.  Des enfants laissés à eux-mêmes il y en a à toutes les échelles de la société. C’est juste plus visible dans certains lieux getthoïsés.

Ce n’est pas parce qu’on est parent(s) défavorisé(s) qu’on aime pas ses gosses et qu’on a pas envie qu’il s’en sorte. Au contraire. Les autres, si ils ont l’appui d’un peu plus de culture, ont parfois tendance à penser que leur argent va tout arranger. Tout, je ne sais pas.. En partie, oui. Et l’amour, là-dedans ?

Un peu de rigueur et de discipline est nécessaire dans l’éducation des enfants, tout les psy-machin vous le diront.

Il est insupportable au XXième siècle, de voir des enfants devenir des ados analphabètes, déscolarisés, en situation d’échec, sans aucun contrôle, agir comme bon leur semble et gréver leur avenir, avec les conséquences que l’on connaît pour eux-mêmes d’abord et pour l’ensemble du corps social.

Galadriel

Ceci dit, voici l’article :

Sécurité sociale : Le démantèlement continue inexorablement. Osons une alternative

 

Le gouvernement libéralo-social ou socialo-libéral suivant les jours, a présenté ce lundi 29 septembre son Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Pour réduire « la dépense », on s’attaque à la branche famille. On y prévoit une réduction de la prime à la naissance, de la durée du congé parental et des coupes dans les prestations. C’est au total 700 millions d’euros qui ne seront pas versés aux familles.

Pour justifier cette saignée, on brandit le déficit du régime général de la Sécurité sociale qui s’aggraverait à 14,7 milliards d’euros en 2015 sans mesure nouvelle d’économie et on ajoute que l’objectif d’un retour à l’équilibre ( lequel ? celui de la santé des français ou celui du budget ?) est repoussé au-delà de 2017. Pour bien enfoncer le clou , ce mardi 30, on agite le poids de la « dette publique », ce monstre, qui, horreur des horreurs, atteindrait plus de 2000 milliards €, soit 100% du P.I.B.

QUAND AU NOM DE L’ÉGALITÉ, ON DISCRIMINE.

Premier coup dur : à compter du deuxième enfant, la prime à la naissance (actuellement de 923 euros) sera divisée par trois. Cette mesure ramène le « cadeau » de la solidarité publique à 308 euros pour les deuxièmes naissances et les suivantes, pour les enfants nés à compter du 1er janvier 2015. Elle devrait permettre d’économiser 250 millions d’euros.

Les technocrates de Bercy expliquent que pour les familles le deuxième enfant serait à « coût marginal presque nul » ( En haut lieu on a lu déjà le « génial » Rifkin ! (1)). L’enfant suivant dormira bien dans le même berceau laissé par son ainé(e) qui…dormira à coté sur le sol, pour respecter le fameux coût marginal nul. De même il portera avec joie les mêmes habits utilisés trois ans auparavant par sa grande soeur, il paraît que ça ferait « genre ».

Mais les cerveaux des experts en économie ne s’arrêtent pas en si bon chemin.

Deuxième coup dur : Au nom de l’émancipation des femmes, il est temps d’imposer aux pères un congé de 18 mois pour qu’ils s’occupent enfin de leur progéniture. Le congé parental, actuellement pris par 97% des femmes, doit être réformé pour inciter davantage d’hommes à s’impliquer dans la vie de famille comme c’est déjà prévu par la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes promulguée en août et qui attend toujours d’entrer en vigueur. Au lieu de 36 mois pris librement par un des deux parents, ce sera obligatoirement 18 mois pour la mère et 18 mois pour le père.

Descendons sur terre et rappelons ce qu’est la réalité. Pendant 3 ans un des deux parents peut prendre congé de son travail pour s’occuper de son enfant moyennant une compensation financière de… 530 euros. En Suède, pays précurseur ce sont 480 jours et une indemnisation à hauteur de 80% du salaire net (plafonnée à 3.300 euros). En Allemagne, réformé en 2007, le congé parental allemand est passé de deux à un an. Rabaissé, le nouveau système prévoit cependant une plus forte indemnisation. Le parent qui s’arrête de travailler gagne 67% de son salaire net (avec un plafonnement à 1800 euros par mois).

En d’autre terme la faible indemnisation pendant le congé impose aux familles de limiter le manque à gagner. C’est donc celui qui a le plus fort salaire, ( le père ? ) qui est contraint à continuer de travailler. Ainsi c’est une mère sur deux d’enfants de moins de huit ans qui s’est arrêtée de travailler après la naissance de ses enfants ou a réduit temporairement son temps de travail, c’est-à-dire au moins un mois au-delà de son congé de maternité.

Seuls 12 % des pères ont modifié leur temps d’activité au-delà de leur congé de paternité. Avec la réforme à venir et l’imposition d’une égalité factice homme-femme, on est assuré que les familles, les plus nombreuses, où la femme a un salaire inférieur à son compagnon, seront contrainte d’abandonner 18 mois de congé parental et, double sanction, de galérer ensuite pour trouver une garde d’enfant. Au lieu de mieux répartir le congé entre les hommes et les femmes, ce sera bien une détérioration de la situation actuelle à laquelle on assistera. Ainsi au nom de l’émancipation on oppressera davantage. (En haut lieu, on maîtrise aussi les subtilités de la novlangue orwellienne !)

Pour couronner le tout, le complément de mode de garde (CMG) versé par les caisses d’allocations familiales pour aider les parents qui emploient une nounou à domicile ou une assistante maternelle va être réduit pour les 20% de familles les plus aisées. A l’heure actuelle, cette aide varie de 87,19 euros à 460,93 euros par mois selon les revenus et le nombre d’enfants du ménage. Jusque-là, une majoration de 64,67 euros était versée sur les allocations familiales lorsqu’un enfant avait atteint l’âge de 14 ans. Désormais, la famille devra attendre ses 16 ans pour la percevoir…

Ainsi au nom d’une politique de l’offre, pour améliorer la compétitivité des entreprises, on a diminué les « charges sociales » avec la promesse du patronat de créer un million d’emplois. En diminuant les cotisations sociales, les recettes des organismes sociaux diminuent, alors que les exigences de solidarité, avec l’augmentation du chômage et de la précarité ne font qu’augmenter. Les déficits explosent et, pour les limiter, on ne trouve rien de mieux que de casser ces instruments de redistribution, aggravant encore plus la précarité, la faiblesse de la demande, et en conséquence le chômage par une stagnation de l’activité dans les services, la distribution et l’industrie manufacturière. En surcapacité, l’appareil de production n’investit pas et les capitaux en surabondance alimentent l’inflation des actifs financiers (bourse) et patrimoniaux aggravant encore les inégalités entre ceux qui jouissent d’un patrimoine et ceux qui n’ont rien d’autre que leurs mains et leur intelligence à vendre.

La machine à discriminer et à exclure continue ainsi son oeuvre de destruction d’un Etat solidaire et intégrateur. Il est lamentable de constater que ceux qui se revendiquent encore du socialisme participent au développement de cette « stratégie de choc » si bien décrite par Naomi Klein.

Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant que la pauvreté augmente inexorablement « Si la pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990, elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2004, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,2 million (+ 30 %) et le nombre au seuil de 60 % a progressé de 1,3 million (+ 17 %). Au cours de cette période, les taux sont passés respectivement de 6,6 % à 8,2 % et de 12,6 % à 14 %« . ( Observatoire des inégalités – lien )

Alors que la richesse se concentre sans limite : »Les 0,01 % les plus riches ont gagné 243 000 euros de revenus annuels supplémentaires entre 2004 et 2011. Un gain équivalent à dix huit années de Smic. » (lien)

Il faut sans cesse rappeler ces chiffres (2) que nos élites ne veulent pas voir :

  • De 2004 à 2010, le patrimoine des 10 % les plus pauvres ( environ 1200€ de cash ! ) a augmenté de ….9 % soit 114 €, engloutis par une inflation de 9,7 % ; le patrimoine des 10 % les plus riches ( 850 000€ en 2004 ) a augmenté de 47.6 % soit de 400 000 € ! ; il s’élève en 2010 à 1 250 000€.
  • Entre 2008 et 2011, les 10 % les plus pauvres ont perdu 151 millions d’euros,la masse globale de leurs revenus passant de 49,7 à 49,6 milliards d’euros au cours de ces trois années. Les 10 % les plus riches ont gagné en 4 ans 18,4 milliards d’euros supplémentaires, captant 50 % de l’ensemble de l’augmentation des revenus (36,5 milliards ).
  • De 2001 à 2011, la sphère publique s’est appauvrie de 717 milliards d’€. et la  sphère privée s’est enrichie de 720 milliards parce que on a négligé de lever l’impôt, alors que l’on affirme dans les médias tous les jours le contraire.

N’y a-t-il donc pas plus absurde que cette politique dite « de l’offre » qui pour diminuer sans cesse les coûts salariaux, au nom d’une perpétuelle et épuisante compétitivité internationale, impose austérité et précarité au plus grand nombre, excluant ainsi du marché de plus en plus de personnes contraintes de se restreindre, alors que par manque de perspective, les dirigeants des entreprises ne trouvent rien d’autre à faire que de se répartir entre eux ces surprofits arrachés aux salariés ?

Seule une politique solidaire de redistribution d’une partie des richesses pourrait redonner confiance et perspective à tous les acteurs économiques. Qui nous ferait croire qu’il n’existerait pas de quoi financer largement et immédiatement ces systèmes de solidarité alors que la richesse accumulée dans notre pays n’a jamais été aussi importante ? Depuis dix ans elle n’a cessé d’augmenter pendant que la crise a frappé violemment les plus pauvres et que les caisses de l’Etat se sont asséchées par la cupidité de quelques uns.

OSONS ET IMPOSONS UNE ALTERNATIVE.

Depuis la Libération, la politique familiale est la clé de voûte du modèle social français. Par le versement inconditionnel de prestations familiales et par le développement des crèches, cette politique avait, jusqu’à aujourd’hui, contribué à faire de la France un pays à la vitalité démographique inégalée en Europe et permis aussi une plus grande émancipation sociale de la femme.

En ces temps de crise et de mutation, dans une Europe en déclin, au lieu de renforcer cette politique familiale vitale pour assurer la richesse de demain, de la rendre plus juste et plus émancipatrice, les coupes budgétaires prises par le gouvernement actuel, au nom d’une meilleur compétitivité, contribue à la dévitaliser, érodant encore la cohésion social.

N’y aurait-il pas une autre alternative que de continuer de se soumettre aux politiques de dévaluation interne imposées par la technocratie européenne ? Au lieu de tenter de réduire le déficit du budget de l’État par la « maîtrise la dépense publique » tout en diminuant les rentrées fiscales, au lieu d’attendre la création de millions d’emplois qui ne viendra jamais avec une reprise économique anémique, il serait plus juste et plus réaliste de remettre immédiatement en circulation une partie de la richesse qui dort dans les patrimoines et gonflent des bulles qui ne manqueront pas d’éclater, anéantissant encore des pans entiers de l’économie.

Alors que la moitié des Français n’ont aucun patrimoine à transmettre à leurs enfants et que les 10 % les plus riches disposent de la moitié de la fortune nationale, la solidarité vers les générations futures de ceux qui, par leur talent ou par leur position sociale, ont pu accumuler de la richesse, devrait s’imposer à tous.

Osons une proposition :

Avec un patrimoine privé de l’ordre de 10 000 milliards d’euros, consacrer seulement 1,5% par an de ce capital ( en moyenne ) à une allocation universelle et inconditionnelle pour tous les enfants et jeunes adultes, représenterait la mobilisation de 150 milliards € par an. Ce qui permettrait par exemple de financer une allocation de 300€ à tous les enfants jusqu’à 14 ans, de 600 € de 14 à 18 ans et de 1200 € ensuite pour une allocation d’insertion ou de formation pouvant être versée pendant 7 années, au cours de la vie, pour étudier ou réaliser un projet personnel, allocation inconditionnelle et indépendante de la situation familiale de chacun.

En se substituant au système de financement actuel, en mobilisant une petite partie de la richesse privée accumulée, il donnerait à chacun les moyens de pouvoir s’élever dans la vie en bénéficiant de mêmes conditions matérielles, quelle que soient ses origines sociales.

Ainsi sans préjuger de l’avenir, il donnerait à tous une carte maitresse pour contribuer à choisir son destin. Cette dotation intergénérationnelle, financée par l’accumulation, serait la concrétisation de l’existence de ce capital commun accumulé par les générations précédentes, patrimoine qui est aussi le fruit de l’histoire, du progrès technique, des infrastructures mises en commun,de l’intelligence de tous et des ressources que la Terre nous offre depuis la nuit des temps. Fruits qui sont aujourd’hui, pour la plupart, accaparés par quelques uns.

Défions ceux pour qui « accélérer les réformes » se réduit à « préserver les positions acquises » par certains et à justifier la prédation de quelques-uns sur le plus grand nombre. Osons exiger, quand il est encore temps, une autre politique, pour remettre à l’endroit ce qui est à l’envers, pour rénover un système social fondé sur la solidarité, le partage et l’équité et qui, sans stigmatiser ni diviser, peut permettre à chacun d’oser à son tour entreprendre et s’épanouir sans être contraint de se défaire de son énergie au profit d’une minorité de plus en plus réduite mais de plus en plus vorace.

LA SCIENCE DU PARTAGE

VIA : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/securite-sociale-le-demantelement-157486

 

 

 

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