Belles histoires : Les banlieues c’est ça aussi !

Et oui, dans les banlieues, il y a du pire et il y a aussi du meilleur et ça fait du bien de le savoir.

Il y a une chose que je voudrais souligner à propos de ces actes d’héroïsme et elle me semble très importante : « J’ai agi instinctivement ».. »C’était instinctif » Pourtant leurs vies étaient en jeu dans les deux cas.

Qui dira avec des exemples comme ceux-là que l’homme est  structurellement mauvais ?

1) Le geste héroïque du spectateur de «Superman»

Juillet 2013

ll s’apprêtait à assister au dernier « Superman », mais c’était peut-être lui, le véritable superhéros. Mercredi soir, vers 21h40, Fouad Ben Ahmed allait retirer trois places pour « Man of Steel » aux guichets de l’UGC de Rosny 2. Un homme s’est alors introduit dans le cinéma, armé d’un fusil de chasse. « Il s’est d’abord adressé à une caissière avant de se diriger vers l’intérieur du cinéma », raconte Fouad.

Ce père de famille de 37 ans indique à cet instant avoir « eu très peur pour [ses] enfants ». Aussitôt, il décide de suivre discrètement l’homme avant de le maîtriser grâce à une prise de ju-jitsu brésilien.
« Tout s’est passé très vite. Je me suis faufilé derrière lui et lui ai fait une prise d’étranglement. Il ne pouvait plus bouger. Les agents de sécurité sont alors venus le désarmer. » L’individu, alcoolisé, avait la ferme intention, selon nos informations, d’en découdre avec l’amant de son ex-femme.
« J’ai réagi instinctivement », explique Fouad, balayant d’un revers de main son nouveau statut de héros. Hier, il réalisait à peine quelles conséquences auraient pu avoir son intervention si elle avait mal tourné. « On n’est jamais prêt ni formé à intervenir dans ce type de situation », plaide le solide trentenaire, les yeux rougis par une nuit où il a eu « beaucoup de mal à dormir. »

Directeur du service jeunesse à la ville de Bondy, et par ailleurs militant socialiste à Bobigny, il dit « être régulièrement confronté à des situations conflictuelles ». « Mais là, c’est une situation hors norme. Je suis très interventionniste par nature, mais seulement sur des altercations du quotidien, des violences gratuites… » Depuis un an, Fouad prend des cours de self-défense auprès d’un ami, professeur de ju-jitsu à Bobigny.

Le suspect a été interpellé puis placé en garde à vue. Son fusil de chasse, de calibre 12, était chargé et il portait deux autres munitions sur lui. Son ex-femme travaille à l’accueil du cinéma, tout comme celui qu’il considère comme son rival amoureux. Une première fois, mercredi, il avait tenté d’en découdre avec lui. Il s’était introduit vers 21h10 dans le cinéma, l’avait frappé au visage et menacé de mort. Les services de sécurité l’avaient alors éconduit avant de prévenir la police. Celle-ci a d’abord interpellé, par erreur, un autre homme sur le parking. L’agresseur est revenu sur place une demi-heure plus tard, avec son arme. Ses deux cibles avaient été déplacées de l’accueil vers une autre salle, c’est en allant les chercher qu’il a été maîtrisé par Fouad. Le directeur de l’UGC, Olivier Fevin, saluait hier « le sang-froid de l’ensemble des clients ainsi que de la caissière, qui a calmement prévenu la sécurité au talkie-walkie ».

Le cinéma, lui, est resté ouvert le reste de la soirée. Pour que sa fille et son fils ne soient pas trop traumatisés, Fouad Ben Ahmed a tenu à rester pour voir le film avec eux. Hier, il a reçu de nombreux appels de félicitations, comme celui de sa patronne, la maire (PS) de Bondy, Sylvine Thomassin, qui a évoqué un « geste héroïque. »

 

2) Aulnay-sous-Bois : ils ont sauvé une ado piégée dans l’appartement en feu

juin 2014

Leur bravoure a suscité l’émotion dans la ville. Dimanche, Kouyaté, Alassane et Oumar ont aidé une jeune fille à sauter du quatrième étage.

Depuis deux jours, Oumar, 18 ans, n’a quasiment rien mangé. Et pas beaucoup dormi non plus. « Je suis retourné. Je n’arrive pas à réaliser, je me dis que je vais me réveiller », confie ce jeune homme longiligne, le cou enserré dans sa minerve. Deux doigts bandés à la main gauche, des douleurs au dos, à la mâchoire, à la jambe. .. La liste des lésions est longue, après le choc qu’il a reçu dimanche.

Avec deux amis, le lycéen a joué un rôle décisif dans le sauvetage d’une adolescente de 16 ans piégée par un , dans la cité de la Rose-des-Vents. En se groupant au pied de l’immeuble, les jeunes ont convaincu la victime de sauter du quatrième étage et ont tenté d’amortir sa chute. Blessée et souffrant de graves brûlures, elle a survécu mais se trouve toujours dans un état sérieux (lire par ailleurs).

Le premier arrivé sur place, en milieu d’après-midi, c’était Alassane, l’aîné du groupe. « Dans la rue, il y avait plein de monde. Les gens pleuraient, hurlaient. Je l’ai vue, elle se tenait debout sur le rebord de la fenêtre, elle était paniquée », raconte cet employé municipal. Il connaît bien l’adolescente. « Je lui ai crié : Ne saute pas, ne saute pas ! Et j’ai demandé aux gens d’apporter des matelas… » Autour de lui, des habitants s’exécutent, mais pas assez vite. Au quatrième étage, le feu fait rage. Alassane constate, horrifié, que les vêtements de la jeune fille s’enflamment.

« J’ai demandé aux gens de venir nombreux. Il fallait empêcher qu’elle tombe sur la grille de métal au pied de l’immeuble. » Oumar et Kouyaté, accourus entre-temps, s’avancent sans hésiter. « C’était instinctif. Je me rends compte aujourd’hui que j’aurais pu mourir. Mais si c’était à refaire, je le referais », affirme Kouyaté, appuyé sur ses béquilles.

Le petit groupe encourage alors la jeune fille à se jeter dans le vide. « Elle a hésité quelques secondes, puis elle a sauté », raconte Alassane. De leurs corps, ils amortissent comme ils le peuvent la chute de l’adolescente. Alassane s’empresse d’éteindre les flammes rongeant les vêtements. « Elle était consciente, elle m’a demandé si c’était un rêve. J’ai essayé de la calmer », confie-t-il. Oumar ne se souvient de rien. C’est lui qui a encaissé l’essentiel du choc. « Il a perdu connaissance, j’ai cru qu’il était mort », avoue avec émotion Kouyaté, plus légèrement blessé, à la jambe.

Tous ont été rapidement pris en charge par les pompiers, arrivés sur place après la chute de l’ado. Alassane s’en est tiré avec quelques contusions, mais la scène, « comme dans un d’horreur », le tourmente encore. Il culpabilise également un peu d’avoir fait prendre de tels risques « aux petits jeunes ». « Heureusement qu’il ne leur est pas arrivé quelque chose de plus grave », soupire-t-il.

Le récit de cet acte de bravoure a rapidement fait le tour du quartier, de la ville… Hier, le maire , Bruno Beschizza, a reçu les héros du jour pour les féliciter et leur proposer son aide. « Mais on ne l’a pas fait pour être des héros », protestent-ils en choeur. Alassane veut rappeler que d’autres ont agi : « Deux voisins sont montés défoncer la porte de l’appartement. Ils pensaient que les petits frères étaient peut-être à l’intérieur. Mais la fumée était tellement épaisse qu’ils n’ont pas pu entrer. » « La plus courageuse de tous, c’est notre amie, qui a sauté du quatrième étage », estime Oumar.

Ce dernier a lui aussi de la ressource. Lundi matin, courbé par la douleur, le jeune homme est allé passer les épreuves d’histoire-géographie et de français de son baccalauréat électrotechnique.

ARTICLES PUBLIÉS SUR :  Le parisien

Aller plus loin : Réflexion  sur le rôle des politiques publiques dans le problème des banlieues

« Banlieues: trente ans de blocages politiques »

http://www.bsavenir.fr/2011/07/17/banlieues-trente-ans-de-blocages-politiques/comment-page-1/

 

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