Destruction musclée d’un champ de maïs OGM en Tarn et Garonne

Là, ce ne sont pas les copains de José Bové qui ont fait le coup, ce sont les gendarmes qui ont procédé au « disquage » de plusieurs parcelles.

Comme vous le lirez, l’article est reprend largement le point de vue de l’agriculteur concerné.

Si nous ne pouvons que compatir au désespoir de l’agriculteur devant la destruction de son travail, l’on se dit aussi qu’en jouant contre la loi, on prend le risque de perdre… L’on réalise enfin  à quel point le milieu agricole n’est pas encore persuadé du danger potentiel pour la santé et l’environnement des cultures OGM.

Cette loi anti-OGM a été le fruit d’un long débat et d’une dure bataille contre les multi-nationales et leurs lobbies, débat qui a apparemment échappé à une partie du milieu agricole assiégée par des représentants qui leur martèlent sans doute que les OGM sont inoffensifs et beaucoup plus rentables..

Des heurts entre agriculteurs et gendarmes, hier matin

Les agriculteurs ont tenté par tous les moyens de stopper le tracteur réquisitionné par la DRAAF./ Photo DDM, M. Bony
Les agriculteurs ont tenté par tous les moyens de stopper le tracteur réquisitionné par la DRAAF./ Photo DDM, M. Bony

Les faucheurs volontaires n’ont donc pas eu à intervenir, eux qui étaient attendus de pied ferme le 2 mai dernier par des agriculteurs tarn-et-garonnais prêts à défendre bec et ongles la parcelle de maïs OGM d’un des leurs sur la commune d’Auvillar (notre édition du 3 mai 2014).

C’est, en effet, le ministère de l’agriculture lui-même qui a décidé, suite aux prélèvements et analyses effectués par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts (DRAAF) le 28 avril, de demander la destruction de plusieurs parcelles de maïs OGM en Midi-Pyrénées dont celle de Cyrille Pera à Auvillar (lire encadré). Et ce afin de respecter l’arrêté interministériel interdisant de cultiver des OGM entré en application le 14 mars dernier.

C’est donc à l’heure du laitier et armé d’un tracteur bien équipé pour la destruction de ce champ que Pascal Augier, le directeur de la DRAAF, est intervenu hier matin avec plusieurs de ses agents aux confins du Tarn-et-Garonne, à la limite avec le Gers. Une intervention réalisée sous bonne escorte des forces de l’ordre puisque pas moins de 65 gendarmes, deux pelotons de gendarmes mobiles de La Réole (33) et 30 gendarmes du groupement de Tarn-et-Garonne, ont surveillé cette opération sous la direction du colonel Christophe Daniel, commandant du groupement.

Des militaires qui ont eu à intervenir pour calmer les ardeurs des agriculteurs tarn-et-garonnais. Ces derniers s’étaient rapidement mobilisés afin de soutenir Cyrille Pera qui ne décolérait pas : «Vous pouvez constater que l’administration n’a même pas attendu le jugement en référé-liberté qui devait intervenir aujourd’hui (lire hier) à 14 heures ! Le comble c’est qu’ils sont, pour l’instant, en train de disquer un hectare de maïs conventionnel. Ils ne sont pas capables de différencier les deux. Ensuite, la moitié des pieds sont couchés, c’est juste du saccage, ils vont repartir !»

Deux agriculteurs plaqués par les gendarmes

En essayant de stopper la manœuvre, deux des soutiens de Cyrille Pera, en l’occurrence Philippe de Vergnette (ancien président de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne) et Joël Carcenac (président de la Fédération des vins du Tarn-et-Garonne), se sont pris de sévères tampons par les gendarmes mobiles.

Des amis à eux, dont le président de la FDSEA 82, Alain Iches, ont eu plus de réussite dans leurs crochets au moment d’arrêter le tracteur. L’un d’entre eux est même parvenu à enlever une pièce de la machine agricole, l’empêchant d’avancer durant près de trois quarts d’heure.

Une détermination des agriculteurs qu’Alain Iches expliquait ainsi : «Il y a un peu de désespoir ce matin (lire hier matin). C’est la première fois en France qu’on détruit quelque chose avant un référé-liberté. Il y a comme un déni de démocratie. En plus, faire cela le jour où la femme du propriétaire subit un triple pontage à la clinique Pasteur à Toulouse, ce n’est pas très heureux. Après, est-ce étonnant de la part d’un pays qui n’accepte pas la recherche et qui préfère régresser ? Au moins qu’on autorise la recherche pour lever les doutes. Et puis, si on interdit la production des OGM en France, qu’on interdise aussi les importations des produits OGM ! Les OGM sont la seule alternative pour faire baisser l’utilisation des produits phytosanitaires.»

Un débat dans lequel l’État n’a donc pas voulu s’immiscer en faisant exécuter irrémédiablement la décision d’arrachage. La loi est dure, et parfois musclée, mais c’est la loi.

Le préfet explique l’arrachage

Suite de l’article sur : http://www.ladepeche.fr/article/2014/06/06/1894932-destruction-musclee-du-champ-de-mais-ogm-d-auvillar.html

(Nota : Cet article étant un article « abonné » de la Dépêche.fr, nous ne pouvons publier l’article intégral, sous peine de réclamation.)

Article proposé par Georges dos Santos via « contactez-nous »

Commentaires sont clos