Décroissance : Pourquoi faut-il supprimer la voiture ?

Ceci est un plaidoyer pour une société sans voiture.. Les arguments sur ses effets néfastes ne manquent pas, et il est vrai que depuis les derniers 50 ans, la voiture est entrée dans nos vies, au même titre que l’eau au robinet et le téléphone. Tout a été fait pour que l’automobile devienne une extension de nous-mêmes, une référence, un mythe.

Nous pensons nos personnes, nos lieux et programmes de vie en fonction d’elle, Sa place est si importante dans notre société que l’idée de devoir s’en passer ne semble même pas imaginable. Il faut l’admettre cependant : présentée comme un outil de libération de l’individu, elle est en réalité sa  mise en esclavage et une prédation de l’environnement.

Déjà, une prise de conscience de cet état de dépendance à une énorme nuisance est un premier pas salutaire vers une utilisation modérée et l’argumentation ci-dessous peut y aider. Par contre, à moins d’une catastrophe qui nous y obligerait, ou d’une dictature qui l’imposerait, je ne conçois pas que l’ensemble de la  population accepte un jour de se priver de ce confort de vie. Pourtant, le bilan est lourd et il faut bien l’admettre, la voiture à de multiples égards est un engin de mort.

(NDLR) Cet article est très long et nous n’en publions que des extraits. Pour le lire en entier, cliquez sur le lien en bas de page)

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L’ automobile est un enjeu majeur de la Décroissance tant elle est symbolise la société capitaliste et caractérise le mode de vie occidental qui est en passe de se généraliser à l’échelle mondiale. Moyen de transport individuel, elle symbolise l’individualisme forcené de notre société.

Si l’automobile n’est qu’un moyen de transport, son hyper-développement a eu des conséquences sur toute la société (de l’habitat à l’aménagement du territoire). Au final, son bilan est dramatique tant au niveau du coût en vies humaines, de sa pollution multiforme ou de déstructuration sociale qu’elle a engendrée et des tensions internationales qu’elle suscite, souvent de façon indirecte.

Or, comme souvent avec le capitalisme, malgré un bilan alarmant, les solutions proposées sont pires que les maux et ne s’attaquent jamais aux questions de fond. Car remettre en cause l’automobile revient à remettre en cause les fondements mêmes de notre mode de vie, qui ont érigé l’idéologie automobile en modèle et comme élément structurant de la société.

Le bilan de l’automobile est clairement négatif. Pourtant, rien ne bouge réellement.

Pollutions et nuisances, directes et indirectes

 

La « civilisation automobile » est responsable de multiples pollutions qui doivent être envisagées dans leur globalité. En outre, elle repose sur une énergie non renouvelable, le pétrole.

L’automobile est une des principales causes d’émission de gaz à effet de serre.

L’automobile est une des principales causes d’émission de gaz à effet de serre. Elle contribue ainsi, largement, au réchauffement climatique et à la dégradation de l’environnement. Le système-automobile est un des principaux facteurs de la pollution atmosphérique avec le benzène, le dioxyde de soufre, les composés organiques volatils non méthaniques, les oxydes d’azote, les composés de plomb, le monoxyde de carbone ou, encore, l’ozone atmosphérique.

En 2006, en France, le secteur des transports routiers a émis près de 130 millions tonnes de CO2 et, est le premier contributeur du pays. La voiture individuelle génère plus de la moitié des émissions dues aux secteur des transports soit 15 % des rejets de CO2.

La Banque Mondiale a estimé qu’environ 1,56 millions d’asiatiques sont victimes chaque année de la pollution atmosphérique. En Europe, des études estiment que près de 400 000 personnes meurent prématurément, chaque année, à cause de la pollution atmosphérique. La concentration actuelle de particules en suspension dans l’air entraîne plus de 100 000 hospitalisations supplémentaires. En France, l’AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire et de l’Environnement et du Travail) estime qu’entre 6 450 et 9 500 personnes sont mortes prématurément à cause de la pollution particulaire, soit davantage que les accidentés de la route. Un récent rapport de l’OMS estime le nombre de décès lié à la pollution atmosphérique en France à 40 000 ! Or, les transports routiers sont les principaux responsables de cette pollution.

Le « système automobile »1 est néfaste dès l’extraction des hydrocarbures et des matières premières nécessaires à la fabrication de l’automobile et de ses dérivés, lors de son utilisation jusqu’à son recyclage et sa mise en décharge, tant ces activités contribuent au pillage de la planète et à sa dégradation, par exemple en épuisant les ressources naturelles au prix de conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour les populations locales.

Ainsi, la fabrication d’une automobile, pesant 1 480 kilogrammes, nécessite en moyenne 800 kilogrammes d’acier, 180 kilogrammes de fer, 112 kilogrammes de plastiques, 86 kilogrammes de fluides, 85 kilogrammes d’aluminium et 62 kilogrammes de caoutchouc mais aussi des matériaux liés à l’électronique. L’assemblage consomme 150 000 litres d’eau mais aussi divers détergents, des solvants, des colorants, des enduits et d’autres produits chimiques. Certaines automobiles nécessitent également, pour l’habillage intérieur, du bois et du cuir de qualité.

Le système-automobile, c’est la macadamisation de nos territoires. La France se distingue par le réseau routier le plus dense du monde et le plus long de l’Union Européenne avec plus d’un million de kilomètres, dont près de 11 000 kilomètres d’autoroutes. Un tel réseau est néfaste pour la biodiversité qui souffre d’une fragmentation des espaces naturels puisque les infrastructures de transport forment des discontinuités et des obstacles aux déplacements de nombreuses espèces. Ces longs tapis d’asphalte coupent les territoires et les écosystèmes tout en étant une voie meurtrière pour les animaux.

Les voies de circulation ne sont qu’un élément du système routier puisque l’automobile a besoin de parkings, de station-essence, et obligent la présence de trottoirs ou encore de pistes cyclables. Cet ensemble routier artificialise les paysages urbains mais aussi ruraux en présentant des sols entièrement imperméabilisés, donc détruits et particulièrement néfastes pour l’environnement. En outre, il favorise le ruissellement des eaux sales contenant des hydrocarbures, de l’huile, de la poussière et des particules particulièrement polluantes. Ces mêmes eaux qui se retrouvent retraitées en usine ou dans les nappes phréatiques.

Cette macadamisation du territoire amplifie l’échauffement urbain mais, surtout, intensifie le risque d’inondation et aggrave leur facteur de violence.

Il faut dire que le bitume recouvre une quantité impressionnante de terres, souvent arables. C’est autant d’espaces qui sacrifiés pour l’automobile et gaspillés pour d’autres activités comme l’agriculture et, qui est obligée de s’industrialiser pour faire face à la baisse des terres disponibles. Le monde automobile gagne du terrain comme en atteste la prolifération de l’habitat pavillonnaire, forme d’habitat extrêmement énergivore et dépendant de l’automobile.

Le salage des routes un véritable scandale écologique et, aussi, très couteux mais qui est totalement passé sous silence. Le sel est l’ami de l’automobiliste. Il est légitime car il agit pour sa sécurité. Par contre, il se retrouve également lessivé dans les torrents, les rivières ou les champs environnants. L’infiltration du sel dans les nappes phréatiques posent de sérieux problèmes à leurs durabilité. De la même façon, le sel réduit la perméabilité des sols. Il est aussi un facteur aggravant du dépérissement de la flore. Ainsi, le sel – mais aussi des métaux lourds nécessaires pour l’entretien des routes – se retrouvent de manière brutale et en quantité massive dans l’environnement.

Surtout, il ne faut pas sous-estimer les autres pollutions du système automobile, qui sont plus rarement évoquées. Il s’agit de :

La pollution sonore due principalement aux frottements des roues contre le bitume (que les meilleurs moteurs ne sauraient réduire) ;

La pollution visuelle, mais également lumineuse, puisque l’automobile et ses infrastructures (routes, parkings, stations-essence, péages …) occupent une grande partie de l’espace et s’imposent au regard des citoyens par sa signalisation, des panneaux publicitaires géants, sans parler des rocades ou des périphériques qui enlaidissent nos paysages. Finalement, le système automobile défigure nos paysages urbains, entièrement dédiés à la voiture, et respectent la devise Pompidou : « Il faut adapter la ville à la voiture ».

La pollution des eaux avec le ruissellement des eaux de pluie sur un bitume sale et pollué mais, aussi, la pollution marine lors des trop fréquentes marées noires. La dernière en date sur les côtes américaines est un véritable « Tchernobyl pétrolier ». Pourtant, elle – comme les autres ! – n’aura aucune incidence sur une éventuelle réflexion sur notre mode de vie hyper-polluant et dangereux.

La pollution sociale démontre l’emprise de l’automobile sur l’ensemble de la société. L’automobile a déstructuré les territoires en anéantissant le petit commerce de proximité au profit de la grande distribution. Elle a favorisé une ségrégation spatiale et sociale mais surtout l’étalement urbain, en sacrifiant ces espaces, et rendant son utilisation obligatoire.

Par ailleurs, le système-automobile a provoqué toute une organisation énergivore (maison pavillonnaire, déplacement …) et, obligé et facilité l’industrialisation de notre mode de vie avec toutes les conséquences funestes pour notre mode de vie (agriculture industrielle, plaisirs standardisés, …).

En dix ans, c’est l’équivalent d’un département français qui a disparu sous le béton. Cela provoque d’autres problèmes fondamentaux : augmentation des inondations, diminution de la ressource en eau potable, augmentation de l’absorption des rayonnements solaires ou encore la disparition définitive de terres agricoles. Le lotissement péri-urbain est le modèle par excellence de la surexploitation par l’homme de l’environnement.

L’automobile a largement contribué à séparer les individus entre eux, à favoriser les ségrégations sociales et géographiques en séparant les lieux de production des lieux de consommation et en consommant l’espace à outrance.

Enfin, il ne faut pas omettre de mentionner le danger que représente l’automobile pour nos contemporains directement ou indirectement. Elle participe au développement de maladies comme les cancers pulmonaires, l’asthme, les allergies, les bronchites chroniques ou encore les leucémies.

N’ignorons pas les pathologies liées à la sédentarité ou au manque d’exercice (surcharge pondérale, diabète, problème cardio-vasulaire …), le stress généralisé et les traumatismes subis par les accidentés de la route que ce soit les victimes ou les témoins. La route fait plus de 1,27 millions de victimes et entre 20 et 50 millions de blessés par an. Selon la campagne internationale « Make Roads Safe », toutes les 3 minutes un enfant est tué sur la route. C’est la première cause de mortalité chez les jeunes en Europe et aux Etats-Unis.

L’automobile est une véritable arme manipulée par des inconscients ivre de vitesse. L’incivisme et l’irresponsabilité des conducteurs, mais aussi le sentiment de protection dans cette carcasse d’acier, des conducteurs est ainsi à l’origine de nombreux morts.

Nos élites politiques essaient de nous convaincre que des mesurettes seraient suffisantes alors même qu’elles aggraveraient une situation déjà dramatique. C’est le cas de la voiture électrique, de sa sœur la voiture hybride ou des agrocarburants. Ce sont des mirages technologiques et des arnaques écologiques.

Les voitures dites écologiques se révèlent être plus polluantes à fabriquer que les automobiles traditionnelles. En outre, les véhicules électriques contribuent à toutes les tares de l’industrie nucléaire. Les agrocarburants nécessitent de grandes quantités de terres, de produits chimiques et d’eau aggravant la réduction de la biodiversité et, plus globalement, l’état de la planète.

Ces fausses solutions ne visent seulement qu’à faire face à la crise à venir des hydrocarbures et à réduire les émissions de CO2 lors du déplacement mais elles ignorent les autres nuisances et pollutions causées par l’automobile.

Le « système-automobile » doit être condamné et disparaître et non pas seulement être corrigé. Ce système est malsain et dangereux. C’est pour cela que sa suppression est inévitable.

LES SOLUTIONS ( présentation des chapitres)

Sortir de l’automobile, c’est revoir les fondements mêmes de notre société

Détruire les mythes

Une société sans voiture, une société plus humaine

Limiter l’espace offert à l’automobile et son utilisation

L’usage de la bicyclette doit être privilégié.

Les transports en commun sont l’autre facette pour sortir de l’automobile

Sortir de l’automobile le plus sereinement possible

Réfléchir sur le transport pour sortir du capitalisme

POUR ACCÉDER A L’INTÉGRALITÉ DE L’ARTICLE, C’EST ICI :

http://decroissance-elections.fr/stop-a-la-voiture/

 

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