APRÈS LA GROGNE, L’EXPLOSION ?

Partie de Bretagne, la grogne sociale a gagné l’ensemble du territoire. Les autorités mettent en garde contre les risques de dérapages.

 

Après la grogne, l'explosion ?
Manifestation contre l’écotaxe le 9 novembre dernier.
[JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

«Crispation», «colère», «exas­pération». Les préfets ne mâchent pas leurs mots pour qualifier le climat social qui gagne le pays.

Dans leur synthèse mensuelle du 25 octobre, un document confidentiel adressé au ministre de l’Intérieur, à Matignon et à l’Elysée, dont Le Figaro a publié des extraits, ces hauts fonctionnairess’inquiètent de l’ampleur de la «contestation de l’action gouvernementale», notamment au sujet de la fiscalité et de l’emploi.

Selon eux, «ce mélange de mécontentement latent et de résignation s’exprime de façon éruptive» et incontrôlée, «à travers des actions plus radicales». Huées au passage de François Hollande lors des commémorations du 11 Novembre, actes de vandalisme, violences… la fronde n’a, de fait, plus grand-chose à voir avec les traditionnelles manifestations syndicales.

 

Une contestation moins contrôlée

Preuve en est avec les Bonnets rouges, mouvement hétéroclite qui a rassemblé agriculteurs, patrons, élus et simples citoyens mécontents, d’abord en Bretagne, avant d’essaimer dans toute la France. Tous étaient réunis pour réclamer la fin de l’écotaxe et des mesures pour l’emploi.

Autre symbole d’une contestation échappant à tout contrôle : les actions menées contre les radars routiers, cristallisant le «ras-le-bol fiscal». Plus d’une cinquantaine ont été sabotés, voire détruits, en novembre.

«Il y a là quelque chose de nouveau, dû à la frustration et au déclin des organismes collectifsdans le monde du travail, comme les syndicats», observe le sociologue Erik Neveu. Mais il se montre prudent sur les risques d’embrasement : «L’incertitude et la peur de l’avenir qui se mêlent à la colère ne favorisent pas les mobilisations sur le long terme.»

 

L’exécutif sommé d’agir

Face à la grogne générale, le gouvernement apparaît plus impopulaire que jamais. Selon le baromètre mensuel YouGov rendu public hier, François Hollande ne recueille que 15 % d’opinions favorables, en baisse de six points sur un mois.

Une dégringolade qui s’explique, pour Erik Neveu, par son incapacité à conduire des politiques symboliquement fortes. «Ce manque d’audace dans les décisions du gouvernement entraîne une déception, analyse le sociologue. Il lui faudrait donner le sentiment d’un changement de cap et prendre des initiatives pour l’emploi ou le pouvoir d’achat, sujets au cœur des préoccupations des Français.»

Des conseils que semble suivre l’exécutif. En Bretagne, les discussions autour d’un pacte d’avenir visant à sortir la région de la crise ont repris hier. Mercredi, Arnaud Montebourg présentait à l’Assemblée nationale un plan de «résistance économique» pour débloquer des fonds à destination des entreprises en difficulté. Autant de mesures présentées pour tenter d’éviter de nouvelles mobilisations de plus grande ampleur.

 

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