FUKUSHIMA : UN TICKET POUR L’ENFER ?

Nous vous parlions hier de la très dangereuse et très technique opération à risque qui aura lieu dans 2 mois pour sortir les barres de corium et des risques encourus, non seulement pour le Japon, mais pour toute la planète.

Devant l’incroyable manipulation qui règne à propos de cette catastrophe, il nous semble utile de rappeler l’état des lieux dantesque actuel de cette centrale qui est entrain de mettre en grave danger la population japonaise et risque aussi de nous atteindre tous, dans une indifférence quasi générale.

Agissez contre ce scandale, SIGNEZ LA PÉTITION INTERNATIONALE http://fukushima.over-blog.fr

Extraits et photos sur Fukushima diary news (site indépendant d’un japonais qui transmets les infos en temps réel)  (en anglais)

1) – [Édito] Quel est l’endroit le plus sûr au monde ?

Quel est l’endroit le plus sûr au monde ? C’est ce que tout le monde aimerait savoir le plus.
L’essentiel est que plus c’est loin du Japon, moins c’est contaminé. Néanmoins, il est difficile d’identifier où parce que la réponse dépend de “pour qui ?”. Il y a cependant des choses qu’on ne doit pas oublier. Ici, je voudrais en expliquer trois.

1. La carte des contaminations est un tout petit aperçu manipulé de la situation générale.

Certains me montrent la carte classique de la contamination du Japon et disent “Hé, c’est moins contaminé que Tchernobyl”, etc.
Ça n’a aucun sens pour trois raisons :
1. La carte a été faite par le gouvernement a intérêt à empêcher les gens de déménager.
2. Cette carte ne parle que du césium 134/137. On a au moins dix autres sortes de radionucléides dispersés depuis la centrale de Fukushima.
3. Tchernobyl est terminé alors que Fukushima va continuer pendant encore au moins 40 ans.

2. La question n’est pas  sur la radioactivité actuelle mais sur le pire qu’elle pourra atteindre.

Ça n’a aucun sens de juger sur la base de la contamination radioactive actuelle parce que ça continue toujours. Si tu ne meurs pas cette nuit, tu devrais essayer de calculer à quel point on en sera quand ça sera démantelé, c’est à dire dans 40 ans ou plus.

3. Des risques pour le Pacifique et pour l’hémisphère Nord.

Beaucoup de cartes de contamination ont été publiées en 2011. La plupart d’entre elles concernaient la “pollution de l’air”. Or, selon un rapport récent, les eaux contaminées ont atteint l’Indonésie et l’Australie aussi. Quand on se penche sur les eaux extrêmement radioactives, on devrait penser aux risques dans le Pacifique. Quand on réfléchit à une nouvelle explosion, il faut penser aux risques pour l’hémisphère Nord et pour le Pacifique parce que, après une telle explosion, l’ensemble des eaux extrêmement radioactives va se déverser dans la mer aussi.
Dans tous les cas on ne peut pas ignorer les risques sur le Pacifique.

2)

Tepco a admis dans une conférence de presse du 18 et 20 septembre dernier que 11m3 par heure d’azote radioactif se répandait dans l’atmosphère depuis les réacteurs 1 et 2. (264m3/jour)

3)

La citerne qui a fuit les 300 m³ a 5 boulons desserrés, des joints d’étanchéité largement distendus

5 300m3 leakage tank had 5 loosened bolts, sealing parts widely detached

 

4 300m3 leakage tank had 5 loosened bolts, sealing parts widely detached

2 300m3 leakage tank had 5 loosened bolts, sealing parts widely detached

Article lié : [Photo] On trouve déjà de la rouille dans l’intérieur des citernes à eau extrêmement radioactive

http://fukushima-diary.com/

Sur Altersociétal.org :

Les cuves devant, les réacteurs 1 à 4 ensuite, puis la mer Au moment de terminer une note d’information sur la situation nucléaire au Japon, je vois l’attention publique japonaise et internationale à nouveau attirée (photo du Japan Times) sur un incident, en fait un « petit » incident au regard de ce qui menace réellement.

…En effet la menace réelle vient du sous-sol du site de la centrale qui est en train de devenir un véritable marécage radioactif en bord de mer. Si rien n’est fait ce marécage va s’étendre peu à peu sur des kilomètres tout autour et dans la mer. Fragilisant les assises du site, il porte en lui le risque, en cas de tremblement de terre, d’un glissement de terrain qui emmène tout ou partie de la centrale dans l’océan.

L’incident sur lequel l’attention est focalisée aujourd’hui concerne une des pièces constituant ce marais. TEPCO vient donc de reconnaître le fait que 300m3 d’eau hautement contaminée a fui d’une des 900 cuves de stockage et a pu rejoindre la mer. Ces cuves sont parquées dans de grands bacs en béton avec des bords de 30cm de haut (voir la photo) permettant de récupérer l’eau si elles fuyaient – le stockage est en principe temporaire et les cuves, utilisées depuis 2 ans, ne sont pas garanties pour plus de 5 ans. Des valves permettent d’évacuer l’eau de pluie du bac en béton. On ne sait exactement où est la fuite, la radioactivité est trop élevée pour qu’on s’y attarde, on pompe le reste pour le mettre dans une autre cuve. TEPCO regrette – non pas l’incident mais – l’anxiété causée dans le public. On sait aussi qu’au moins 300m3 d’eau contaminée rejoignent la mer chaque jour.

Pour TEPCO, l’incident que la NRA déclare aux autorités internationales n’est pas particulièrement important (c’est la quatrième fuite d’une cuve, mais la première détectée si tardivement) et il est vrai que le plus grave est ailleurs comme indiqué plus haut (et expliqué par ex dans ma note). Que serait la situation si de nombreuses cuves se mettaient à fuir, quel est le devenir de cette mer radioactive constituée par ces 900 cuves ? Pourquoi tant d’eau contaminée ? Parce que les coriums des réacteurs 1 à 3 doivent être refroidis, parce que cela ne suffit pas et qu’il faut injecter de l’azote dont 20% devenue radioactive s’échappe dans l’atmosphère. Parce que l’eau injectée devient radioactive, et qu’une bonne partie n’est pas récupérée mais va rejoindre la nappe phréatique puis la mer. Elle chemine, via, non seulement les fuites des tuyauteries, des sous-sols et des tranchées creusées par TEPCO, mais vraisemblablement à travers le radier en béton sous les réacteurs que les coriums ont disloqué, créant au minimum des crevasses qui se sont élargies et continuent à le faire, mettant la nappe phréatique en relation avec les cuves des réacteurs.

Rien n’est fait, parce que TEPCO, les autorités japonaises et internationales, se refusent à considérer que c’est la situation la plus vraisemblable. Le reconnaître serait déclencher l’anxiété du public et vraisemblablement relancer sa méfiance si ce n’est son hostilité au nucléaire. Il leur paraît préférable de minimiser, de nier la menace réelle posée par la centrale de Fukushima. Y faire face correctement exigerait des travaux et des dépenses pharaoniques et de déplacer la population pour la mettre en sûreté. Ce négationnisme nucléaire peut conduire à une catastrophe planétaire.

 

 

 

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