Chypre : le géant gazier russe Rosneft rapatrie des actifs issus de TNK-BP en Russie

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S’il était besoin de démontrer qu’une forte odeur de pétrole et de gaz rode autour de Chypre et des mesures controversées envisagées en contrepartie des prêts du FMI et de l’Union européenne … les géants gaziers russes enfoncent le clou, et parmi eux tout particulièrement Rosneft.

Le groupe public russe a en effet indiqué vendredi qu’il allait rapatrier de plusieurs zones du monde réputées pour leur régime fiscal favorable des actifs hérités de l’acquisition de son concurrent TNK-BP. Parmi les pays concernés, Chypre figure en bonne position.

Interrogé sur la situation de l’île chypriote, Igor Setchine, le Président de Rosneft a ainsi annoncé que sa société allait réenregistrer en Russie tous ses actifs « compte tenu des risques dans les zones offshore ».

De telles mesures se traduiront toutefois par une augmentation des impôts payés par Rosneft sur le territoire russe, a tenu par ailleurs à préciser Igor Setchine. A toute chose malheur est bon … puisque l’Etat russe, premier actionnaire du groupe, bénéficiera d’une de revenus supplémentaires de 1,3 milliard de dollars.

A noter que cette déclaration intervient notamment alors que jeudi dernier, le géant pétrolier russe a finalisé l’acquisition du TNK-BP, dont certains actifs étaient enregistrés à Chypre et dans les Caraïbes … faisant ainsi de Rosneft le plus grand producteur de brut mondial coté en Bourse, au grand dam de ses concurrents tels que l’américain ExxonMobil (2,3 mln b/j) ou le chinois Petrochina (2,4 mln b/j), lesquels passent désormais à la seconde et troisième place.

Simple coïncidence ? Alors que les immenses champs gaziers au large de Chypre – tels que Leviathan –  suscitent d’âpres convoitises, rappelons qu’en juillet 2012, Erato Kozakou-Marcoullis, alors ministre chypriote des affaires étrangères, affirmait que – parmi 27 compagnies – les deux géants gaziers russes Novatec et Gazprom avaient exprimé leurs intérêts vis à vis des 13 sites d’extraction offshores au large de l’île.

« Expression d’intérêts » suivant de peu une information selon laquelle Nicosie était en attente de l’acceptation par Moscou d’un prêt de 5 milliards d’euros … Alors même que le président chypriote d’alors, Demetris Christofias, réputé «proche» du gouvernement Poutine avait jusque là laissé entendre que l’attribution de ce prêt «n’imposait aucune condition» et offrait «un meilleur taux d’intérêt» que l’offre européenne.

A la mi-décembre 2012, alors même que nous laissions entendre ici-même que les licences d’exploitation de l’immense champ gazier de Leviathan au large de Chypre pourraient être « monnayées » d’une certaine manière via la notation de la dette souveraine du pays et l’accord d’un prêt de la Banque centrale européenne et du FMI, le gouvernement chypriote avait annoncé avoir mis fin aux négociations en cours avec un consortium franco-russe – alliant la branche ENP de Total et le russe Novatec – lequel s’était vu attribuer une licence d’exploration de gaz dans ses eaux territoriales en octobre 2012.

Une annonce qui intervenait quelques jours après qu’un responsable gouvernemental chypriote ait indiqué que Chypre risquait de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre ni verser les salaires des fonctionnaires en l’absence d’un accord rapide avec la troïka formée par l’Union européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.

« Le gouvernement a décidé de mettre fin aux négociations directes car elles se sont avérées insatisfaisantes », avait ajouté le porte-parole du gouvernement chypriote, sans fournir de plus amples détails. Ajoutant toutefois que les autorités allaient désormais négocier l’attribution du bloc 9 avec un consortium établi entre le groupe pétrolier italien ENI et le sud-Coréen Kogas. Ce qui est désormais chose faite depuis janvier 2013. La compagnie française Total demeurant quant à elle toujours dans la course en ce qui concerne l’exploitation du bloc 11. Le gouvernement ayant parallèlement décidé de négocier avec elle l’attribution du bloc 10.

Autre coïncidence ? Lundi 18 mars le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, s’est rendu à Moscou en vue de discuter de la possibilité d’allouer un crédit à la nation chypriote voire même d’étendre de 2,5 milliards d’euros les sommes empruntées tout en traitant d’une éventuelle réduction des intérêts de ce prêt. Autres scenarii à l’étude : une participation accrue de la Russie dans la Banque (nationale) de Chypre ainsi que la participation d’investisseurs russes dans la Banque populaire de Chypre.

En tout état de cause, le géant gazier russe Gazprom a démenti parallèlement lundi avoir proposé un soutienfinancier aux banques chypriotes de permis de prospection dans la zone économique exclusive du pays.

Une déclaration faisant suite aux allégations de la chaîne chypriote Sigma TV laissant entendre que le groupe russe avait émis de telles propositions. Selon elle, des représentants de la partie russe auraient adressé une lettre au président chypriote Nicos Anastasiadis dans ce sens, l’opération permettant à Nicosie le cas écéhant de ne pas se soumettre aux conditions drastiques imposées par ses créanciers internationaux que sont le FMI et l’Union européenne.

Sources : AFP, Ria Novosti, La Voix de la Russie, Europolitique

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com

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