Mario Draghi attendu au tournant sur le rôle de la BCE pour juguler la crise

Après les espoirs suscités par le président de la BCE d’une aide sans limite pour les Etats en difficulté en zone euro, ses explications sont attendues aujourd’hui après la réunion du Conseil des gouverneurs. Une baisse des taux ne paraît pas d’actualité.

Après l’heure des petites phrases, c’est le moment de l’explication de texte pour Mario Draghi. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) se retrouve aujourd’hui face à la presse après avoir suscité un moment d’euphorie sur les marchés, en assurant la semaine dernière que son institution était prête à tout pour sauver l’euro. Les questions vont fuser à l’issue du Conseil des gouverneurs. Si les propos libres du banquier italien ont été interprétés comme un signal d’Etats fragiles de la zone euro, les observateurs ne s’attendent pas en réalité à des annonces concrètes en la matière.

D’ailleurs, à l’Elysée, en France, on se montre plutôt pessimiste sur la fin de la semaine. Un retour des tensions sur les marchés vendredi y est jugé probable alors que le président, François Hollande ,s’est entretenu avec son homologe américain, hier après midi. « Le chef de l’Etat a insisté sur la volonté de la France de mettre en oeuvre, avec ses partenaires de l’Union européenne, les décisions prises par le Conseil européen des 28 et 29 juin derniers. Les dispositifs et instruments prévus à cette occasion doivent pouvoir être utilisés dans les meilleurs délais », a indiqué le communiqué de l’Elysée.

Pendant que d’autres banques centrales, américaine et britannique, multiplient les interventions, Mario Draghi ne saurait pourtant apparaître les mains vides. La BCE n’a plus gonflé depuis mars son stock de 211 milliards d’euros de titres grecs, italiens et autres espagnols, et d’aucuns pensent qu’elle ne va pas tarder à frapper un grand coup.

Or, la Bundesbank reste opposée à de telles interventions. Mario Draghi et le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, devaient s’en entretenir. La Buba, dans une interview de son président publiée dans la revue interne, a souligné qu’elle était une banque centrale plus importante que les autres en zone euro et que le rôle des instituts d’émission devait se limiter à maintenir la stabilité des prix et de la monnaie. Une chose est sûre, les interventions de la BCE pour résorber la crise de la dette souveraine relèvent chaque jour d’un défi toujours moins surmontable. Alors que la crise frappe de plein fouet le sud de l’Europe, les rendements des emprunts espagnols ont poursuivi leur envol malgré les mesures d’austérité annoncées par Madrid et la résolution affichée fin juin par les Vingt-Sept de sauver son système bancaire.

Que faire alors ? Une seconde baisse consécutive des taux, après celle de juillet pourrait intervenir de l’avis d’économistes durant l’automne. Un autre sujet vise les allègements des règles de garanties présentées par les banques pour obtenir des liquidités. Un thème complexe qui devrait encore mijoter un moment. La patience aussi est de mise avant de voir poindre une troisième allocation de liquidités sur trois ans (LTRO), alors que la seconde opération n’a pas encore produit tous ses effets.

Finalement, la BCE devrait se contenter de remarques verbales vagues, en espérant que cela suffise à calmer le jeu sur les marchés.

Source : LesEchos