« Un manifeste pour la vérité » d’Edward Snowden
En très peu de temps, le monde a beaucoup appris sur les services secrets qui agissent sans rendre de comptes à personne et les programmes de surveillance parfois illicites. Les services s’efforcent même parfois de dissimuler leurs agissements aux hauts responsables ou au public. Si la NSA [américaine] et le Gchq [britannique] semblent être les pires à cet égard – c’est ce que montrent les documents, désormais publics –, nous ne devons pas oublier que la surveillance massive est un problème mondial qui nécessite une solution mondiale.
Ces programmes ne constituent pas seulement une menace pour la vie privée, ils menacent également la liberté d’expression et l’ouverture de la société. La politique ne doit pas être déterminée par les technologies d’espionnage. Nous avons le devoir moral de faire en sorte que nos lois et nos valeurs limitent les programmes de surveillance et protègent les droits de l’homme.
La société ne peut comprendre et contrôler ces problèmes que par un débat ouvert, respectueux et éclairé. Au début, certains gouvernements, gênés par les révélations relatives au programme de surveillance massif, ont initié une campagne de persécution sans précédent afin d’étouffer le débat. Ils ont intimidé les journalistes et considéré comme un délit le fait de rendre publique la vérité. L’opinion publique n’était alors pas encore en état de mesurer l’utilité de ces révélations. Elle partait du principe que son gouvernement prenait les bonnes décisions.
Aujourd’hui, nous savons que c’était une erreur et que ces agissements ne servent pas l’intérêt général. Le débat que les gouvernements voulaient empêcher va désormais avoir lieu dans le monde entier. Et, loin de causer des dégâts, les nouvelles connaissances du public montrent clairement l’utilité de ce débat pour la société, puisque des réformes sont proposées pour mieux contrôler [ces dérives] et envisager l’élaboration de nouvelles lois.
Les citoyens doivent lutter contre la rétention d’information sur des questions d’importance vitale pour la société. Dire la vérité n’est pas un crime.
- DER SPIEGEL
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