COUP DE SEMONCE CONTRE LES SEMENCES MUTÉES
Inquiets et fatigués de ne pas être entendus, les militants anti-OGM vont frapper aujourd’hui en Lorraine. Cette fois, ce sont les organismes mutés qui sont visés. Ces « OGM cachés », selon eux, échappent à la réglementation.
L a mutagenèse est peut-être pire que les OGM. On n’en sait rien, il n’y a pas d’étude ! » Ce militant n’en revient toujours pas. Au cœur de l’été, Faucheurs volontaires , apiculteurs, Amis de la Terre , paysans de la Confédération et écolos convaincus, ont été abasourdis par un article pioché dans la presse agricole spécialisée.
On y vante la mise en place progressive, en France, d’une variété de colza muté, résistante aux herbicides. Et si l’on en croit les surfaces évoquées – 100 hectares en Moselle-est, par exemple – on est bien loin des simples tests. Or, fin juillet, la Confédération paysanne et une dizaine d’ONG s’étaient adressées au ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, pour souligner les risques potentiels de ce qu’elles considèrent comme des « OGM cachés ». Des inquiétudes qui remontent à 2010 avec les premiers tournesols mutés ( lire par ailleurs ). « Comme pour la vigne transgénique, on a l’impression que c’est un cheval de Troie , reprend l’activiste, mais on ne peut pas faire confiance à ce produit qui dit lutter contre les mauvaises herbes alors qu’elles-mêmes peuvent muter ! »
OGM ou pas OGM ?
Face à la mutagenèse, plusieurs problèmes se posent. Si Stéphane Le Foll ne considère pas cette technique comme relevant des organismes génétiquement modifiés, il n’en est pas de même pour l’Europe. Sauf que la réglementation européenne écarte les organismes mutés de son champ d’application ! Donc, exit les diverses obligations, comme la traçabilité, les évaluations sur la santé et l’environnement ou encore, l’étiquetage.
Les opposants soulèvent d’autres points : « La plante issue de cette semence peut pousser mais pas se reproduire seule. Cela entraîne une dépendance totale par les brevets, au profit du semencier. » Ces plantes stériles sont dites résistantes à l’herbicide. Pour les militants, elles seraient plutôt tolérantes, « c’est-à-dire que l’herbicide pénètre dans la cellule, la graine, la plante. Il est donc ingéré par l’animal, voire l’homme. » Alors, apprendre que des milliers d’hectares ont été semés en colza muté : « Tout le monde en est ahuri. Les paysans eux-mêmes n’en savent rien ! » Ils devraient être rapidement informés. Réunis en divers lieux de l’Hexagone, des activistes viennent de décider de frapper un grand coup. D’opter pour une action forte. C’est pour ce matin, en Lorraine.
Emmanuelle DE ROSA.