Changer de Rêve
Quand le rêve tourne au cauchemar,
L’art est là pour nous tendre la main, en nous faisant pénétrer dans le monde de l’illusion, non pour nous tromper, mais pour nous ouvrir les yeux.
Face aux illusions perdues : les « monts et merveilles » que les politiques nous ont proposés pour avoir nos faveurs, il est temps de découvrir celles que nous proposent les artistes.
Qu’ils s’appellent Arcimboldo, Escher, Dali, Beever ou Ocampo, ils nous plongent tous avec délices dans des mondes que nous n’arrivons pas à comprendre, et que nous voyons malgré tout.
Regardez cette danseuse, dans quel sens tourne-t-elle ?
Comment ce cube se trouve-t-il à l’intérieur puis à l’extérieur ?
Combien cet éléphant a-t-il de pattes ?
Cette femme a-t-elle les yeux ouverts ou fermés ?
Guiseppe Arcimboldo est l’un des premiers pionniers de l’illusion.
Il a créé ses célèbres portraits anthropomorphes, constitués de fleurs, de fruits, puis est tombé peu à peu dans l’oubli, après sa mort, en 1593.
Ce sont les surréalistes qui nous les ont fait redécouvrir.
On peut ici admirer son tableau réversible, ou ici ce portrait gourmand.
Il en a inspiré plus d’un, tel Till Nowak qui, en 2006, lui adresse un joli clin d’œil en réalisant cettesavoureuse salade, ou Ken Knowlton.
Ken est un artiste, doublé d’un scientifique et s’ingénie à cacher sous des objets minuscules, un corps, ou un visage qui apparait peu a peu.
Sur ce lien, découvrez ces dernières créations.
Son travail sur Eleanor Roosevelt réalisé par de petits coquillages mérite largement le détour. lien
Maurits Cornelis Escher, né le 17 juin 1898 nous a quittés en 1972. Il laisse derrière lui une œuvre considérable qui nous plonge dans la plus profonde des perplexités.
Son père voulait faire de lui un architecte, mais le jeune homme préférera devenir un grand technicien de la gravure sur bois de fil.
Grand voyageur autour de la Méditerranée, il lui arrivait régulièrement, pour financer ses pérégrinations de proposer ses gravures en paiement.
De la linogravure, à la lithographie, en passant par la gravure sur bois, ou le mezzotinto, (ou manière noire) tout était bon pour lui pour réaliser ses chefs d’œuvres.
Sur ce lien, découvrez 40 œuvres majeures de cet artiste original (le monde étrange de M.C. Escher) et vous pourrez soutenir un projet d’expo en allant sur ce lien.
Escher a influencé de nombreux artistes.
Julien Beever, par exemple en est l’un d’eux.
C’est un artiste d’œuvres éphémères, ce qui est bien dommage, car son travail d’artiste sur tous les trottoirs du monde, d’Angleterre en France, en passant par les Etats Unis, le Canada, ou l’Australie, est tout simplement magnifique.
Ce britannique défie les lois de la perspective au moyen d’une technique de projection appelée anamorphose.
On peut aller le visiter sur son site officiel.
Ces œuvres éphémères réalisée à la craie grasse sont malgré tout sauvées par la photo, ou par la vidéo.
Tout chez lui est dans l’illusion, le trompe l’œil : ici, un trou imaginaire sur la grande place d’une ville engloutit des politiciens ( lien), ou bien ici, une grenouille géante sur un nénuphar guette ce que l’enfant veut lui donner.
Ici un autre enfant dépose sa lettre pour le Père Noël, lequel caché sous le trottoir, est en train d’ouvrir son courrier.
J’ai eu l’honneur, et le privilège de connaitre il y a plus de vingt ans un groupe d’artiste (ils s’appelaient « populart » à l’époque), et qui sont aujourd’hui mondialement connus pour leurs fresques sous le nom de « cité création ».
Ils ont crée de gigantesques trompe l’œil sur les façades du monde entier, et on peut les découvrir sur celien.
Josephine Wall explore aussi ce monde de l’illusion et du fantastique.
Ses créations oniriques sont un déluge explosif de couleurs et d’imagination, comme ce Nautile géant, cet arbre millénaire, ce baiser qui n’a rien à envier à Rodin, ou cette goutte d’eau abritant des danseurs.
Allez rêver sur son blog fantastique. lien
Cette anglaise, spécialiste de la « Fantasy » et des grands mythes utilise la peinture acrylique, et a manifestement été inspirée par Magritte, mais aussi par Arthur Rackham.
Peu connu en France, Rackham a quitté ce bas monde en 1939.
On ne peut être qu’émerveillé par son évident talent lorsqu’il propose ce cavalier volant, ces animaux géants ou cet arbre amoureux.
Plus proche de nous, il y a Octavio Ocampo.
Cet artiste, à la fois peintre, sculpteur, mais aussi danseur et acteur est né au Mexique en 1943.
Il a étudié à l’institut des Arts de San Francisco, et il est l’un des maitres de l’illusion d’optique.
Lorsque l’on croit voir un vénérable barbu, on découvre dans son tableau un paysan caché sous la moustache du barbu, et une femme berçant un nouveau né.
Son Christ somptueux est double, son Christophe Colomb cache des bateaux et des indiens, son Bill Clinton n’est qu’un amoncellement de buildings et sa Mona Lisa abrite, entre autres un chat sur sa poitrine.
On sent que le grand Salvador Dali, qui n’a jamais nié sa filiation avec Arcimboldo, n’est pas loin.
Ce même Dali qui dissimulait dans une tête de mort des corps de femme lien, faisait apparaitre un buste de Voltaire au milieu de personnages improbables, ou créait un décor d’appartement devenant le visage de Mae West..
Mathieu Hamaekers nous plonge, quant à lui dans la perplexité en réalisant des sculptures impossibles et pourtant bel et bien visibles, tel ce triangle que l’on peut découvrir à Ophoven, en Belgique.
Il faut prendre un point de vue différent pour en comprendre l’illusion. lien
C’est ce qu’on qualifie de figures ambigües.
Une figure classique de l’illusion est la « fourche du diable ».
Walter Wick nous en propose la réalisation en maquette. lien
Shigeo Fukuda s’est amusé à réaliser une sculpture double : suivant l’angle de vue, on aperçoit un pianiste ou un violoniste. lien
Il y a aussi les dessins à double lecture dont Gustave Verbeek a été l’un des pionniers.
Que l’on regarde cette image à l’envers, ou à l’endroit, ce sont deux sujets totalement différents.
Verbeek a été au tout début du 20ème siècle un grand dessinateur de presse, après avoir étudié l’art à Paris.
D’origine néerlandaise, il a grandi au Japon, avant de se faire connaitre aux Etats Unis, pour ses illustrations, mais aussi ses dessins animés, et ses bandes dessinées. lien
Un psychologue, joseph Jastrow s’est amusé à créer des dessins ambigus, tel ce lapin-canard.
Outre ses recherches sur l’évolution des langues, son travail sur les illusions d’optique l’a largement popularisé. lien
Le Suisse Sandro Del Prete nous propose la transition d’une vache et de son gardien en un visage étonnant.
Ce peintre tessinois vivant à Berne aime jouer avec nos sens : sur la même feuille de papier, on voit alternativement une main, ou une danseuse.
Magritte, lorsqu’il nous montre une toile représentant le paysage visible en arrière plan est aussi dans ce domaine de l’illusion. lien
Dans le monde de la perspective trompeuse, c’est le moment de citer le remarquable travail d’Adelbert Ames.
L’illusion proposée a été découverte par le physicien allemand Hermann Von Helmholtz, mais c’est Ames qui en 1941 en a réalisé le modèle qui, du coup, porte son nom : « l’illusion d’Ames ».
Sur l’image proposée, les deux enfants, malgré les apparences, ont exactement la même taille.
La photo s’invite aussi dans l’illusion.
En voici quelques exemples
Georges Rousse en a fait son cheval de bataille : il investit des lieux abandonnés pour le transformer enespace pictural et y construire une œuvre éphémère, unique, que seule la photographie restitue. (dixit wikipédia).
Le photographe Joe Wezorek, dans la même lignée qu’Arcimboldo, ou que son contemporain Ken Knowlton, a réalisé une photo composée de centaines de militaires tués en Irak, qui, lorsque l’on s’éloigne, fait apparaitre le visage de Georges W. Bush.
Aude Oliva, nous propose une illusion troublante qui permet de passer du visage d’Einstein à celui de Marylin suivant la distance que nous avons avec la photo.
Je vous propose pour terminer de tester vos performances optiques en allant sur ce lien.
On le voit, à l’inverse des politiques, les artistes ont assez de talent pour donner à l’illusion ses lettres de noblesse.
On sait que les promesses rendent les citoyens heureux, mais lorsque ces derniers réalisent qu’ils ont été gravement trompés, ils sont parfois capables de le faire savoir, car comme dit mon vieil ami africain :
« Les conséquences de la colère sont plus graves que ses causes ».
L’image illustrant l’article provient de www.sentezvousbien.com
Bibliographie : Al Seckel-Illusions d’optique-France Loisir, la grande illusion d’optique-éditions Fleurus, embrasser le ciel immense-Daniel Tammet, l’œil s’amuse-Julian Rothenstein-éditions Autrement, Illusions visuelles-Jean Hladik-éditeur ellipses Marketing, l’œil qui pense, Roger Shepard,-éditeur Point, les illusions visuelles-Philippe Nessmann- éditeur Mango jeunesse.