La fin de la Zone euro avant le 17 avril 2014?
L’explication est aussi simple que paradoxale : il y a trop d’argent.
Depuis le début des années 2000, on observe une augmentation considérable de la monnaie en circulation dans le monde. Celle-ci a été multipliée par six depuis 10 ans : c’est trois fois plus que les échanges mondiaux sur la même période (ils n’ont été multipliés « que » par deux).
Si on peut estimer que cette augmentation de monnaie a permis de financer l’incroyable essor des économies émergentes, Chine en tête, cet argent facile a aussi généré des phénomènes de bulles.
L’argent s’est stocké dans des placements attractifs dont la valeur a monté artificiellement à cause de cet afflux de liquidités : il y a eu la bulle internet au tout début des années 2000, puis la bulle immobilière américaine qui a déclenché la crise en 2008 et aujourd’hui la bulle obligataire d’Etat.
Nous sommes maintenant dans une situation inédite.
L’inconnu. Comme si nous étions passés de l’autre côté du miroir. Pour la première fois en Europe, les Etats et les banques centrales ont transféré le risque des banques commerciales sur leurs propres comptes.
Le système est pervers. Les banques commerciales n’achètent pas autant de dettes souveraines par insouciance. La réglementation Bâle III, définie au début des années 2000, les y incite car selon les critères de Bâle les dettes souveraines n’ont pas besoin de contrepartie.
Ce n’est plus l’euro qui garantit votre épargne, c’est votre épargne qui garantit l’euro.
Ces politiques monétaires profitent bien évidemment aux Etats exsangues et impuissants et au système bancaire chargé de mauvaises dettes qui ne seront jamais remboursées… Et c’est vous, par l’intermédiaire de vos dépôts, qui garantissez ce petit manège.
La fin de la Zone euro avant le 17 avril 2014 ?
Je vous le disais, il y a 20 chances contre 1 que l’euro éclate avant le 17 avril 2014. Cela entraînera la faillite de la France qui s’y prépare et porterait un coup fatal à votre patrimoine financier.
Je vous disais aussi que les causes de l’éclatement ne seraient sans doute pas à chercher en France ni en Italie ou en Espagne, ni même en Grèce ou en Slovénie.
C’est par l’Allemagne que l’euro chutera.
Non pas que l’Allemagne le veuille, mais l’économie qui porte toute la zone à bout de bras est en train de flancher. Depuis quelques mois, les chiffres sont décevants, la croissance pas tout à fait au rendez-vous et surtout le ralentissement chinois fait craindre pour les exportations germaniques.
De plus, le 17 avril dernier, Egan-Jones, une petite agence de notation indépendante — la seule qui ne soit pas liée à Wall Street — a dégradé la note de l’Allemagne, dernière grande économie de la Zone euro à détenir le précieux sésame du AAA. Or Egan-Jones avait dégradé les Etats-Unis juste un mois avant que Standard & Poor’s ne s’y résigne. Plus généralement, depuis 2001, les changements de note d’Egan-Jones ont été suivis dans 95,14% des cas par au moins une des trois grandes agences de notation financière dans l’année qui suivit le changement de notation. D’où ma date butoir du 17 avril 2014.
Ainsi c’est déjà un petit coup de semonce qu’a reçu l’Allemagne. Son principal indice boursier, le DAX, perdait près de 2% le jour de l’annonce de la petite agence de notation.
Or si les dégradations des notes financières des Etats-Unis ou de la France n’ont pas eu de grands effets sur les économies de ces pays, la situation est différente avec l’Allemagne. Celle-ci joue tout d’abord le rôle de rempart pour les économies plus faibles de la Zone euro, elle n’a donc pas le droit de fléchir.
Moody’s a d’ailleurs affirmé que si un des pays AAA de la Zone euro devait être dégradé, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) le serait aussi.
Comme déjà 15 pays de la Zone euro sur 17 sont placés sous surveillance négative, cela provoquerait une réaction en chaîne : les taux d’émission de dette augmenteraient rapidement, empêchant les Etats de se refinancer et entraînant l’éclatement de la zone.
En plus, 2013 est une année chargée en refinancement. Au total, c’est 30% de la dette de long terme des pays de l’OCDE et donc de l’Europe qui doit être refinancée dans les trois prochaines années. Par « refinancer », comprenez que pour rembourser la dette venant à échéance, il faut en émettre une nouvelle. Le procédé passe comme une lettre à la poste lorsque les taux baissent… mais ce n’est plus du tout la même chose lorsque les taux d’intérêt augmentent.
Il faut encore noter les échéances électorales en Allemagne le 22 septembre 2013. Elles vont ajouter de l’incertitude et peut-être voir la montée d’un jeune parti anti-euro qui a beaucoup fait parler de lui : Alternativ für Deutschland.
Extrait tiré des Publications Agora
Source: news360x.fr via leschroniquesderorschach et les ME