La France perd son «AAA»? «C’est un avertissement»
Le triple «AAA» de la France est définitivement enterré. Après l’agence Standard&Poor’s en janvier 2012 suivie par Moody’s en novembre dernier, c’est finalement au tour de Fitch d’abaisser ce vendredi la note de la dette hexagonale d’un cran passant à «AA+». Soupçonnée par certains de complaisance puisqu’elle appartient au Français Marc Ladreit de Lacharrière, l’agence devait tôt ou tard s’aligner sur ses consœurs.
François Hollande dos au mur
Avec un déficit budgétaire qui file vers les 4% en 2013 et une croissance nulle pour l’économie française, Fitch n’avait plus le choix. «Ce n’est donc pas une surprise, mais c’est un avertissement», souligne l’économiste Philipe Crevel. Le secrétaire général du Cercle des épargnants s’interroge malgré tout sur le timing de la décision qui intervient deux jours avant les célébrations du 14 juillet ! De là à penser que l’agence veut mettre le chef de l’Etat dos au mur à l’approche de la traditionnelle interview télévisée….
Il devra de toute façon réagir à cette troisième dégradation en 18 mois et expliquer comment il compte ramener les finances publiques à l’équilibre. Alors que le gouvernement français s’attend lui à une croissance de 0,1% en 2013, 1,2% en 2014 et 2% en 2015 et 2016, Fitch prévoit une contraction de l’activité de 0,3% en 2013 puis une croissance de 0,7% en 2014 et de 1,2% en 2015, ce qui ne donne pas beaucoup de marges au gouvernement pour atteindre ses objectifs de consolidation budgétaire.
Pierre Moscovici prend acte
De son côté, le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, dans un communiqué a pris acte de la décision de Fitch et a réaffirmé «la détermination du gouvernement à poursuivre la réduction des déficits publics, le rétablissement de la compétitivité et le redressement de l’économie française pour soutenir la croissance et l’emploi.»
Signe que les marchés financiers anticipaient cette décision, les taux d’intérêts que la France doit payer à ses créanciers pour les emprunts à 10 ans est passé de 1,6% en mai à 2,2% ce vendredi, contre 1,56% pour l’Allemagne. Cette remontée à des conséquences directes sur le budget de l’Etat, puisqu’il va renchérir le coût de l’emprunt et rendre plus difficile la réduction des déficits, mais aussi pour les ménages dans la mesure où les banques se calent sur le taux des obligations d’Etat pour déterminer le niveau des taux affectés au crédit immobilier. Pour Philippe Crevel, il faudra donc surveiller de près l’évolution des taux d’intérêts dans les semaines qui viennent et surtout à la rentrée que nombres d’experts prédisent explosives.
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Les créanciers s’impatient
Après un semblant d’accalmie, il semble bien que les détenteurs d’obligations d’Etat commencent à douter des réformes engager par les pays les plus vulnérables de la zone euro. Jeudi Moody’s a dégradé jeudi la note de l’Italie de deux crans, de A3 à Baa2 ce qui a provoqué une levée de boucliers dans la péninsule. «La notation de Moody’s est complètement injustifiée et trompeuse, elle ne tient pas compte du travail effectué par notre pays», a notamment commenté le ministre du Développement économique Corrado Passera.
Une ligne de défense que pourrait bien utilisée aussi François Hollande ce dimanche en ventant les chantiers réalisés depuis son arrivée à l’Elysée (crédit d’impôt compétitivité, flexibilisation du marché du travail) et à venir (réforme des retraites, de la formation professionnelle, de l’assurance-chômage…). Mais est-ce que ce sera suffisant aux yeux de nos créanciers ?
Source : http://www.20minutes.fr/economie/1188165-20130712-france-perd-aaa-cest-avertissement