Blackwater, Monsanto et Bill Gates, les machines de guerre
La firme agroalimentaire tentaculaire criminelle Monsanto (de l’agent Orange aux OGM) vient d’acheter la société de mercenaires criminels Blackwater (aujourd’hui appelée Xe Services) !
La Pravda en anglais, Silvia Ribeiro, 14 octobre 2010
Un article de Jeremy Scahill, Blackwater’s Black Ops (Les opérations secrètes des Blackwater), paru dans The Nation le 15 septembre 2010, a révélé que la plus grande armée de mercenaires du monde, la compagnie de services clandestins d’intelligence Blackwater (aujourd’hui appelée Xe Services) a été vendue à la multinationale Monsanto. Blackwater a été rebaptisée en 2009, après que de nombreux rapports de débordements, dont des massacres de civils, en Irak l’aient rendue célèbre dans le monde. Elle reste le plus grand prestataire privé de « services de sécurité » du ministère des Affaires étrangères zunien à pratiquer le terrorisme d’État, offrant ainsi au gouvernement la possibilité de nier sa pratique.
De nombreux militaires et anciens officiers de la CIA travaillent pour Blackwater ou des entreprises assimilées ou créées pour détourner l’attention de leur mauvaise réputation et rendre plus lucrative la vente à d’autres gouvernements, banques et compagnies multinationales de leurs infâmes services, allant de l’information et du renseignement à l’infiltration, en passant par le lobbying politique et la formation paramilitaire. Selon Scahill, les affaires avec les multinationales comme Monsanto et Chevron, et des géants de la Finance tels que Barclays et Deutsche Bank, sont conduites par deux sociétés appartenant à Erik Prince, le propriétaire de Blackwater :Total Intelligence Solutions et Terrorism Research Center. Leurs fonctionnaires et administrateurs ont en commun Blackwater.
L’un d’eux, Cofer Black, l’un des directeurs de la CIA connu pour sa brutalité, est celui qui, en tant que directeur de Total Intelligence, a pris contact avec Monsanto en 2008 pour conclure un contrat avec la compagnie pour espionner et infiltrer les organisations de militants des droits des animaux et des anti-OGM, et accomplir les autres sales boulots du géant de la biotechnologie.
Contacté par Scahill, Kevin Wilson, un cadre de Monsanto, a refusé de commenter, mais a confirmé plus tard à The Nation qu’ils avaient engagé Total Intelligence en 2008 et 2009, seulement, selon lui, pour garder une trace des « révélations » de leurs opposants. Il a aussi indiqué que Total Intelligence est une « entité totalement distincte de Blackwater. »
Pourtant, Scahill possède des copies de courriels de Cofer Black après sa rencontre avec Wilson pour Monsanto, où il explique à d’autres anciens agents de la CIA, en utilisant leurs adresses de courriels chez Blackwater, que la discussion avec Wilson était que Total Intelligence est devenu « l’organe de renseignement de Monsanto, » pour l’espionnage des militants et d’autres actions, incluant « l’intégration légale de nos gens dans ces groupes. » Monsanto a payé Total Intelligence 127.000 dollars en 2008 et 105.000 dollars en 2009.
Il n’étonnera guère qu’une compagnie engagée dans la « science de la mort » comme Monsanto, dédiée dès l’origine à créer des poisons toxiques à répandre, de l’Agent Orange aux BPC (biphényles polychlorés), des pesticides, des hormones et des semences génétiquement modifiées, est associée à une autre compagnie de voyous.
Quasi simultanément à la publication de cet article dans The Nation, Via Campesina a signalé l’achat de 500.000 actions de Monsanto, pour plus de 23 millions de dollars, par la Fondation Bill et Melinda Gates, qui, avec cette action, a complètement jeté le masque de la « philanthropie. » Encore une association qui ne surprendra guère.
Il s’agit d’un mariage entre deux monopoles des plus cyniques de l’histoire de l’industrialisme : Bill Gates contrôle plus de 90 pour cent de part du marché de l’informatique propriétaire et Monsanto environ 90 pour cent du marché mondial des semences transgéniques et la majorité des semences commerciales du monde. Il n’existe aucun autre monopole aussi vaste de secteurs industriels. Leur l’existence même est une négation du fameux principe du capitalisme de « concurrence de marché. » Gates et Monsanto sont tous deux très agressifs dans la défense de leurs monopoles mal acquis.
Bien que Bill Gates puisse être tenté de dire que sa Fondation n’a aucun rapport avec son entreprise, tout prouve le contraire : la plupart de ses dons finissent par favoriser les investissements commerciaux du magnat. Quoi que ce soit, ce ne sont pas vraiment des « dons, » puisque au lieu de payer des impôts à l’État, la Fondation investit ses bénéfices là où c’est favorable économiquement, y compris dans la propagande sur ses bonnes intentions présumées. Ses « dons » financent au contraire des projets aussi destructeurs que la géo-ingénierie ou le remplacement des médicaments de la communauté naturelle par des médicaments brevetés de haute technologie dans les régions les plus pauvres du monde. Quelle coïncidence ! L’ancien ministre [mexicain] à la Santé Julio Frenk et [l’ancien président du Mexique] Ernesto Zedillo sont des conseillers de la Fondation.
Comme Monsanto, Gates est aussi engagé dans une tentative de destruction de l’agriculture rurale dans le monde, principalement à travers l’« Alliance pour une révolution verte en Afrique » (AGRA). Il fait office de cheval de Troie dans le but de déposséder les agriculteurs pauvres africains de leurs semences traditionnelles, afin de les remplacer d’abord par des semences de leurs compagnies, et ensuite par des semences génétiquement modifiées. À cette fin, en 2006 la Fondation a embauché Robert Horsch, le directeur de Monsanto. Gates expose maintenant des bénéfices importants, directement revenus à leur source.
Blackwater, Monsanto et Gates sont les trois faces d’un même calcul, la machine de guerre contre la planète et la plupart des gens qui l’habitent : les paysans, les communautés autochtones, les gens qui veulent partager les informations et les connaissances ou tous ceux qui ne veulent pas être sous l’égide du profit et du pouvoir destructeur du capitalisme.
L’auteur, Silvia Ribeiro, est chercheuse à l’ETC Group. Cet article, paru à l’origine dans le journal mexicain La Jornado, a été traduit de l’espagnol pour La Pravda en anglaispar Lisa Karpova.
Source : english.pravda.ru/business/companies/14-10-2010/115363-machines_of_war_blackwater_monsanto_billgates-0/
Traduction copyleft de Pétrus Lombard 14 octobre 2010
Source http://www.lepost.fr via : www.internationalnews.fr