L’UMP propose une amnistie fiscale en pleine affaire Cahuzac. Mais pourquoi ?
Cette proposition de loi a été déposée le 28 mars, avant que l’ancien ministre du Budget n’avoue détenir un compte bancaire à l’étranger depuis 20 ans, mais tout de même après sa démission le 19 mars suite à l’ouverture d’une information judiciaire sur ces faits.
Ce texte, dont l’initiateur est le député UMP de la Loire Dino Cinieri, s’inspire du dispositif d’amnistie fiscale mis en place en 2009 en Italie sous l’impulsion de Silvio Berlusconi « afin de permettre aux contribuables italiens de rapatrier les capitaux placés à l’étranger, le plus souvent à l’insu du fisc ».
Un bien joli modèle.
Mais quel mouche a pu piquer ce député de l’opposition en pleine affaire Cahuzac ? A quel jeu joue-t-il ?
On a peut-être un début de réponse en lisant l’entretien qu’a accordé au Monde Diplomatique le professeur de finance Eric Vernier, qui est aussi l’auteur de Techniques de blanchiment et moyens de lutte.
En effet lorsqu’on lui demande s’il existe d’autres hommes hommes politiques français qui ont des avoirs non déclarés placés en Suisse, il répond : « Il n’y a pas si longtemps, nous avons eu l’affaire Florence Lamblin, élue verte parisienne qui blanchissait la fraude fiscale de son grand-père en Suisse avec l’argent de la drogue. Nous avons actuellement des affaires en cours, plutôt dans le camp de droite. Tout cela donne malheureusement du grain à moudre à tous ceux qui brandissent le fameux « tous pourris ». Et je pense que le danger de ces délits se situe à ce niveau. C’est un danger pour la République, un danger pour la démocratie. »
On comprend mieux l’empressement de la droite à vouloir une amnistie fiscale alors que certains d’entre eux sont dans le viseur. On comprend mieux aussi pourquoi ils soutenaient avec virulence Cahuzac contre Médiapart au début de cette affaire.
On comprend mieux aussi au travers de tous ces hommes politiques qui auraient des comptes en Suisse, pourquoi il est impossible pour eux de s’attaquer à l’évasion fiscale et les dizaines de milliards qui échappent ainsi aux caisses de l’Etat.
Eh oui, ils ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis, surtout lorsque celle-ci se trouve dans un paradis fiscal. A la place on préfère taxer le pauvre type qui bosse pour un salaire de misère.
En ce 4 avril, jour du 45e anniversaire de l’assassinat de Martin Luther King, faisons un rêve.
Que tous les Cahuzac de droite et de gauche soient démasqués, que leurs biens soient confisqués, qu’ils soient condamnés à de la prison ferme, qu’ils soient à jamais bannis du monde politique, et que des hommes et des femmes intègres remplacent cette caste totalement corrompue.