La France qui craque

François Hollande se trompe. Imaginer pouvoir répondre à la crise politiqueactuelle par des exercices de communication est une erreur. Un déplacement à Dijon, façon Chirac, il y a deux semaines, ou une émission de télévision, jeudi 28 mars, avec pour seule idée de faire de la pédagogie, ne changera rien. Et M. Hollande continuera de s’enfoncer dans les limbes d’une impopularité record – ce qui en soi n’est pas très grave.

Ce qui est grave, c’est de constater, jour après jour, les germes d’une crise politique souterraine – dont témoigne l’élection partielle dans l’Oise. On en connaît les fondements, notamment le chômage et ses pouvoirs de destruction massive. On en connaît les risques aussi – l’histoire ne se répète pas mais cela n’interdit pas d’en tirer des enseignements.

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Crise morale d’abord, illustrée par les affaires Cahuzac et Sarkozy, lesquelles ne se sont pas neutralisées dans une sorte de match nul entre PS et UMP. Bien au contraire, les deux affaires contribuent à instiller le poison des soupçons d’affairisme. Crise européenne, ensuite, avec la tragi-comédie sur Chypre.

Dans une société française caractérisée par la peur – celle de la chute sociale –, le simple fait d’avoir envisagé de toucher aux dépôts bancaires confirme le sentiment que plus rien n’est garanti. Et que l’Europe peut aussi représenter une forme de menace. Crise sociale, enfin et surtout, avec un niveau du chômage historique, aggravé, s’il en était besoin, par le contexte budgétaire et l’épuisement des amortisseurs sociaux – ceux-là mêmes qui font que la France ne craque pas.

SENTIMENT D’IMPUISSANCE

Jusqu’où Hollande peut-il descendre en termes d’impopularité ? A quel moment la peur dans la société risque-t-elle de paralyser le pouvoir ? A quel moment un pays devient-il ingouvernable ? Dans ce contexte, une émission conçue comme un exercice de communication risque de ne servir à rien. Soit M. Hollande a des annonces à faire – sur les retraites, sur la réforme de l’Etat, etc. – et cela peutavoir du sens. Soit il s’agit d’un simple exercice de pédagogie et cela risque d’affaiblir un peu plus sa parole.

Car le pire pour un homme politique est de donner l’impression qu’il tourne à vide. Et donc de conforter le sentiment général d’impuissance. Un danger majeur. Parce que, si les politiques continuent de renforcer l’idée qu’ils ne servent à rien, alors la société française n’hésitera pas, demain, à élire un bouffon ou un extrémiste.

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