DE LA VIANDE, OUI, MAIS À L’ACIDE !
Désormais, les carcasses bovines peuvent être traitées à l’acide lactique en Europe. Va-t-on s’arrêter aux poulets chlorés ? dit Test-Achats
Pendant que Bruxelles annonçait à grand bruit le retour des farines animales dans la gamelle des poissons, volailles et cochons, une autre bonne nouvelle est passée quasiment inaperçue. Il s’agit de la publication du règlement européen 101/2013, qui autorise l’«utilisation de l’acide lactique pour réduire la contamination microbiologique de surface des carcasses de bovins».
L’avantage du badigeonnage à l’acide lactique, c’est qu’on peut ainsi transformer une bidoche pas très nette en morceau de barbaque propre comme un sou neuf. Largement utilisée aux États-Unis, cette éponge magique faisait envie à l’Union Européenne du commerce du bétail et de la viande (le lobby des industriels du steak), qui tentait depuis trois ans de nous l’imposer. Enfin, c’est gagné !
Certes, toute la bidoche ne sera pas astiquée à l’acide lactique. Mais, comme le règlement n’impose pas de mettre au parfum le consommateur, les seuls qui seront informés que la barbaque qu’ils achètent a été nettoyée ainsi sont les grossistes et les semi-grossistes en viandes…
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Quand donc Bruxelles autorisera-t-elle aussi le poulet Javel, que les Américains tiennent absolument à nous faire déguster ? « Blanchir » les carcasses de volailles contaminées en leur faisant faire trempette dans des bains d’eau javellisée, ce serait pourtant très pratique.
Et, pendant qu’on y est, pourquoi pas la colle à viande ? Il y a trois ans, le Parlement européen avait, in extremis, retoqué la proposition de la commission européenne d’autoriser la thrombine comme additif alimentaire. Cet enzyme extrait du sang de boeuf ou de porc peut servir de colle pour agglomérer des chutes de découpes à l’abattoir et reconstituer ainsi la viande qu’on trouve dans les plats cuisinés.
Pratique pour donner au consommateur l’illusion qu’il a des morceaux entiers dans sa barquette de cassoulet, alors qu’il s’agit de bouts de barbaque provenant de différents animaux recollés ensemble ! Il y a des jours comme ça où l’Europe ça colle aux dents…
Source : Le Canard Enchaîné N° 4819 du 6 mars 2013