PICARDIE Les maux de l’agriculture

La question du prix du lait n’est pas la seule source d’inquiétude pour les agriculteurs.

1 LES ÉLEVEURS SUR LA PAILLE

Première coopérative laitière en France (Yoplait, Candia, Entremont), la Sodiaal a décidé cet été de baisser le prix du lait. Son concurrent Lactalis a embrayé derrière, dénonçant à son tour la pression de la grande distribution qui menace de s’approvisionner à l’étranger.

Mais les éleveurs, eux, n’en peuvent plus. À 31 centimes du litre en moyenne, «on ne couvre plus nos frais d’alimentation du bétail », explique Luc Smessaert, président de la FDSEA de l’Oise.

En cause, la flambée du prix de l’alimentation animale (tourteau de soja) suite à la sécheresse de cet été aux États-Unis.

Pour couvrir une hausse des charges de 30%, la FDSEA estime que le prix du litre de lait payé aux producteurs doit être revalorisé «d’au moins 10% », pour arriver à 40 centimes du litre.

2 LA FIN DES QUOTAS

Cette difficile négociation intervient dans un contexte de disparition, en 2015, des quotas laitiers qui garantissaient les prix au niveau européen. Tandis que la PAC (Politique agricole commune) vient d’être amputée de 17 milliards par rapport à ce qu’avait demandé la Commission.

Le système européen des subventions agricoles est malgré tout épargné au détriment de projets d’infrastructures. Mais il s’agit de la première baisse de son histoire.

3 LA GRANDE DISTRIBUTION ACCUSÉE

«L’agriculture ne va pas si mal, mais les parents pauvres sont l’élevage, le maraîchage et l’arboriculture », commente cet agriculteur. Alors que les grandes enseignes dépensent une fortune dans le marketing, les producteurs ont le sentiment de ne pas être rétribués au juste prix.

Sur 100 euros de dépenses alimentaires des ménages, moins de 8 reviennent à l’agriculteur, avait dévoilé, fin 2012, l’Observatoire des prix et des marges.

Concernant le lait, la fédération nationale des producteurs a validé jeudi un «indicateur de charges ». Il permettrait de répercuter les coûts de production dans le prix.

4 LE BœUF ÉTAIT DU CHEVAL

! La fraude dans les plats surgelés à base de viande de cheval faussement étiquetée bœuf (affaire Findus) a ravivé une autre source d’inquiétude pour l’agriculture. «Il y a trop d’intermédiaires qui s’enrichissent sur le dos des producteurs », estime la FDSEA.

5 NITRATES : LA FRANCE DURCIT LE TON

S’ils bénéficient d’un mode de subvention européen généreux, les agriculteurs protestent contre les contraintes exigées par Bruxelles. Il y a quelques jours, l’application d’un règlement européen contre la pollution aux nitrates a mis le feu aux poudres.

Les agriculteurs demandent un moratoire alors que certaines pratiques sont remises en cause afin de protéger la nappe phréatique. La France a pris ces mesures sous la menace de lourdes sanctions financières par Bruxelles pour non respect d’une directive adoptée il y a vingt ans.

6 LA FILIÈRE PORCINE EST CONTRAINTE D’INVESTIR

Europe toujours : en début d’année, la filière porcine a dû s’appliquer à mettre en place une directive sur le « bien-être animal », prévoyant un espace minimal pour les truies gestantes. Non appliquée depuis sa parution en 2003, cette directive va plomber la trésorerie des éleveurs.

À tel point que la fédération nationale porcine redoute un phénomène de restructuration entraînant la disparition de 12 % des élevages, soit environ 850 exploitations.

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