Pétrole & Décroissance ( VIDEO )
Croissance ou décroissance ? (2ème essai)
Le grand débat pour la survie de l’humanité tourne aujourd’hui autour de cette question essentielle : Croissance ou décroissance ?
La question n’est pas obligatoire, ou en tout cas, on peut la poser différement, car quoi de plus angoissant que d’imaginer revivre au moyen age, même si la finalité de la décroissance, telle qu’elle est imaginée par ses défenseurs, n’a rien à voir avec un retour en arrière, mais plutôt une nouvelle évolution, fondée sur des valeurs différentes de celles de l’excellence, de l’abondance, et la compétitivité.
La croissance :
Telle qu’elle est définie par nos dirigeants, basée sur les théories de l’économie libérale, elle semble nous inviter à toujours consommer davantage, afin de faire marcher la machine “production”, génératrice d’emplois, et donc de nouveaux consommateurs, dont le pouvoir d’achat augmentant, permettrait d’augmenter la consommation, et donc la production et…
Pour se faire, la machine économique ne manque pas d’outils pour vendre du rève, de l’indispensable, et une multitude de petits objets dont, à la longue, on ne peut plus se passer tellement ils nous apportent une illusion de confort croissant (confort matériel j’entend bien). Ces outils se nomment marketing, publicité… et sont véhiculées par tout un tas de canaux grace à une technologie que certains prétendent extraordinaire. SMS, internet, messagerie, téléphone, télévision, presse, écrans plasma dans les salles d’attente, placard sur les bus, les barrieres de stade, courrier papier (et j’en oublie).
Ainsi, nous sommes constamment sollicités pour nous garnir de cette multitude d’objets, de services qui sont censés faire notre bonheur, à tel point que ne pas posséder cette ribambelle d’objets “magnifiques” et de services géniaux vous fait passer pour un marginal, un looser ou un blaireau (rien de bien flatteur en somme). Il suffit pour s’en convaincre de prendre n’importe quelle ligne de bus, de se mettre à proximité des gamins sortant ou allant à l’école, et d’observer leur comportements et discussions autour de l’excellence du dernier Ipod qui contient 1.000 chansons ou du portable à la mode qui propose Internet, appareil photo, envoyeur de SMS, faiseur de toutes les sonneries que vous pouvez télécharger du monde entier en quelques secondes et accessoirement téléphone.
Le bonheur est dans l’accumulation des biens matériels, c’est bien connu (Il est interessant de jeter un oeil sur les statistiques de l’OMS qui nous enseigne que les taux de suicide les plus élevés sont notés sur les pays les plus industrialisés).
Nous entamons aujourd’hui une période extraordinaire sur le plan de l’accès au savoir et à la connaissance.
Nul ne peut à présent ignorer que notre ère va connaitre de fortes pénuries de ressources, de matières premières et de sources d’énergies.
Nul ne peut davantage ignorer que l’image de croissance des pays occidentaux est un modèle de développement pour tous les autres pays dont les habitants “pédalent dans la choucroute” depuis quelques décennies, et en ont, à très juste titre, raz le bol, surtout quand on commence juste à leur mettre sous le nez le gateau tant convoité.
Nul ne peut encore moins ignorer que certains de ces ex pays du tiers monde sont en train de remonter la pente à vitesse grand “V”, en prélevant à la même vitesse grand “V” les ressources et matières premieres qui commencent à faire défaut.
Ainsi, mathématiquement, à moyen (voire court) terme, ca va poser un problème.
” – Lequel ?
– y en aura pas assez pour tout le monde
– Alors que faire ?
– Changer de mode de vie et consommer moins
– La décroissance ? “
Il est clair que la formule présente quelque chose d’inquiétant, surtout quand on le propose à des gens dont le niveau de vie est proche de la précarité. Comment annoncer à ses familles que le temps des veaux gras, qu’elles n’ont d’ailleurs jamais connu, est terminé, et qu’il va falloir à présent se passer de tout ce qui faisaient leurs rèves en passant par les écrans plasma, les doubles paraboles, les marques Nike, Adidas, qui font d’eux d’illusoires champions de banlieu.
Comment leur proposer de manger bio quand le prix de celui ci est indécent et ne fait pas le poids devant les tomates d’Alméria qui ont parcouru des milliers de km et qui n’ont aucun goût, mais qui restent accessibles à leurs portefeuilles.
Comment expliquer dans un autre registre au patron de société que le 4×4 “Yagatsun” n’est pas indispensable pour avoir l’air d’un patron qui a réussi, mais que la Twingo pour aller au boulot fonctionne aussi bien. Comment expliquer ça à ses copains de golf qui débarquent tous en Audi TT ou BM série 7.
La décroissance :
Qu’on pourrait par exemple appeller néo-développement ou développement durable, ou encore mieux, l’accroissance, ainsi que l’a définit Serge Latouche pour évoquer une sorte d’athéisme, de refus de la religion de la surconsommation, pourrait se présenter d’une manière moins sinistre. Encore faudrait t’il éviter les spots de vendeurs d’énergie qui montrent nos intèrieurs coquets, et nous flottant dans l’espace d’un confort douillet, les vendeurs d’automobiles qui tentent de nous faire croire que leurs voitures sont vertueuses, bien que grosses, roulant à l’essence, et 9 fois sur 10 sous exploitées. (1 conducteur dans une 5 places, coffre vide)
Ce rève est terminé, et nous avons tout intérêt à accompagner cette fin pour nous orienter vers beaucoup plus de bon sens.
L’équation est pourtant simple. Nous allons manquer d’énergie ou nous allons devoir nous en passer, nous allons manquer de ressources, c’est un fait.
La question à poser c’est :
Quel monde construire avec ces constats ? Faut il encore faire du jettable ? Et si non, comment s’y prendre ?
Est-ce humiliant de retourner aux bonnes vieilles consignes de bouteilles. Qu’y a t’il de rétrograde à emmener son sac à pain chez le boulanger pour éviter des gaspillages de papier. Quelle honte peut-on avoir à réduire le bouton de chauffage et à mettre un pull qu’aurait tricoté la grand mère, la mère, la fille et pourquoi pas le fils tiens, comme ça.
Anecdote : Le salon de thé béglais Le poulailler a anticipé l’interdiction deschauffages a gaz de terrasses. Françoise, l’inénarrable patrone de ce haut lieu de vie citoyenne à lancé l’idée d’un atelier tricot pour confectionner des pulls pour les clients qui souhaitaient prendre leur café dehors, malgré le froid. Cette initiative n’est t’elle pas intéressante ?
Et dire que certains, hostiles à la “décroissance” prennent l’avion pour aller se perdre pendant 15 jours dans les trous du cul du monde en Amazonie ou en Sibérie pour revenir à “l’essentiel”, avant de revenir en province et prendre leur bagnole pour aller chercher le pain qui est à 500 mêtres de la maison.
Et si la richesse était ailleurs que dans le poids des diamants, la grandeur de la piscine, la possession d’un home vidéo, le nombre de fonctions du portable. Et si elle se trouvait dans le bonheur de cultiver ses tomates et aubergines dans son jardin, dans celui de fabriquer soi même pour Noël, pour des anniversaires, des cadeaux pour sa famille, de prendre une petite heure pour aller au marché à pied chercher ce dont on a besoin pour la semaine, de faire partager l’âme d’un bouquin à ses proches au lieu de se pamer béatement devant le petit écran (qui l’est de moins en moins d’ailleurs) offrant en pature à la plèbe quelques ados chanteurs en quete de succés, de paillettes et de notoriétés ephémères et illusoires.
Consommer plus réclame plus de besoin, plus d’argent, plus de pouvoir d’achat, plus de travail (et donc curieusement beaucoup moins de temps pour regarder les 350 chaines de canal Sat, écouter les 1.000 tubes telechargeables sur portable, et comprendre les 250 fonctions du lecteur CD, du lecteur DVD, et de la machine à pain, nouveau venu sur le marché des petits objets aujourd’hui incontournable, demain indispensable) “Arbeit macht frei” ca vous rappelle rien ? La bonne vieille thématique de notre Nicolas national ne nous oriente t’elle pas vers un culte du plus de travail, plus d’argent, plus de biens, plus de propriété, plus de “reconnaissance sociale”.
Me permettrais je une remarque ?
Et si on consomme moins, on a moins besoin d’argent …
La course à la propriété, à l’oppulence de biens est terminée, elle n’est pas tenable. Vive la course à la mesure, à l’harmonie, à l’équilibre, au bon sens, à la spiritualité, à la culture, au bien être.
Source : http://infoplanete2.unblog.fr/2009/01/06/croissance-ou-decroissance-2eme-essai/