Démocide: quand un gouvernement tue ses propres civils….(videos)
Mahamo: Suite à l’article de Pierrot sur les chemtrails, (dont je suis impatient de connaitre votre avis à travers le sondage et vos commentaires ) , j’ai du inévitablement penser au terme de démocide dont voici la définition:
démocide /de.mɔ.siːd/ masculin
Une ou plusieurs attaques, organisée(s) par un gouvernement et visant des civils de son propre pays.
Incroyable, vous ne trouvez pas? Un gouvernement qui tue sa propre population, et pourtant..
Démocide est un terme créé par le spécialiste de la science politique R. J. Rummel pour disposer d’un concept plus large que la seule définition légale de génocide.
Pour Rummel, le génocide a trois sens différents. Le sens commun est le meurtre par le gouvernement d’une population en raison de son appartenance nationale, ethnique, raciale, ou religieuse. Le sens légal de génocide est celui du traité international de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Il inclut aussi les actes non fatals qui finissent par entraîner la mort du groupe, comme les avortements ou stérilisations forcés, ou qui transfère de force les enfants de cette population à une autre. Le sens plus général du génocide est identique au sens commun mais inclut aussi les assassinats politiques ou meurtres intentionnels par le gouvernement. C’est pour éviter la confusion entre ces trois significations que Rummel a créé le mot démocide désignant ce dernier sens.
Rummel définit explicitement le démocide comme « le meurtre d’une personne ou d’une population par un gouvernement, y compris le génocide, le politicide, et les exécutions de masse ». Par exemple, le meurtre initié ou ordonné par un gouvernement pour des raisons politiques serait considéré comme un démocide. Le démocide peut aussi inclure les morts induites par « l’irrespect intentionnel, ou consciemment cruel et ignoble pour la vie humaine »; ce qui permet de prendre en compte de nombreuses morts dues à des abus divers et à des négligences volontaires, comme les famines organisées. Rummel exclut les batailles entre soldats explicitement. La peine capitale, les actions entreprises contre les civils armés lors des répressions d’émeutes ou de manifestations violentes, et les morts de non-combattants lors des attaques sur des cibles stratégiques militaires (dommage collatéral), ne rentrent pas dans sa définition du démocide.
Rummel ajoute : « J’utilise la définition civile du meurtre, qui dit que quelqu’un peut être coupable de meurtre s’il est responsable de la perte d’une vie à cause d’un irrespect conscient pour cette vie, comme lors de l’enfermement de gens dans des camps où ils meurent rapidement de malnutrition, de maladies non soignées, et d’épuisement dans des travaux forcés, ou par la déportation vers des terres désolées où ils risquent de mourir rapidement d’exposition aux intempéries et de maladie ».
Les exemples de démocide proposés incluent les Grandes Purges perpétrées par Joseph Staline en Union soviétique, les morts dues aux politiques coloniales dans l’État indépendant du Congo, et le Grand Bond en avant de Mao Zedong résultant en une famine qui tua des millions de Chinois. Ces exemples ne sont pas des génocides, car les victimes n’en ont pas été sélectionnées suivant un critère racial ou ethnique, mais ont été tués en grand nombre par l’exercice des politiques gouvernementales. La famine est classée comme démocide si elle remplit la définition ci-dessus.
En fait, Rummel n’avait pas classé le Grand Bond en Avant comme démocide jusqu’à récemment. Il pensait que les politiques de Mao étaient bien largement responsables de la famine, mais de manière involontaire ou par erreur, et avait changé de politique après avoir appris leur résultat. Donc une famine non-intentionnelle ne constitue pas un démocide. Des révélations nouvelles tirées de Mao: the Unknown Story indiquent que Mao anticipait la famine depuis le début de l’application de son programme politique. Il n’avait été convaincu de changer de politique que par la réunion de 7 000 hauts-membres du Parti communiste, donc la famine était bien intentionnelle et peut être qualifiée de démocide.
Exemples de démocides du 20 e siècle
Ces démocides ont causé la mort de plus de 260 millions de personnes
État | Période | Nombre de victimes |
---|---|---|
Cambodge | 1975-1979 | 2 035 000 |
Chine | 1928-1949 | 10 075 000 |
Chine | 1949-1987 | 77 277 000 |
Chine (Mao) | 1923-1949 | 3 465 000 |
Colonialisme | 1900-Indépendance | 50 000 000 |
Congo | 1885-1908 | 3 480 0005 |
Allemagne | 1933-1945 | 20 946 000 |
Japon | 1936-1945 | 5 964 000 |
Pakistan | 1958-1987 | 1 503 000 |
Pologne | 1945-1948 | 1 585 000 |
Mexique | 1900-1920 | 1 417 000 |
Corée du Nord | 1948 à aujourd’hui | 1 563 000 |
Russie | 1900-1917 | 1 066 000 |
Turquie | 1909-1918 | 1 883 000 |
Yougoslavie (Tito) | 1944-1980 | 1 072 000 |
Union soviétique | 1917-1991 | 61 911 000 |
Les accusations d’exécutions de masse par un gouvernement sont assez courantes. Les cas moins courants sont les accusations documentées et appuyées par des preuves tangibles. Pratiquement toutes les accusations de démocide sont disputées, mais la solidité des preuves varie au cas par cas.
Les sources utilisées par Rummel incluent des études académiques, des témoignages de réfugiés, des mémoires, des biographies, des analyses historiques, des décomptes d’exhumations de corps, des traces écrites tenues par les meurtriers eux-mêmes, etc. En bref les données utilisées sont toutes les estimations disponibles en anglais pour toutes les nations sur la durée d’un siècle, et accessibles dans les bibliothèques que Rummel a exploré, y compris la Bibliothèque du Congrès.
Le résultat de cette analyse est l’estimation la plus probable avec une fourchette décrivant les maxima et minima plausibles de morts, et encadrent donc probablement le véritable décompte. Afin de définir ces maxima et minima, Rummel a inclus des estimations qui peuvent parfois être considérées comme fantaisistes. De nombreuses sources historiques ont été ajoutées après la publication de ses livres sur le sujet.
Le compte de 43 millions de morts par démocide pendant le régime de Staline comprend les morts en Union Soviétique et en dehors. C’est un nombre bien plus élevé que le chiffre plus souvent avancé académiquement de 20 millions. Rummel a expliqué cette large différence par l’utilisation d’une estimation tirée du livre de Robert Conquest, The Great Terror publié en 1968 et qu’il n’a pas tenu compte du qualificatif « très certainement en dessous de la vérité » utilisé fréquemment par Conquest. Les décomptes de Conquest excluent les morts des camps après 1950, et avant 1936; les exécutions de 1939-53, les vastes déportations des populations des nations sous domination soviétique et leurs morts sur la période 1939-1953, la déportation massive de membres de minorités à l’intérieur de l’Union soviétique dans les années 1941-1944 et leurs exécutions, et les assassinats perpétrés par l’Armée rouge et la Police secrète en Europe de l’Est sur les années 1944-1945. De plus, l’Holodomor qui a tué 5 millions de gens de 1932 à 1934 n’est pas compté.s
De même, les chiffres évoqués pour le Congo sont manifestement erronés, et correspondent à ceux avancés alors par certains Britanniques, qui étaient par ailleurs les principaux « concurrents » de Léopold II dans la colonisation du Congo. Selon de nombreuses sources, le nombre de 10.000.000 de victimes seraient supérieur à la population totale du Congo à l’époque.
En outre, il convient de rappeler qu’il n’est en aucun cas établi que ce soit sur ordre du roi Léopold II que les massacres aient été commis, ce dernier ayant toujours, dans sa correspondance, exigé que les abus soient réprimés, mais au fait que les agents européens (plus d’une dizaine de nationalités) œuvrant pour l’EIC (donc pour Léopold II), et les soldats indigènes enrôlés (de force) étaient livrés à eux-mêmes, car insuffisamment encadrés et surveillés.
À l’inverse, on peut s’interroger sur l’absence de référence par Rummel au massacre des populations indigènes en Amérique du Nord, ou aux victimes de la colonisation Anglaise, Portugaise, Française ou Hollandaise.
La recherche de Rummel montre que le nombre de morts par démocide est bien plus important que le nombre de morts dues aux guerres. Après avoir analysé 8 000 rapports de morts causées par des gouvernements, Rummel estime qu’il y a eu 262 millions de victimes de démocide au cours du xxe siècle. D’après ces chiffres, six fois plus de gens sont morts de causes dues aux actions des personnes travaillant pour un gouvernement que n’en sont morts lors des batailles.
Une des observations de Rummel est que les démocraties libérales ont causé moins de démocides que les régimes autoritaires. Il explique qu’il y a une relation entre pouvoir politique et démocide : le meurtre de masse pour raison politique devient de plus en plus fréquent à mesure que le pouvoir politique devient important. À l’opposé, plus ce pouvoir est limité, diffus, et contre-balancé, plus la violence est rare. D’après Rummel, « Plus un régime politique a de pouvoir, plus son peuple risque d’être tué. C’est une raison majeure de promouvoir la liberté ». Rummel conclut : « La concentration des pouvoirs politiques est la plus grande cause de meurtre sur Terre ».
Plusieurs autres chercheurs ont obtenu des résultats similaires. « De nombreux chercheurs indiquent que les normes et les structures politiques démocratiques limitent les décisions que peuvent prendre l’élite quant à l’utilisation de la répression contre leurs citoyens alors que les élites autocratiques ne sont pas soumises à ces limitations. » « Une fois en place, les institutions démocratiques – même partielles – réduisent le risque de conflit armé et de génocide / politicide. »
http://www.youtube.com/watch?v=dyoJ_hL5mgY
http://www.youtube.com/watch?v=0Es-qJvfMVU&list=PLA0FA71581925C433
http://www.youtube.com/watch?v=wmUihXEmisI&list=PLA0FA71581925C433
http://www.youtube.com/watch?v=cI8Rknf00y8&list=PLA0FA71581925C433