Un scientifique veut redonner vie à l’homme de Néandertal

Interessant : Comment traiter l’homme comme un Objet pur et simple. A-t-il seulement penser à l’intégration de ce pauvre homme, quand on sait qu’on est même pas capable aujourd’hui d’accepter comme il se doit ses propres semblables blanc, jaune, beur, black ! (Les couleurs de peau péjoratives utilisés ici sont volontaires ;))
Il a la barbe bien fournie, l’air débonnaire et le sourire franc. En apparence, George Church n’a donc rien du savant fou. D’autant plus qu’à 58 ans, ce professeur de génétique à Harvard est l’un des pionniers d’une branche un peu particulière de la science: la biologie synthétique, dont le but est de recréer certains des organismes in vitro, grâce à de l’ADN.

Son nouveau dada, redonner vie, pourquoi pas, à l’homme de Néandertal. C’est ce qu’il explique dans une interview au magazine allemand Der Spiegel publiée le 18 janvier. D’après lui, et il est bien placé pour le savoir, les technologies dont nous disposons nous permettraient de cloner des membres de cette espèce d’homme disparue il y a environ 28.000 ans.

Lire et écrire de l’ADN sont des procédés désormais suffisamment rapides pour que cela ait lieu de son vivant, affirme-t-il. Seule ombre au tableau, il faudrait déjà savoir comment cloner des humains, mais aussi se l’autoriser. Néanmoins, Church estime que cela devrait être possible rapidement. Quant à la législation, si elle interdit le clonage humain dans certains pays comme l’Allemagne ou la France, il affirme que ce n’est pas le cas partout et n’exclut pas que les lois puissent changer.

Développer la diversité

Mais pour quelles raisons cloner Néandertal? Quels bénéfices y aurait-il à en tirer? À l’écouter, l’idée que sapiens, c’est-à-dire nous, puisse à nouveau cohabiter avec cet hominidé n’est pas si folle. Nous aurions même notre épingle à tirer de ce jeu aussi étourdissant qu’effrayant.

« L’homme de Néandertal pense différemment de nous. On sait que sa boîte crânienne était plus grande que la nôtre. Il pourrait même être plus intelligent. Le jour où nous aurons à faire à une épidémie, que nous devrons quitter la planète ou quoique ce soit, il est concevable que sa manière de penser puisse nous être bénéficiaire. »

Dès lors, suffirait-il de créer un seul Néandertal pour s’en rendre compte? Non, estime Church. Il faudrait en cloner une cohorte afin qu’ils aient un sentiment d’identité et pourquoi pas aboutir à une culture néo-néandertalienne, et même les laisser former leur propre force politique.

Des propos qui laissent pour le moins songeur. Car l’idée, explique-t-il, n’est pas de recréer Néandertal par pure curiosité, mais bien d’augmenter la diversité: « rien n’est aussi mauvais que le manque de diversité, » explique-t-il. C’est vrai pour la culture et l’évolution, mais aussi pour la société toute entière. »

Simple comme bonjour

Techniquement, comment faire donc, pour (re)créer Néandertal?

« Première étape, séquencer le génome de Néandertal, ce qui a déjà été fait. Deuxième étape, scinder son génome en fragments, disons environ 10.000 et les synthétiser. Enfin, il ne resterait plus qu’à introduire chacun de ces fragments dans une cellule souche. Si on reproduisait ce processus suffisamment de fois, on créerait une ligne de cellules souches de plus en plus proche de celles de Néandertal. »

Church, qui a lui-même mis au point un procédé semi-automatique permettant d’accélérer ce processus dans son laboratoire, affirme qu’il faudrait d’abord créer un clone de Néandertal femelle, qui pourrait servir de mère aux autres.

Modifier notre ADN pour mieux résister aux maladies?

L’enthousiasme Church fait peur, mais il faut le comprendre.

Selon lui, le potentiel des technologies dont nous disposons aujourd’hui est colossal et redonner vie à Néendertal n’est qu’une des facettes de ce qui nous est rendu possible. La biologie synthétique devrait nous permettre de créer des machines à base d’ADN, mais aussi du fuel à un prix abordable. Principal domaine dans lequel nous devrions tirer des bénéfices: la santé.

« Les jours des médicaments classiques pourraient être comptés. De fait, c’est déjà un miracle qu’ils fonctionnent. Ils se répartissent dans tout le corps et réagissent avec d’autres molécules. Maintenant, on est capable de programmer des cellules. Donc je pense que la prochaine grande étape, ce sont les thérapies cellulaires. Si vous êtes capable d’intervenir sur les génomes et les cellules, votre capacité d’amélioration est colossale. Prenez le virus du sida par exemple. »

Church ne pourrait pas mieux dire. Deux jours avant l’interview, le 16 janvier, un chercheur australien a annoncé avoir modifié une protéine du VIH, ayant ainsi empêché le virus de se répliquer en laboratoire. Pas encore un vaccin donc, mais bien une nouvelle piste à explorer dans le sillage des possibilités ouvertes par la biologie synthétique.

Améliorer notre espérance de vie, nous rendre résistants à différentes bactéries et autres virus, Church estime qu’il est possible et même souhaitable dans certains cas, d’intervenir directement sur notre ADN pour nous permettre une vie meilleure. L’homme se dit extrêmement attentif aux débats bioéthiques, affirme qu’il faut être prudent et à la question « croyez-vous en Dieu », Church répond qu’il croit au pouvoir bienfaiteur de la science. « Je suis en admiration, » dit-il, « en admiration devant la nature. »

Lire l’interview (en anglais) sur le site de Der Spiegel

Source : sott.net