Le tabac de la jeunesse éternelle

Quand la fontaine de jouvence rencontre les OGM : des chercheurs allemands ont mis au point un plant de tabac – dont la longévité normale est de quatre mois – qui ne fleurit jamais et pousse depuis 8 ans !

Dirk Prüfer et ses collègues Gundula Noll et Lena Harig auprès d’un plant de tabac OGM. Crédit Fraunhofer IME

 

Normalement, un plant de tabac a la vie brève. Le végétal pousse trois à quatre mois, fleurit puis meurt. Au maximum de sa croissance, la plante titille les deux mètres de haut, sans aller au-delà. Ses feuilles, qui ornent le tronc à partir de la base, jaunissent et se détachent rapidement.

6,5 MÈTRES. Mais par la grâce d’un laboratoire allemand, le plant de tabac accède à la jeunesse éternelle : les chercheurs de l’Institut Fraunhofer (Münster) ont cultivé dans leur serre un plan de 6,5 mètres de haut, au tronc épais de 10 cm ! Ses belles feuilles vertes restent solidement accrochées à cette plante que les chercheurs ont surnommée celle « de la jeunesse éternelle ».

 

« Le premier de nos plants de tabac a maintenant presque huit ans et il continue de grandir, encore et encore ! » témoigne le professeur Dirk Prüfer, de la IME (Biologie moléculaire et écologie appliquée, à l’Institut Fraunhofer).

 

Pour y parvenir, les chercheurs allemands ont modifié génétiquement leurs cultures de tabac. Ils ont modifié l’information contenue dans l’un des gènes de la plante, de sorte que la floraison du tabac soit retardée ad vitam aeternam. Une fois modifié, le gène manipulé a été réinjecté dans la plante via une bactérie.

CORNE D’ABONDANCE. Parce que les fleurs de la plante n’éclosent jamais, celle-ci continue à pousser encore et encore. Bref, elle connaît une croissance éternelle ! Un tel modèle promettrait des récoltes particulièrement fructueuses qui devraient intéresser l’industrie agroalimentaire – les chercheurs de Fraunhofer travaillent actuellement à répliquer ce « secret de jouvence » chez la pomme de terre, pour le compte d’une société japonaise.

L’équipe de Dirk Prüfer insiste par ailleurs sur un point d’importance : comme leurs plantes génétiquement modifiées ne fleurissent jamais, ils ne peuvent pas produire les graines ou le pollen nécessaires à leurs diffusions : pas de risque de propagation anarchique de ces récoltes. En ces temps où fleurissent les questions les OGM (voir l’article de Sciences et Avenir 791, janvier 2013), pas sûr que l’argument soit suffisant…

 

Olivier Lascar
Sciences et Avenir

 

http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/nature-environnement/20130102.OBS4169/le-tabac-de-la-jeunesse-eternelle.html

 

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