Chômage : la grande peur de 2013

INFOGRAPHIE – Avec 29.300 demandeurs d’emploi supplémentaires en novembre, le chômage continue sa progression entamée il y a dix-neuf mois.

Pas de trêve pour la Saint-Sylvestre! Le chômage continue son inexorable remontée entamée en mai 2011. Selon le ministère du Travail, 29.300 chômeurs de plus ont poussé la porte de Pôle emploi en novembre. Une nouvelle progression, de 35 % inférieure à celle d’octobre, qui porte à 3,13 millions le nombre d’inscrits en catégorie A (chômeurs sans aucune activité). Soit à seulement 72.300 du record absolu recensé en janvier 1997 sous Alain Juppé. Si la tendance actuelle se poursuit, la barre des 3,2 millions de sans-emploi pourrait donc être dépassée dans deux ou trois mois. Pis, si on intègre les chômeurs en activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine approche 4,62 millions, du jamais-vu dans l’histoire des statistiques du chômage, et même 5 millions en intégrant l’outre-mer. En six mois, le nombre de chômeurs a explosé de près de 250.000, soit le tiers de la progression enregistrée sous Nicolas Sarkozy.

Inversion fin 2013

Comme à l’accoutumée, toutes les catégories de chômeurs ont subi de plein fouet cette nouvelle dégradation. Les jeunes et les seniors en premier lieu, mais aussi les demandeurs d’emploi de longue durée (inscrits depuis plus d’un an) qui représentent près de 4 inscrits sur 10. La série noire continue pour les offres d’emploi collectées et satisfaites, le nerf de la guerre, qui plongent respectivement de 2 et… 29,2 % sur un an.


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À en croire Michel Sapin, le ministre du Travail, ces mauvais chiffres devraient perdurer quelques mois, avant l’inversion de tendance toujours annoncée pour fin 2013, le temps que les mesures gouvernementales commencent à produire leurs effets. «Nous devons être tous sur le pont pour le travail et la lutte contre le chômage», a insisté jeudi, lors de sa visite à Rungis, François Hollande, qui fait de 2013 l’année de la «grande bataille pour l’emploi». Comment pourrait-il en être autrement? L’Insee chiffre à 10,5 % le taux de chômage en métropole en juin 2013 (et à 10,9 % DOM compris). Soit une progression, quasi inédite, de 0,6 point en trois trimestres. Quant à l’emploi salarié, il devrait continuer lui aussi à reculer. Après 89.000 destructions anticipées sur les six derniers mois de 2012, Bercy en escompte 75.000 de plus au premier semestre de 2013. Difficile dans ces conditions de rester optimiste et ce d’autant que tous les autres indicateurs conjoncturels ont aussi basculé, récemment, dans le rouge. À commencer par le taux de croissance, que le FMI, la Commission de Bruxelles et l’OCDE ont revu à la baisse pour 2012 et 2013. L’organisation dirigée par Christine Lagarde a ainsi divisé par trois, à 0,1 % du PIB, la création de richesse prévue pour cette année et par deux, à 0,4 %, celle attendue pour l’année prochaine. Dans le même temps, le gouvernement maintient ses prévisions «ambitieuses» de croissance, à + 0,3 % en 2012 et + 0,8 % en 2013.

Le salut ne viendra, en tout cas pas, de la consommation, traditionnel moteur de la croissance, qui a tendance à fléchir. Les Français, en proie à une forme de défiance sur l’avenir – tous les sondages l’attestent -, pourraient rogner en 2013 sur leurs dépenses alimentaires, une première, pour préserver leur pouvoir d’achat mis à mal par la crise. Même constat pour le bâtiment, dont les constructions de logement neuf plongent, ou encore les ventes d’automobile, qui ne cessent de se replier dans l’Hexagone.

Desserrer l’étau des 3 %

Le seul moyen pour l’exécutif de s’en sortir – et ainsi éviter une nouvelle cure d’austérité aux conséquences dramatiques pour les Français – serait de desserrer un peu l’étau sur son objectif de ramener le déficit public à 3 % du PIB dans un an. Un niveau que le FMI, toujours lui, juge d’ailleurs inatteignable en raison de la violence de la crise et anticipe à 3,5 %, au mieux. L’organisation, pourtant chantre des politiques de rigueur, suggère même au gouvernement de Jean-Marc Ayrault de discuter «dans un contexte européen plus large de la politique appropriée pour 2013». Dit autrement, de revoir les calendriers de retour à l’équilibre des finances publiques en Europe, et surtout en France. Et ce, avec la bénédiction de Bruxelles, dont le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, a récemment reconnu qu’un ajustement «plus doux» pour la France serait bienvenu.

C’est sans doute le signal qu’attendait François Hollande pour entamer un rétropédalage par rapport à l’un de ses engagements de campagne les moins crédibles: ramener la France dans les clous budgétaires en un an. Un vœu qui semble de plus en plus pieu tant la crise plongera un peu plus l’Hexagone dans le noir en 2013.

Source : Le Figaro