Bernard Tapie, ce qu’il disait des journalistes
Le nouveau propriétaire de « Nice-Matin » et de « La Provence » va pouvoir mettre en pratique ses idées sur le journalisme.
Bernard Tapie, patron de presse ! Après avoir entretenu avec les journalistes des relations souvent houleuses, le nouveau propriétaire de La Provence, Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et de la presse d’outre-mer du groupe Hersant va pouvoir mettre en pratique ses idées sur le métier. « J’affirme qu’on court à la catastrophe ! » avait-il confié au Point en octobre 2010 à propos de l’évolution des médias.
L’ancien patron d’Adidas pointait notamment une forme de journalisme d’investigation qui, avec l’appui de certains magistrats, va mener « conjointement l’instruction ». « Ces magistrats sans scrupules vont utiliser les médias pour rallier l’opinion publique à leur cause. Les journalistes, quant à eux, bénéficient en contrepartie des scoops en temps réel. Le secret d’instruction devient bidon. De leur côté, les avocats vont s’engouffrer dans cette brèche en faisant leurs plaidoiries aussi bien dans les prétoires que sur les plateaux de télévision. Personne, finalement, ne sera gagnant. Si l’on prend aujourd’hui le pouls de l’opinion publique, la justice, les médias et les politiques sont discrédités », concluait l’ancien président de l’Olympique de Marseille.
Interdire le commentaire des décisions de justice ?
Pour Bernard Tapie, les journalistes « ne se contentent plus d’être un contre-pouvoir ». « Ils veulent être le pouvoir. Il y a chaque jour à la télé, à la radio des dizaines de débats sur tout et sur n’importe quoi où des journalistes étiquetés à gauche affrontent des journalistes étiquetés à droite. Et tout y passe : l’équipe de France, le remaniement ministériel, la grève des cheminots, les retraites et… les amours de Ribéry. Ils ont un avis sur tout et aucun doute, car ils détiennent la vérité absolue. Or, chaque fois que j’ai eu l’occasion d’être au centre d’un dossier commenté, j’ai été stupéfait par la nullité des analyses et la méconnaissance du fond des dossiers des commentateurs. Ça devient du café du commerce à peine un peu plus élaboré. »
Pour le nouveau magnat du Sud, la solution est simple : « Il est interdit de commenter les décisions de justice. » Bernard Tapie ira-t-il jusqu’à proscrire ce type d’article dans ses journaux ? Peu de chances qu’il aille jusque-là. Rencontrant la direction de La Provence, l’homme d’affaires a évoqué la mise au point d’une « charte d’attitude des journalistes ».
Par EMMANUEL BERRETTA
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