Suicide : le mal silencieux

 

Occupé. Ces derniers jours, quand on essaye de joindre la ligne d’urgence tenue par les bénévoles de SOS amitié à Dijon, la ligne est très souvent saturée. « J’ai eu 17 appels la nuit dernière, 35 celle d’avant… », confie Marie-France, une de ces bénévoles qui donnent de leur temps pour soulager quelque peu le malheur des autres. « On entend des choses très difficiles, mais on doit tenir le coup. »

Fin d’année noire

Chaque année, l’association reçoit environ 14 000 appels. « C’est stable, mais plutôt parce qu’il s’agit d’un seuil que nous ne pouvons pas dépasser avec notre trentaine de bénévoles… », souligne Marie-France.

L’automne et la période des fêtes sont des moments particulièrement propices à la détresse. « On a des appels de toute la Bourgogne, mais plus particulièrement de Saône-et-Loire », souligne la bénévole. « Et c’est encore plus difficile en zone rurale, comme en Bresse. Beaucoup de gens ressentent une grande solitude, parfois la famille est tout près mais on ne la voit pas pour autant. »

Ce sentiment des bénévoles est malheureusement conforté par les chiffres donnés par différentes études (voir ci-dessous).

« Le taux de mortalité reste plus élevé en Bresse que dans l’ensemble du département, de la région et de la France », constate Bernadette Lemery, directrice de l’observatoire régional de la santé. « Des études montrent de fortes corrélations entre suicide et âge, mais aussi difficultés socio-économiques (inactivité, chômage, précarité…), certaines situations de travail (activités, postes…).»

Populations à risque

La Bresse concentre ainsi plusieurs populations « à risque » : beaucoup d’ouvriers, chez qui la mortalité par suicide est trois fois plus élevée que chez les cadres, des chômeurs, qui présentent un risque plus de deux fois supérieur à celui des actifs occupés, des personnes âgées isolées, ou encore des agriculteurs, de plus en plus touchés. « J’ai eu récemment un jeune agriculteur qui ne vivait pas seul, puisqu’il était encore avec ses parents, mais qui souffrait car il n’était pas marié et se sentait enfermé dans son travail », se souvient Marie-France.

Pour combattre ce fléau, l’observatoire régional de la santé a mis en place un plan de prévention il y a une dizaine d’années. « Avec des actions de prévention orientées sur la détection, l’écoute, à quoi peuvent s’ajouter des actions visant à développer et renouveler les liens sociaux », explique Bernadette Lemery.

L’écoute, c’est bien le premier facteur qui peut faire reculer le suicide. « Rien qu’en écoutant, on peut desserrer une angoisse, grâce à l’anonymat et la confidentialité que nous garantissons, les gens nous disent des choses qu’ils n’osent pas révéler à leurs proches ou même à leur psy », souligne Marie-France.

SOS amitié : 03.80.67.15.15 (24 heures/24). Pour les plus jeunes, l’association a mis en place un chat et peut correspondre par mail : tous les renseignements sur http://www.sos-amitie.org/

Source : http://www.lejsl.com/bresse/2012/12/18/suicide-le-mal-silencieux

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