La vie low cost: Comment j’ai survécu à la crise grâce à Internet
Ok, pour la première fois dans l’Histoire, les jeunes Français vivent moins bien que leurs parents. Mais au moins ils ont Internet. Et quand vient l’heure d’effectuer des coupes drastiques dans le budget, la grande majorité préfèrera manger des pâtes à tous les repas pour garder sa connexion.
Pourquoi ? Parce que concernant la vie quotidienne, on n’énumère plus les avantages pratiques de la chose. Du troc en ligne (les biens nommésrecupe.net ou donnons.org) aux sites de petites annonces et autres bonnes affaires (leboncoin.fr, kelbillet.com) en passant par les forums dédiés aux « bons plans et astuces » qui permettent, par exemple, de s’échanger les vignettes du jeu Monopoly de McDo pour gagner des prix (souvent des sandwiches gratuits).
Internet est un gigantesque centre commercial où tout est toujours potentiellement en soldes. Toutes les occasions sont donc bonnes pour sauter sur des réduc’, qui pullulent de manière plus ou moins heureuse. Dernière initiative commerciale en date : le singulier Drinkon.me, qui permet d’acheter pour 12 euros d’alcool sur le Net et d’aller en boire l’équivalent de 20 euros au bar du coin.
Le téléchargement illégal ou l’ouverture du champ des possibles
Au-delà de l’aspect pratique, c’est sur le fond qu’Internet adoucit ces situations où tout devient pénible. Certes, on peut baver en voyant les photos Facebook d’amis odieux s’affichant fièrement au bord d’une piscine à Ibiza, mais on peut aussi regarder autant de films que désiré sans se délester de 8 euros minimum et sans être tenté par des popcorn sucré-salé. Le téléchargement illégal, qu’il s’agisse de musique ou de cinéma, ouvre le champ des possibles et brise les barrières qui fermaient jusque-là la route de n’importe quelle personne en galère ne disposant pas d’une médiathèque de qualité dans un périmètre rapproché.
Cédric, 28 ans aujourd’hui, a dû travailler pour payer ses études. Il y a trois ans, il en ressort avec deux masters en poche, commence un premier boulot de commercial, qu’il quitte à défaut d’y trouver ce qu’il recherche et se donne un an pour se reconvertir. Pendant ce temps, il enchaîne les stages payés entre 300 et 400 euros, mais ne trouve pas d’emploi. La précarité s’installant, il résilie son forfait de téléphone portable, réduit le chauffage, abandonne le câble et sa carte UGC illimité pour ne garder que son abonnement Internet. « Grâce à ça, j’avais un téléphone fixe », précise-t-il.
« Si t’as plus Internet, c’est la fin »
Niveau communication, le Net permet aussi de « rompre le cercle de la solitude ». Cette expression, qui fait penser à une publicité pour SOS amitié, ne décrit pas moins une situation intenable où le manque d’argent est la principale cause du tarissement de la vie sociale. En un an, Cédric n’est pas sorti un seul soir. Avec le Net, il a quand même pu discuter régulièrement avec de vrais potes sans obligatoirement sortir et payer son coup ou se résigner à choisir le truc le moins cher sur la carte. Pour Thibault, 37 ans, chômeur en fin de droit :
« Si t’as plus Internet, c’est la fin. A Paris, la moindre activité sociale coûte un pognon fou et c’est pas trop dans les mœurs locales de se retrouver chez les uns les autres. Du coup, tu es obligé de rogner sur les sorties et de négliger ta vie sociale. Entretenir l’amitié, c’est un budget colossal alors sans Internet, j’imagine même pas… »