De l’eau découverte sur Mercure

De l’eau glacée se trouverait piégée sous certains cratères du pôle nord de Mercure. NASA/OHNS HOPKINS UNIVERSITY APPLIED PHYSICS LABORATORY/CARNEGIE INSTITUTION OF WASHINGTON/NATIONAL ASTRONOMY AND IONOSPHERE CENTER, ARECIBO OBSERVATORY

La sonde de la Nasa « Messenger » a détecté de grandes quantités de glace aux pôles de Mercure, planète pourtant la plus proche du soleil.

Sous forme de glace, l’eau serait confinée au fond de cratères géants, creusés par des impacts de comètes et d’astéroïdes :  une découverte publiée en ligne sur Science Express.

L’eau a pu être détectée grâce à un spectromètre à neutron américain, dont les données ont été analysées par une équipe à laquelle appartient le français Sylvestre Maurice, chercheur de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap, CNRS-Université de Toulouse).

 

Parmi les huit planètes du système solaire, Mercure évolue sur l’orbite la plus proche du soleil. Aussi est-on un peu surpris d’apprendre que cette planète, la plus petite des planètes telluriques (moitié moins grande que la Terre), puisse héberger de la glace. Deux éléments peuvent toutefois expliquer ce phénomène. Tout d’abord, Mercure décrit une orbite très excentrique par rapport au soleil (s’en approchant jusqu’à 45 millions de km et s’en éloignant jusqu’à 70 millions). D’autre part, les « plaques de glace » polaires seraient nichées au fond de cratères d’impacts formés par la chute de comètes ou d’astéroïdes. L’inclinaison de seulement un degré de son axe de rotation fait que des zones polaires de cette planète, où les températures sont très froides, ne voient jamais le soleil.

UNE PLANÈTE OÙ IL PEUT FAIRE TRÈS FROID

En effet, à la surface de Mercure, les températures oscillent énormément selon la position par rapport à ce soleil. La surface s’échauffe à près de 400°C quand la planète passe devant notre étoile et retombe à environ -170°C du côté nuit (un jour dure environ 58 jours terrestres sur Mercure). Les scientifiques ont imaginé depuis longtemps que quelques lieux privilégiés pouvaient échapper à ce cycle infernal et notamment le fond de cratères d’impact qui ne voient jamais le soleil, car ils sont situés tout près des pôles, et où la température ne dépasse sans doute jamais -180°C.

DE L’EAU PURE RECOUVERTE DE MATIÈRE ORGANIQUE ?

Pour l’heure, dit Sylvestre Maurice, astrophysicien à Toulouse, on aurait donc trouvé « de la glace d’eau, vraisemblablement pure, couverte d’une couche sombre d’environ 10 cm de poussières sèches ». Selon lui, cette eau provient de l’impact de plusieurs comètes au cours des derniers milliards d’années. Ce matériau, sombre, complète David Paige (université de Californie à Los Angeles), un des auteurs de cette recherche, « est probablement formé d’un mélange organique complexe apporté sur Mercure par des impacts de comètes et d’astéroïdes, les mêmes objets cosmiques qui ont sans doute apporté de l’eau sur la planète ». C’est en partie la même équipe de recherche, et notamment David Lawrence (de l’université du Maryland) et Sylvestre Maurice (aussi co-responsable de l’instrument ChemCam en activité sur le rover Curiosity, qui explore actuellement Mars), qui  a mis en évidence par le passé l’existence de glace d’eau aux pôles de la Lune (1998) et à la surface de Mars (2004).

MESSENGER, UNE SONDE QUI A QUITTÉ LA TERRE IL Y A HUIT ANS

L’hypothèse de la présence d’eau gelée sur Mercure a été avancée il y a déjà plusieurs décennies et avait été confortée en 1991 avec la détection par le radio télescope « Arecibo à Porto Rico » de plaques aux pôles de la planète. Un grand nombre de ces plaques correspondaient à l’emplacement de vastes cratères d’impact, cartographiés par la sonde américaine Mariner 10 dans les années 1970. Aujourd’hui la sonde Messenger (MErcury Surface, Space ENvironment, GEochemistry, and Ranging) est le premier engin à tourner en orbite autour de Mercure, après un périple de plus de six ans au cours duquel il avait déjà survolé la planète à trois reprises pour la photographier presque totalement.

DENIS SERGENT

source: http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/De-l-eau-decouverte-sur-Mercure-_NG_-2012-12-01-882401