Et vous, qu’attendez-vous pour vous engager ?
Merci Parcfox pour cet article.
Lorsque je demande autour de moi ce qui serait susceptible de les faire « bouger », la plupart de mes interlocuteurs me répondent qu’ils en ont déjà assez, mais qu’ils iront « quand les autres y seront allés ». Et c’est tandis que j’interrogeais un ami qui passait par là qu’il me répondit tout de go par cette variante : « j’irai quand tu y seras allé ».
Me voilà donc coincé : cela fait maintenant plus de quatre ans que je pratique le blog de façon plus ou moins intensive, lançant par-ci par-là quelques perches, à vrai dire sans grand espoir de réussite. Mais cela ne m’engage jamais à rien, et me rapporte seulement une sorte de « bonne conscience » à peu de frais . « J’ai fais ce que j’avais à faire », me dis-je plein de compassion pour moi-même, et puis « si rien ne bouge après ça ce ne sera pas de ma faute »… Je lis Paul Jorion, Olivier Berruyer, Frédéric Lordon, Georges Ugeux et plein d’autres encore ; je m’informe dans plein de journaux, j’écoute la radio, tous les jours sans faute. J’envoie parfois des commentaires indignés, souvent des liens vers mes propres articles, espérant désespérément déclencher chez mes lecteurs « l’étincelle » qui emballerait tout… Et à part ça ?
Et c’est sans surprise que certains de mes commentateurs me raillent justement sur ma naïveté. Car ce n’est pas comme ça que les choses se passent.
« Se reposer ou être libre, il faut choisir » disait Thucydide. Et bouger, c’est risquer quelque chose, lui ajouterai-je sans vergogne du haut de mon impudence ; c’est se mettre en danger, son petit confort et ses petites habitudes, ses convictions peut-être…
Alors on préfère aller manifester, en s’achetant pour pas cher une tranquillité qui confine à la lâcheté : cela n’engage à rien – et c’est justement ça le problème. Car si nous ne sommes peut-être pas responsables des événements qui nous oppressent, nous sommes coupables de ne rien faire pour l’empêcher.
Parlons du Bankrun par exemple. Pour ma part je n’irai pas si je suis le seul à le faire ; je sais que tout le monde pense comme moi, et c’est pour cela qu’il ne se passera rien. Je ne peux tout de même pas prendre le risque de me nuire à moi-même !
Tandis que si j’étais certain des autres, j’irai tout aussi certainement qu’eux. J’en conclue donc qu’en réalité ce n’est pas simplement « quand les autres y seront allés » que j’irais, mais quand je serai sûr que les autres iront aussi. Et cela change tout.
Cela implique la confiance en « l’autre », ce qui sous-entend déjà une certaine forme de « lâcher-prise » de notre part, un engagement moral envers les autres qui eux-aussi vous font confiance. Car si nous savons qu’il suffirait que nous nous rassemblions tous derrière une action unique et coordonnée pour qu’elle fonctionne, nous sommes pour le moment incapables de croire sérieusement que cela arrive. Et pourtant « nous sommes les 99% », comment pourrions-nous donc ne pas réussir ?
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Il y a 2 mois – 2 minutes
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Avant toute chose c’est donc la confiance qu’il nous faut retrouver. La confiance est le préalable à l’engagement, plus fort que l’indignation. L’engagement est un risque, une mise en danger, mais en même temps le chemin du retour à la liberté. C’est presque une révolution intérieure qui transpirerait à l’extérieur, une remise en cause empirique des lois du capitalisme : faire confiance aux autres, dans ce monde où l’intérêt individuel prime sur toutes les autres considérations, imaginez le renversement de paradigme !
Avec les conséquences que cela implique. Car si nous parvenions à rassembler réellement tous les mécontents que compte le monde capitaliste, c’est le système tout entier qui se retrouverait obsolète en un instant… Avec les incertitudes que cela comporte, avec la frayeur que procure toujours l’inconnu, mais aussi avec l’espoir qu’il suscite. C’est cela s’engager. C’est répondre à la question initiale par « je ne sais pas ce qui va se passer, mais je suis sûr de ne pas vouloir ce qu’on m’impose aujourd’hui ».
Maintenant, comment faire pour retrouver la confiance, et comment rassembler les millions, les dizaines ou les centaines de millions de mécontents autour de cet objet qui nous est commun à tous, le refus de voir nos conditions de vie se dégrader, pour nous et pour nos descendants ?
Et bien pourquoi ne pas juste commencer par faire le premier pas ? Juste un petit pas, celui qui dirait à tous « moi aussi, j’en suis ». Un premier pas qui permettrait à tous de « se compter », pour que le jour où il faudra agir vraiment, pour un bankrun ou pour une autre action qu’il plaira au peuple de mener, nous sachions tous que nous pouvons compter les uns sur les autres pour y participer vraiment.
Ensuite, il faut un média capable de rassembler plusieurs millions de citoyens derrière une seule et même volonté, mais qui le possède ? Personne ?
Et bien si, tout le monde ou presque ! Facebook , twitter, google+ et les autres, le « bouches-à-oreilles », le mailing, les blogs et sites, nous avons LE média qui convient (encore pour le moment à notre disposition) capable de réunir et rassembler les hommes et d’instaurer cette confiance qui nous manque tant. Il nous faut aussi un site, un vrai, sans parti ni idéologie, juste un site de recensement des « bonnes volontés », réunies autour d’une seule chose : la volonté de faire bouger les choses, la volonté d’en finir avec ce système injuste qui veut nous asservir chaque jour un peu plus. Et une fois que nous serons suffisamment nombreux pour dépasser le seuil de basculement qui permet d’obtenir « la force du nombre », rien ne nous sera impossible.
Que ceux qui ont les capacité techniques de mettre un tel site en marche me contactent, et que tous ceux qui « veulent faire quelque chose » -mais qui attendent les autres- fassent un premier pas qui ne coûte rien, celui de diffuser cette information : « nous avons confiance en nos concitoyens, et s’ils s’engagent sur le site pour participer à un grand mouvement contestataire , nous irons avec eux ». Ce premier pas une fois réalisé, il ne fait aucun doute que les autres suivront aisément : car alors la peur qui nous terrorisait et nous empêchait d’agir disparaitront : nous saurons que nous ne sommes pas seuls… Et nous pourrons enfin avancer.
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
via: http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/et-vous-qu-attendez-vous-pour-vous-122853