Les Français adeptes du «système D» pour consommer
Plus d’un consommateur sur deux cherchent à sortir des circuits marchands traditionnels. L’achat d’occasion se banalise. Tout comme la récupération d’objets dans la rue.
Les Français sont accros aux modes de consommation alternatifs. Achats d’occasion, groupés ou emprunts à des proches, les pratiques qui sortent des sentiers marchands ordinaires se multiplient, selon une étude de l’Observatoire société et consommation (Obsoco) publiée récemment. D’après ce baromètre*, plus d’un Français sur deux (52%) aspirent à «consommer mieux». Parmi eux, 30% déclarent même vouloir «consommer moins». «L’hyperconsommation ne semble pas aujourd’hui figurer au rang des objectifs prioritaires des Français», relève l’Obsoco.
Si certains n’ont pas le choix dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat, d’autres adhèrent à ces nouveaux comportements d’achat par pure conviction, par exemple pour éviter le gaspillage. Ils entendent ainsi acheter des produits qui durent plus longtemps (à 44%), plus respecteux de l’environnement (36%), fabriqués localement (33%) ou qu’ils jugent «vraiment utiles» (32%). Des considérations qui devancent largement la quête de produits moins chers (17%). La crise n’est donc pas la seule motivation des adeptes du «consommer mieux» qui sont, par ailleurs, de plus en plus équipés en nouvelles technologies. «Internet permet de connecter l’offre et la demande pour les transactions entre particuliers, sur une échelle sans précédent», souligne l’étude.
Pour Philippe Moati, co-président de l’Obsoco, ces nouvelles aspirations sont «loin d’être un simple effet de mode ou simplement réservées aux bobos, mais tendent à s’enraciner durablement». C’est ainsi que l’achat de produits d’occasion est «devenu aujourd’hui un geste presque banal», qui concerne 60% des Français, souligne l’étude. Tout aussi répandue, l’emprunt d’objets auprès de proches ou via les réseaux sociaux est une pratique qui touche un consommateur sur deux, en particulier les jeunes. Elle porte le plus souvent sur des produits culturels ou du matériel de bricolage, mais 10% des sondés déclarent également avoir emprunté une voiture.
Champions de la «récup» sur le trottoir
D’autres pratiques, autrefois inexistantes ou marginales, explosent. Le succès de sites Internet comme Groupon ou Livingsocial, ont ainsi encouragé les Français à réaliser des achats groupés. Le concept, qui permet d’obtenir des produits et services à prix avantageux, a séduit 37% des sondés sur les douze derniers mois. Dans un même souci d’économies, les Français n’hésitent plus à mutualiser leurs achats. Ils sont près de 14% à avoir acheté un produit à plusieurs, que ce soit entre amis, collègues ou voisins, pour en partager l’usage. Enfin, l’Obsoco note que les Français sont les champions du «glanage», c’est-à-dire de la «récup» sur le trottoir. Plus d’un tiers (38%) des personnes interrogées admettent en effet récupérer des objets jetés ou déposés dans la rue, notamment lors du ramassage des encombrants. Une manière de chiner gratuitement qui «ne se cantonne manifestement pas aux populations en difficultés économiques».
Pour autant, l’essor de ces alternatives sont loin de refléter une «entrée en résistance massive» des Français à l’égard de la consommation, assure l’Obsoco. «Les pratiques de consommation émergentes apparaissent souvent comme des solutions pour ‘consommer malin’, retirer davantage d’effets utiles, de satisfactions, de chaque euro dépensé.» Voilà qui devrait sans doute rassurer les acteurs traditionnels du commerce.
* Enquête réalisée en ligne par Opinéa du 9 au 23 juillet 2012, auprès d’un échantillon de 4072 personnes représentatif de la population française de 18 à 70 ans.
Les cadeaux d’occasion, une astuce pour les «petits budgets» à Noël
Malgré la crise, le Père Noël sera généreux en 2012. Selon la 15e édition de l‘étude du cabinet Deloitte sur le budget des Européens pour les fêtes, les Français dépenseront 639 euros en cadeaux, repas et sorties cette année, soit 0,7% de plus que l’an dernier. Pour autant, ils devraient «rester raisonnables dans leurs achats car ils ne veulent pas emprunter pour faire leurs cadeaux», estime le géant de l’e-commerce PriceMinister. Dans un récent sondage*, le groupe souligne que 98% des consommateurs ne prendront pas de crédit à la consommation pour fêter Noël. Les «petits budgets», qui consacreront un total de moins de 100 euros aux cadeaux cette année, devraient donc avoir le réflexe «occasion». Selon PriceMinister, 60% des sondés se disent prêts à offrir un cadeau d’occasion s’il est en bon état, une part qui grimpe à 70% chez les 18-24 ans. Autre astuce pour réaliser des économies, le «fait maison» est en vogue. D’après ce sondage, 15% des Français ont l’intention de fabriquer eux-mêmes leurs cadeaux.
* Etude réalisée en ligne par l’Institut OpinionWay pour PriceMinister du 24 au 26 octobre sur 1002 répondants âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population française.