La ruche qui dit oui : AMAP 2.0
S’emparant de la mouvance qui tend à repenser nos modes de consommation de manière plus rationnelle, une entreprise a misé sur le web pour rapprocher consommateurs et producteurs. Plus souples qu’une AMAP, ces ruches d’un genre nouveau sont en train d’essaimer un peu partout en France.
Un facebook de la nourriture ? Une bonne vieille réunion tupperware ? Un concept novateur de consommation ? « La ruche qui dit oui », start-up lancée en 2010 par le designer industriel et passionné de cuisine Guilhem Chéron, réunit un peu tout ça à la fois. Une initiative en tout cas terriblement dans l’air du temps puisqu’elle répond au besoin grandissant de consommation éthique et responsable tout en surfant sur la vague impressionnante des réseaux sociaux. Le principe est simple. Suffisait d’y penser comme on dit. Les ruches se présentent comme des plateformes communautaires d’achats groupés privilégiant les circuits-courts. Chacun (particulier, entreprise, école) peut constituer une ruche en réunissant une quarantaine de consommateurs potentiels. L’inscription sur le site est gratuite. Il suffit ensuite de démarcher des producteurs locaux pour qu’ils proposent leurs produits sur le site. Ces derniers s’engagent à livrer à partir du moment où le seuil de commandes qu’ils ont eux-mêmes fixé afin de garantir la rentabilité est atteint. Selon les fréquences choisies par le fondateur de la ruche, de une à plusieurs fois par mois, les « abeilles » viennent ainsi récupérer leurs achats au point de livraison de la ruche.
Tout le monde y gagne ?
Les ruches proposent une grande diversité de produits et la différence des AMAP, les clients sont libres de piocher selon leur gré et surtout de choisir la fréquence de leurs commandes. Bien moins contraignant donc, le système semble contenter tout le monde grâce aussi à la qualité des produits et aux prix raisonnables, la marge, également répartie entre le fondateur de la ruche et le site, étant fixée à 15% du prix des ventes. Libres d’estimer eux-mêmes le seuil de rentabilité à partir duquel ils acceptent de se déplacer, les producteurs aussi se retrouvent dans le concept, même si leur collaboration à une ruche ne constitue souvent qu’une rémunération complémentaire de leur activité initiale. Sylviane Duffau, productrice installée à Lacaugne, livre régulièrement la ruche du Fauga, la première créée en France par Odile Mailhé : « j’ai été contacté par Odile l’été dernier. Je venais à peine de me lancer, alors je n’ai pas hésité, pour moi ça été une aubaine ». Même si ses ventes à la ruche représentent à peine 1% de son chiffre d’affaire, Sylviane ne regrette pas : « pour moi, ça ne peut que être qu’un plus, ça me fait connaître et puis je n’ai rien à faire de plus à part me déplacer pour livrer. C’est un gain de temps. La marge est correcte, les magasins prennent en général 30%, moi j’ai un espace de vente directement sur mon exploitation donc, pour le site, je suis obligé de majorer tous mes prix de 20% mais je pense que les gens sont prêts à payer ça pour avoir tout sur place. Il ne faut pas rêver, ils n’ont pas le temps de faire le tour de toutes les fermes du coin ».
Un futur ogre de l’économie numérique ?
Le temps. Une des clés du succès. Car si « La ruche qui dit oui » semble avoir trouvé une recette adaptée aux modes de vie actuels, c’est qu’elle a su résoudre l’équation à priori impossible : donner du sens à la consommation sans ralentir la course folle du temps. Cela sera peut-être sa limite à long terme. Pour l’instant ça marche, plus de 500 ruches se sont montées en France dès la première année. Deux première ruches ont vu le jour à Toulouse récemment et de nombreuses sont en construction dans la région à Roques, Castanet, Cugnaux ou l’Union. L’aspect communautaire fonctionne à plein régime. Sur le site les membres échangent allègrement sur les produits, proposent des recettes ou de nouveaux producteurs. Bref, la sympathique start-up soutenue par des pontes de l’économie numérique tel Xavier Niel ou le fondateur de Meetic Marc Simoncini, pourrait rapidement se transformer en ogre. Elle aura au moins accrédité la thèse selon laquelle on est toujours plus forts groupés. Même virtuellement ?
lien vers la ruche qui dit oui : http://www.laruchequiditoui.fr/
source: frituremag.info, youtube
Post original de Mahamo