L’ajout d’aluminium dans les vaccins suscite le débat
Depuis plusieurs années, l’addition d’aluminium dans un grand nombre de vaccins est soupçonnée d’effets nocifs, notamment d’engendrer des douleurs neuro-musculaires et une fatigue chronique.
Pour les responsables de la santé publique, la démonstration de causalité n’est pas faite entre la vaccination et ces symptômes.
La présentation par le Réseau Environnement Santé d’une étude menée sur près de 600 patients devrait relancer le débat.
QUEL RÔLE JOUE L’ALUMINIUM DANS LES VACCINS ?
Technique utilisée depuis 1926 aux États-Unis et depuis les années 1990 en France, l’ajout d’aluminium, à dose minime, a pour rôle de stimuler la réaction immunitaire en induisant une petite inflammation locale. L’addition d’aluminium permet de limiter la quantité d’antigènes à injecter, et aussi de diminuer le coût de revient des vaccins.
Généralement, l’adjuvant aluminique est utilisé sous forme de sels (hydroxyde, phosphate, sulfate) d’aluminium à des doses variables selon les vaccins (de 25 à 600 microgrammes par dose). Une fois injecté dans l’organisme, on considère généralement que l’aluminium se dissout spontanément dans les tissus et n’exerce pas d’effet toxique notable.
Or des chercheurs, dont le profeseur Romain Gherardi (Inserm-hôpital Henri-Mondor) à Créteil, ont observé que l’aluminium était capturé par des cellules du système immunitaire, les « macrophages », qui pouvaient le transporter jusqu’au cerveau.
QUELS SONT LES TROUBLES AUXQUELS CERTAINS MÉDECINS L’ASSOCIENT ?
Dans les années 1990, Romain Gherardi et sa collègue Michelle Coquet (CHU Bordeaux) ont découvert, chez des patients souffrant d’une « nouvelle maladie », la présence d’aluminium au niveau de l’épaule, dans le muscle deltoïde, exactement là où ils ont été piqués lors de différentes vaccinations.
Cette maladie, qui se manifeste par des douleurs musculaires, une fatigue profonde, un sommeil difficile et des troubles cognitifs, a été appelée « myofasciite à macrophages ».
POURQUOI LE DÉBAT EST-IL RELANCÉ AUJOURD’HUI ?
Aujourd’hui, au Centre de référence des maladies neuromusculaires de Créteil, Romain Gherardi assure avoir identifié 585 cas de myofasciite à macrophages. Tous ces patients, selon lui, présentent l’ensemble des symptômes cliniques, et les troubles cognitifs ont été mesurés par imagerie médicale (IRM fonctionnelle) et des tests psychologiques.
Forte de ces éléments, l’équipe de Créteil a fait une demande de financement pour poursuivre ces travaux. Or, elle vient de recevoir une réponse négative de subventions de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Considérant qu’il joue un rôle de « lanceur d’alerte », Romain Gherardi a décidé d’organiser une conférence de presse pour faire valoir publiquement sa demande, soutenu par la députée écologiste européenne Michèle Rivasi et l’association Réseau Environnement Santé.
Ces recherches ne font toutefois pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Jean-François Bach, professeur d’immunologie et ancien membre du Comité sur la sécurité vaccinale de l’OMS, conteste les travaux de Romain Gherardi.
« Il n’a pas été démontré de relation de cause à effet entre la vaccination et la survenue d’une myofasciite à macrophages. Pour le démontrer, il faut pouvoir comparer des personnes ayant développé cette maladie après vaccination à autant de personnes ayant exprimé la même pathologie sans avoir été vaccinées », poursuit l’académicien. En outre, certains observateurs pensent que les travaux de Romain Gherardi sont soutenus par les ligues anti-vaccinales.
QUEL IMPACT CELA PEUT-IL AVOIR SUR LA POLITIQUE VACCINALE ?
En mars, des députés ont adopté onze recommandations dont un moratoire sur l’aluminium vaccinal. Une mesure qui a suscité une vive réprobation au sein des académies des sciences et de médecine qui, néanmoins, ont rapidement mis sur pied un groupe de travail sur les adjuvants des vaccins.
Il est clair que demander un moratoire pour les vaccins associés à l’aluminium pose un problème de santé publique. « Comment suspendre les vaccinations, notamment celles hautement recommandées aux jeunes enfants, pendant deux ou trois ans, sans faire courir un risque énorme aux populations ? C’est complètement irréaliste », s’offusque Jean-François Bach.
source: La croix