Grèce : grève générale du 6 novembre

La Grèce est en grève générale en réaction au vote du 3ème Mordorandum. Aucun transport en commun, services publics fermés, la Grèce tournait au ralenti mardi matin au démarrage d’une grève générale de 48 heures décrétée par les deux principaux syndicats du pays pour protester contre le projet pluri-annuel d’austérité déposé lundi au parlement. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans le calme à Athènes et Salonique  pour protester contre ce projet qui doit être voté mercredi pour éviter le défaut au pays…

Le parlement discutera aujourd’hui du texte du nouveau Mordorandum. Un texte de 500 pages distribué hier aux députés et qui sera voté demain soir. Un bel exemple de processus démocratique.

Mardi, en raison de l’appel à la grève générale, Athènes était quasiment déserte, aucun transport en commun, ni taxi, ne circulait, la plupart des services publics étaient fermés, à l’exception de quelques écoles. La grève touche aussi la justice, juges et avocats, ainsi que les hôpitaux et le transport aérien et maritime. Des manifestations se sont déroulées à Athènes,  à Thessalonique,  mais aussi en province (Patras, Heraklion) et dans certaines  îles. Une forte présence policière près de la place Syntagma à Athènes a été notée.

Derrière la banderole « Les humains devant tout le reste, pas de chiffres et pas de mesures », 25.000 personnes ont défilé à Athènes, selon la police, à l’appel des deux principaux syndicats, GSEE et Adedy, et 15.000 à l’appel du syndicat communiste Pame. A Salonique, la deuxième ville du pays dans le nord très touché par le chômage, le cortège a rassemblé 20.000 personnes.

Les défilés ont afflué sur la place Syntagma devant le Parlement, dans le centre-ville où est discuté un projet de loi pluriannuel 2013-2016 controversé fixant des économies budgétaires de plus de 18 milliards d’euros.

Le vote de cette loi, en procédure d’urgence, est prévu pour mercredi soir au moment où une autre manifestation est attendue à l’appel des syndicats.

En un seul article, le texte égrène une multitude de mesures qui réduisent salaires dans la fonction publique et pensions, repoussent de deux ans l’âge de départ à la retraite à 67 ans, amorcent la réorganisation de la fonction publique et libéralisent le marché du travail et des services.

« Ces mesures nous ramènent de nombreuses années en arrière. Tous les droits du travail conquis par le peuple grec depuis la deuxième guerre mondiale et la fin de la dictature sont annulés », a déclaré une syndicaliste, Marie Lavrentiadou.

Les bailleurs de fonds internationaux, Union européenne et Fonds monétaire international (FMI), ont fait de l’adoption de ces mesures, ainsi que de celle du budget d’Etat de 2013, qui doit être voté dimanche, une condition sine qua non pour débloquer la prochaine tranche d’aide (31,2 milliards d’euros) des prêts consentis à la Grèce.

Le ministre des Finances Yannis Stournaras a justifié le choix de la procédure d’urgence pour l’adoption de cette loi-cadre, en affirmant que la Grèce a besoin « du versement imminent de la tranche (du prêt) afin d’éviter une faillite désordonnée ».

Répondant devant le parlement aux accusations du député de Gauche radicale Syriza, Panayiotis Lafazanis, qui a qualifié de « coup d’Etat » et d' »anticonstitutionnelle » la procédure adoptée, M. Stournaras a estimé qu’il n’y avait « pas de violation de la procédure parlementaire ».

Le leader de la gauche radicale, Alexis Tsipras, qui participait à la manifestation, a estimé que le gouvernement de coalition « ridiculisait » la constitution « en transformant le parlement en un club d’approbation des décrets de la troïka » UE-BCE-FMI.

Yannis Levas, 34 ans, qui travaille dans une société qui se charge de chercher un emploi pour les (nombreux) Grecs désireux de s’expatrier, résume à sa façon le dilemme qui traverse chaque Grec: « Ces mesures sont comme une épée à double tranchant. D’un côté, il ne faut pas qu’elles passent, et de l’autre côté, elles doivent absolument passer », s’inquiète-t-il.

« Je pense que toutes ces mesures vont affecter profondément les Grecs car tout est aboli, les droits du travail et tout ce qui a été gagné à la sueur des combats », s’indigne pour sa part Yiorgos Patras, 35 ans, employé de banque.

Alors que le sort de la Grèce et la crise au sein de la zone euro qui continuent d’inquiéter les marchés mondiaux sont discutés en marge du G20, des informations apparemment contradictoires ont émergé lundi de Mexico où se tient le sommet.

Le Commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a estimé que la zone euro était « sur la bonne voie pour être en mesure de prendre une décision le 12 novembre » sur l’aide à la Grèce, lors d’une réunion prévue des ministres des Finances de la zone euro. « Il faut répondre aux besoins de financement de la Grèce à la mi-novembre » a-t-il dit.

Athènes doit rembourser une échéance d’obligation de 5,5 milliards d’euros le 16 novembre.

Mais un responsable européen avait auparavant affirmé à Mexico que la réunion du 12 novembre ne serait qu’un « point d’étape » sans « décision formelle », alors qu’UE et FMI cherchent aussi les moyens de garantir la solvabilité à long terme du pays.

Sources : okeanews ; AFP