Sandy : le plus gros test pour la sûreté nucléaire depuis Fukushima
Le passage de l’ouragan a entraîné des inquiétudes sur plusieurs sites nucléaires du nord-est des Etats-Unis, sans avoir pour le moment provoqué la fermeture du moindre réacteur. Une centrale américaine, Oyster Creek, a été mise en alerte. Au total, neuf installations sont sous surveillance renforcée.
L’entreprise Exelon Corp a décrété un état d’alerte pour sa centrale nucléaire d’Oyster Creek dans le New Jersey dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 octobre après la brusque montée des eaux provoquée par le passage de l’ouragan, a déclaré la commission de régulation du nucléaire américaine (NRC). L’organisme a affirmé qu’une nouvelle hausse du niveau de l’eau, peu probable, forcerait la plus vieille centrale en activité des Etats-Unis à utiliser ses réserves d’eau d’urgence pour refroidir les barres d’uranium combustible usées.
L’alerte est pour le moment «de niveau 2 sur une échelle d’actions qui en compte quatre», précise la NRC. La centrale d’Oyster Creek se situe à un peu moins de 100 km de Philadelphie sur la côte est américaine. La NRC souligne toutefois dans un communiqué qu’aucune centrale du nord-est des Etats-Unis n’a pour le moment été forcée de cesser ses activités:
«A 21 heures lundi, heure locale (3 heures mardi, heure de Paris) aucun réacteur n’a dû être fermé en raison de la tempête (…) Toutes les centrales restent en sécurité et sous contrôle, du matériel d’urgence a été mis à disposition et des inspecteurs de la NRC ont été déployés.»
Plus gros test depuis Fukushima
Deux réacteurs nucléaires produisant près de 50% de l’électricité de l’Etat du New Jersey avaient été menacés de fermeture un peu plus tôt en raison des vents violents de l’ouragan et de la montée des eaux, rapporte Le Monde.
Selon Reuters, le passage de l’ouragan Sandy dans le nord-est des Etats-Unis est «le plus gros test pour la préparation aux urgences de l’industrie [du nucléaire] depuis le désastre de Fukushima», dans un pays qui reste le premier producteur mondial d’énergie nucléaire devant la France et le Japon. De nombreuses centrales américaines sont soumises aux aléas environnementaux: tornades dans le Midwest, ouragans dans le golfe du Mexique et sur la côte est donc, tremblements de terre en Californie…
Le site The Daily Beast avait établi lors de Fukushima un classement des centrales américaines les plus vulnérables, en croisant des données telles que l’âge des installations, le nombre d’habitants à proximité, la probabilité d’un aléa naturel important…
Indian Point
Résultat, c’est la centrale d’Indian Point, à Buchanan (Etat de New York), qui se plaçait en tête de ce «palmarès», notamment en raison du risque d’ouragans. La centrale fait partie des neuf installations nucléaires de la côte est sous surveillance accrue de la NRC à l’occasion de l’ouragan Sandy, comme celle de Three Mile Island où a eu lieu le pire accident nucléaire de l’histoire du pays.
Indian Point se situe à moins de 60km de Manhattan. Pour comparaison, les Etats-Unis avaient conseillé à leurs ressortissants d’évacuer dans un rayon de 80km autour de la centrale de Fukushima après la catastrophe qui y a eu lieu. Peter Applebome du New York Times s’était alors demandé comment feraient les autorités américaines si elles devaient évacuer une telle zone autour d’Indian Point, où vit 6% de la population américaine, soit plus de 18 millions de personnes.
La centrale d’Indian point a dû fermer un de ses réacteurs cette nuit à cause d’un «problème sur le réseau électrique externe». Les responsables de la centrale affirmaient autour de 5h ce matin (heure française) que le niveau de l’eau n’avait pas menacé le bon fonctionnement de l’installation, et que celui-ci était en train de redescendre.
Source : http://www.slate.fr/story/64111/sandy-surete-nucleaire-fukushima