Agro-écologie : retour sur 12 ans d’expériences
Depuis 12 ans, l’INRA expérimente des techniques agro-écologiques sur 20 hectares à Epoisses, près de Dijon. Aujourd’hui, le succès est au rendez-vous.
Sur les parcelles, le blé est abondant, malgré la présence de plantes adventices dites « mauvaises herbes » (chardons, liserons, coquelicots…).
Les agriculteurs se montrent intéressés et le champ fait l’objet de nombreuses visites.
Nicolas MUNIER-JOLAIN, agronome à l’INRA, l’affirme : « Il est techniquement possible de cultiver à grande échelle nos céréales sans herbicide, ou du moins en réduisant drastiquement leur usage, avec une faible diminution des rendements à l’hectare. »
Il ne s’agit toutefois pas nécessairement d’agriculture biologique mais de « protection intégrée des cultures », qualifiée de « troisième voie entre l’agriculture intensive d’un côté, fortement consommatrice d’intrants et de pesticides, et l’agriculture biologique de l’autre, qui interdit l’usage des produits chimiques » (N. MUNIER-JOLAIN).
Différentes stratégies ont été testées sur les différentes parcelles : -50%, -70% et -100% d’herbicides, ainsi que un usage plus réduit des engrais, insecticides et fongicides dans la perspective d’une agriculture moins dépendante de ces intrants.
Le désherbage se fait au moyen d’outils mécaniques comme des herses-étrilles, des bineuses, des houes rotatives… parfois avant les semis qui sont retardés (« faux-semis »).
Les cultures se font par rotations sur plusieurs années, pour varier les compétitions entre les plantes cultivées et les « mauvaises herbes » et protéger les sols ; la culture de luzerne est particulièrement utile pour fixer l’azote de l’air et éviter les apports d’engrais.
Au bout de 12 ans, la biodiversité des sols (vers de terre, etc…) a augmenté, et le stock de « mauvaises herbes » n’est pas plus élevé qu’au début de l’expérience.
Par ailleurs, le bilan des émissions de gaz à effet de serre est neutre, la diminution du rendement est compensée par celle des coûts et le surplus de travail lié au désherbage mécanique est contrebalancé par un étalement des interventions dans l’année.
Toutefois, la généralisation de ce mode de production nécessite une valorisation économique plus grande de certaines cultures, nécessaires dans ce cadre de rotation (soja, sorgho, tournesol, luzerne, etc…).
Elle nécessite aussi un changement de culture et une certaine distanciation par rapport au « culte du rendement » qui a longtemps été professé dans les écoles.
Toutefois, M. MUNIER-JOLAIN fait savoir que, désormais, « de nombreux agriculteurs sont très sensibles à la démarche de protection intégrée, parce que celle-ci redonne un sens à leur métier ».
Sources : http://www.liberation.fr/sciences/2012/09/20/sans-herbicide-la-recolte-est-plus-belle_847703
http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=3449