Le chômage en Espagne atteint son record historique : 25%
Plus d’un quart de la population active en Espagne est désormais au chômage, un record historique qui assombrit encore les perspectives d’une sortie de la récession et alimente un malaise social grandissant.
Ces mauvaises nouvelles sur le front de l’emploi s’ajoutent à la poursuite attendue de la récession, dans laquelle l’Espagne est retombée à la fin 2011: la Banque d’Espagne prévoit pour le troisième trimestre un recul du PIB de 0,4%, alors que le gouvernement attend un repli de 1,5% sur l’année.
Afin de réduire son lourd déficit public, l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, a lancé un vaste programme de rigueur visant à récupérer 150 milliards d’euros entre 2012 et 2014, dont 39 milliards en 2013, rendant très compliqué le retour à la croissance et à l’emploi.
Les mesures annoncées incluent des hausses d’impôts, dont celle de la TVA, des coupes salariales dans la fonction publique, une baisse des indemnités chômage et des réductions budgétaires dans la santé et l’éducation.
Le mécontentement social a grandi ces derniers mois face à cette politique qui étrangle une large partie de la population. Une grève générale est annoncée pour le 14 novembre. Mais les marchés craignent que le pays ne parvienne bientôt plus à se financer seul et font pression pour qu’il demande son sauvetage en répondant à l’offre de soutien de la Banque centrale européenne (BCE).
Et déjà, le gouvernement de droite a dû admettre que son objectif de réduction du déficit public, négocié avec Bruxelles à 6,3% du PIB en 2012 après 9,4% en 2011, devrait être revu à la hausse, jusqu’à 7,4% du PIB, à cause de l’aide publique apportée aux banques. Dans ce contexte, les prévisions gouvernementales en matière d’emploi, de 24,6% à la fin de 2012, avant une légère baisse en 2013, à 24,3%, semblent d’ores et déjà dépassées.
« En théorie, après la dernière réforme du travail (adoptée par le gouvernement en début d’année), l’Espagne aurait dû croître de plus de 1,5% pour générer de l’emploi », remarque Soledad Pellon.
« Or les prévisions les plus optimistes, celles du gouvernement, prévoient un recul de l’économie espagnole de 0,5% en 2013. A un tel niveau il n’est pas possible de créer un seul emploi et qui plus est, des emplois sont encore détruits ».
« Même si la croissance revient, peut-être dans un ou deux ans, on peut s’attendre à ce que cette croissance ne génère pas beaucoup d’emploi », prédit Rafael Pampillon, professeur à l’université San Pablo Ceu de Madrid, qui préconise d’aller plus loin dans la réforme du marché du travail.
Pour Maria Angel Valls, professeur à l’Esade Business School, les effets du chômage sont d’autant plus dévastateurs qu’ils s’étendent à de nouvelles catégories de population.
« La perte d’emploi dans le secteur public et les services frappe les femmes, jusqu’à présent moins touchées que les hommes », remarque-t-elle: au troisième trimestre, 68.700 femmes ont perdu leur travail, contre 28.200 hommes.
Et lors des précédentes enquêtes, « l’emploi public compensait les chiffres négatifs du secteur privé. A présent, cet effet amortisseur disparaît ».
Des chiffres qui inquiètent
A la fin du mois de septembre, l’Espagne comptait 5.778.100 chômeurs, soit 25,02% des actifs et 85.000 de plus que le trimestre précédent (24,63%), selon l’Institut national de la statistique (Ine).
Le chômage reste dramatique chez les jeunes, malgré un léger recul, à 52,34% pour les 16-24 ans contre 53,27% à la fin juin.
Le nombre de foyers dont tous les membres actifs sont au chômage continue lui à progresser, à 1.737.900, soit un foyer espagnol sur dix.
« Ce sont des chiffres très négatifs. Nous parlons du taux de chômage le plus élevé de l’histoire de l’Espagne. Le pays bat ses propres records et c’est là peut-être la pire manifestation de la crise, » souligne Soledad Pellon, analyste chez IG Markets.
« Nous n’attendons aucune amélioration l’année prochaine », ajoute-t-elle.
Source : http://www.boursorama.com/actualites/le-chomage-en-espagne-au-seuil-historique-de-25-pas-d-eclaircie-en-vue-0d2ff05f013f0491a83fe27201658341